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LE CHATEAU DE SAINT OUEN, CADEAU ROYAL DE LOUIS XVIII A ZOE DU CAYLA
Au cours de la fête somptueuse donnée ce
2 mai 1822, Louis XVIII va offrir un magnifique présent à sa chère "amie
de coeur", la comtesse Zoé du Cayla. Ce royal cadeau, c'est le château
de Saint Ouen où, en 1814, le roi a signé la fameuse déclaration précédant son
accession au trône. Entièrement reconstruite et décorée, la nouvelle résidence
vaut bien le plus beau des joyaux.
Pour Louis XVIII, le 2 mai est une date anniversaire.
En 1814, par la Déclaration de Saint Ouen, il a posé les bases de la charte constitutionnelle
qui le lie au peuple français. L'événement a eu lieu ici même, au château de
Saint Ouen. Huit années ont passé. L'état de santé du roi s'est dégradé, et
il est sujet à des crises de goutte de plus en plus pénibles. Mais, en ce beau
jour de mai 1822, il ne veut plus penser à tous ses maux. Il désire honorer
dignement et avec élégance sa précieuse Zoé, son amie de coeur, à qui il s'apprête
à faire un royal présent. Après avoir acheté le petit château de Saint Ouen,
Louis XVIII l'a jugé trop modeste et l'a fait démolir. A la place, il a fait
bâtir un magnifique et gracieux pavillon, pour lequel il a exigé les matériaux
les plus somptueux et engagé la fine fleur des artisans et des artistes du moment. Cette
nouvelle résidence, il en a fait cadeau à sa favorite. La comtesse du Cayla
a bien de la chance. Son nouveau château est une véritable "folie"
romantique, un joyau raffiné et luxueux. Tout y a été pensé, conçu et ouvragé
dansles moindres détails : depuis les éviers en marbre jusqu'au mobilier et
aux lambris, faits du même acajou que la rampe de l'escalier d'honneur.
Ensemble, Louis XVIII et Zoé du Cayla ont décidé de la
fête qui sera donnée en l'honneur de la remise du "cadeau". Ensemble,
ils ont lancé les invitations. Car si la comtesse reçoit, personne n'ignore
que le roi sera son hôte privilégié. Ce 2 mai, une foule de diplomates, d'officiers,
de représentants du haut clergé et de la bonne noblesse se presse dans le parc
du château de Saint Ouen. Autour des deux tentes qui ont été dressées, l'une
pour le déjeuner, l'autre pour le spectacle, les invités se régalent de petits
fours et conversent avec animation. Louis XVIII est fatigué, mais il est
ravi d'être au côté de sa chère Zoé. Pendant le repas, délicieux, il a quelques
absences. Lors de la réprésentation du divertissement Le Deux Mai, composé
spécialement pour l'occasion par monsieur de Chazel, il est pourtant revigoré
par la gaîté de son hôtesse. Les festivités s'achèvent par la présentation du
portrait du souverain, exécuté par le peintre Gérard, qui trône dans la bibliothèque
du château. L'assistance l'ignore encore, mais c'est la dernière fête à laquelle
le vieux roi pourra prendre part. Désormais, il ne se montrera plus en public
que pour les cérémonies officielles et quelques réunions de son Conseil.
Mais, bien que son état de santé continue à s'aggraver,
Louis XVIII ne change rien à l'habitude qu'il a prise de voir Zoé du Cayla.
La jeune comtesse lui rend fidèlement visite aux Tuileries trois fois par semaine.
Ces jours là, le roi ne veut pas être dérangé et accorde tout son temps à "Sainte
Zoé". Le qualificatif fait sourire les mauvaises langues, qui persistent
à médire de son "amie". Pourtant, au cours des deux dernières années
de la vie du roi, elle sera la seule à lui apporter un peu de réconfort, à lui
redonner le sourire. Pour elle, Sa Majesté fait l'effort de surmonter la somnlence
qui l'accable, se lance dans des parties d'échecs et de longues conversations
amicales. Parfois, dit-on, il se plaît même à priser du tabac sur l'épaule laiteuse
de sa belle... "Ne livre plus les roses de ta bouche
aux baisers morts d'un fantôme impuissant", entonnent les chantres
de l'opposition ultra dans leurs libelles. Mais la comtesse du Cayla n'en
a cure et continue à manifester à son bienfaiteur une sollicitude et une compassion
infinies. Le comte d'Artois, le frère du roi, lui fait part de son admiration
et de son soutien : "Méprisez ce que racontent les
gens qui ne seraient méchants s'ils n'étaient encore plus fats et inconséquents;
jouissez sans crainte du noble emploi que vous avez fait des bontés et de la
confiance de mon excellent frère". C'est pour Zoé un appui de valeur.
Car, depuis que Louis XVIII, lentement emporté par la maladie, se désintéresse
chaque jour un peu plus des affaires du pays, le futur Charles X, lui, a commencé
à régner...
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