LA DUCHESSE DE BERRY COMMANDE LE SOULEVEMENT DE LA VENDEE

En avril 1832, le soulèvement fomenté par la duchesse de Berry pour détrôner Louis Philippe et le remplacer par son fils, le jeune duc Henri de Bordeaux, a échoué. De Provence l'impétueuse Marie Caroline a rejoint la Vendée. Toujours dans le dessein de restaurer l'héritier des Bourbons, elle en appelle aux chefs vendéens, qu'elle pousse à prendre les armes contre le roi. Mais l'équilibre des forces est par trop inégal, et l'insurrection vendéenne du 4 au 7 juin va être réprimée dans un bain de sang.

Le 21 mai 1832, la duchesse de Berry est arrivée incognito aux Mesliers, un château isolé au lilieu des marais et des bois du bocage vendéen. Déguisée en paysan, vêtue d'un pantalon de coutil et d'une veste usée et rapiécée, coiffée d'une perruque brune dissimulant son opulente chevelure blonde, les sourcils charbonneux, elle porte désormais le nom de "Petit Pierre". Son hôte, Monsieur de Saint André, a mis à sa disposition une chambre dotée d'une commodité indispensable quand on est traquée par toutes les polices du royaume : sous le lit de bois blanc, une trappe permet d'accéder à une cachette communiquant avec le rez-de-chaussée.

Aussitôt après avoir établi son quartier général aux Mesliers, Marie Caroline y convoque les chefs vendéens susceptibles de prendre fait et cause pour son fils, le jeune duc de Bordeaux, qu'elle veut porter sur le trône. Mais ces hobereaux, descendant des officiers qui en 1793 ont versé leur sang pour les Bourbons, n'ont pas le bel enthousiasme de la duchesse. Ils savent ne pouvoir compter que sur quelques hommes, alors que les troupes de Louis Philippe ont été envoyées en grand nombre dans la province. Ils voudraient aussi prendre le temps de préparer les opérations militaires. Mais Marie Caroline, sûre de son fait et de la victoire, n'en a cure. Le temps presse, il faut agir. Les chouans lui expliquent que les choses ont bien changé depuis 1793. Les paysans les suivront moins aisément qu'alors, car le gouvernement de Louis Philippe respecte les prêtres de l'Eglise. Les nouvelles de Paris ne sont pas meilleures. L'avocat Berryer, envoyé par le comité des partisans (composé notamment de Chateaubriand, du maréchal Victor et du chancelier Pastoret), déconseille toute action car les forces sont par trop inégales. Les troupes du roi comptent plusieurs milliers d'homme. Les chouans n'en ont pas autant à leur opposer, seulement quelques centaines.
Ce soulèvement, voulu à tout prix par la duchesse de Berry, s'annonce comme une véritable folie. Pourtant, Marie Caroline s'obstine. Elle pliade avec flamme, en appelle à la fierté, à l'honneur, à la fidélité de ses partisans. Son langage et son courage plaisent, son autorité suscite l'admiration. Mais les Vendéens hésitent encore. Leur prudence ne convainc pas la duchesse. S'il en va ainsi, "j'irai en Bretagne, où Cadoudal m'attend avec 50 000 hommes", s'exclame-t-elle. L'argument fait mouche.

Les Vendéens suivront Marie Caroline. Non sans l'avoir assurée qu'elle a été "trompée", que l'entreprise n'est pas aussi aisée qu'il y paraît. Finalement l'ordre du soulèvement est donné pour le 4 juin.
Jusqu'au 7 juin, la bataille fait rage en Vendée. Les chouans vont au sacrifice avec vaillance. Partout, ils sont massacrés en grand nombre. Le plus fort bataillon de partisans (1 500 hommes) est dispersé par trois colonnes mobiles royales. Le 7 juin, deux compagnies du 29ème régiment assiègent le manoir de La Pénissière, tenu par Auguste de La Rochejaquelein et une cinquantaine d'hommes. A un contre dix, ils résistent héroïquement, mais sont vaincus par les flammes d'un incendie allumé par l'ennemi. La Rochejaquelein et une poignée de survivants parviennent à s'enfuir et à se réfugier dans la forêt toute proche.
Cet épisode marque la fin du soulèvement vendéen, qui s'est déroulé devant l'indifférence de la population ainsi que le craignaient les chefs chouans. La guerre civile, dans les dernières décennies, a trop marqué le pays. Ici, on n'aspire plus désormais qu'à la paix. Cependant, la bravoure des défenseurs de La Pénissière va entrer dans la légende. La Rochejaquelein et ses compagnons ont sauvé l'honneur de la Vendée. Au lendemain de ce combat mémorable, la défaite est certaine, la déroute totale. Seuls quelques combattants courent encore les bois. Les "Blancs" ont perdu et les "Culottes Rouges" de Louis Philippe finissent par capturer les derniers rebelles. C'en est bel et bien fini des projets de restauration de la duchesse de Berry. Son fils ne montera pas sur le trône de France.

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