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LA DUCHESSE DE BERRY QUITTE DEFINITIVEMENT LA FRANCE
Le 9 juin 1833, la duchesse de Berry
quitte définitivement la France. Elle n'a pas réussi à mettre sur le trône son
jeune fils, le duc Henri de Bordeaux, dernier héritier des Bourbons. Humiliée
et déshonorée par Louis Philippe, qui l'a obligée à accoucher en public d'un
enfant illégitime, elle ne représente plus aucun risque politique. Vaincue,
mais enfin libre, elle va pouvoir commencer une nouvelle vie, loin des siens
et du pays qui l'avait accueillie si chaleureusement quelque dix sept auparavant.
Le 9 juin 1833, la frégate Agathe quitte le port
de Bordeaux avec à son bord Marie Caroline de Berry, que le général Bugeaud
escorte jusqu'à Palerme. Ainsi s'achève l'aenture de l'intrépide duchesse. Elle
a voulu détrôner Louis Philippe, le remplacer sur le trône de France par son
jeune fils, Henri, duc de Bordeaux et héritier légitime des Bourbons. Ele a
échoué. Ni à Paris, ni en Provence, ni en Vendée, elle n'a trouvé le soutien
espéré. Sa folle équipée s'est terminée à Nantes, le 6 novembre 1832, par son
arrestation et son emprisonnement à la prison du château. Marie Caroline
sait qu'elle a perdu. Mais, comme d'habitude, elle fait bonne figure. Dans ses
bagages, elle ramène un "colis" encombrant : une petite-fille, Anne
Marie Rosalie, née le 10 mai 1833 à la citadelle de Blaye. Cette naissance a
sonné le glas du crédit dont jouissait encore auprès des légitimistes la belle-fille
de Charles X, veuve du duc de berry, assassiné le 13 février 1820. La grossesse
de Marie Caroline a tout gâché. Déshonorée, celle-ci est désormais politiquement
inoffensive. Louis Philippe en a profité pour noircir sa si gênante cousine.
Insensible aux prières de la reine Marie Amélie, il a exploité le scandale de
"l'enfant de la honte" pendant que son gouvernement s'employait à
jeter la confusion chez les légitimistes et à ruiner tous leurs espoirs d'une
restauration des Bourbons.
La France entière a glosé sur l'identité du père de l'enfant.
Les mauvais esprits ont prétendu avec ironie qu'il s'agissait du vénérable comte
de Mesnard, le vieil écuyer qui a suivi la duchesse tout au long de son équipée.
Les plus réalistes ont penché pour Guibourg, un jeune avocat que Marie Caroline
a rencontré alors qu'elle se cachait à Nantes. Louis Philippe et ses conseillers
ont fermement invité la duchesse à se trouver un "mari de paille",
afin de sauver le peu de réputation qui lui reste. L'élu complaisant est
le comte Ettore Carlo Lucchesi Palli, d'origine napolitaine et chambellan du
roi des Deux Siciles. Marie Caroline est contrainte de signer une déclaration
attestant qu'elle l'a épousé secrètement. Voilà qui ravit Louis Philippe : la
duchesse de Berry n'est plus qu'une comtesse sans fortune! Mais le roi ne
se contente pas de cet "aveu". Pour éviter toute contreverse sur la
véracité de la naissance de l'enfant, il oblige Marie Caroline à accoucher en
public... Les légitimistes auront beau affirmer que c'est une aventurière qui
a donné le jour à la petite Anne Marie, ils ne pourront même pas sauver la face.
Ce pénible épisode permet tout de même à la duchesse de recouvrer sa liberté,
que Louis Philippe lui a promise en échange de sa déclaration de mariage.
A son arrivée à Palerme, le 5 juillet 1833, Marie Caroline
est accueillie par le comte Lucchesi Palli et par les autorités siciliennes.
Elle débarque en recevant les hommages de l'équipage de l'Agathe, auquel
elle a gracieusement fait don de vingt jours de solde. Ayant échappé à un procès
et à une condamnation à mort pour atteinte à la sûreté de l'Etat réclamée a
cor et à cri par l'opposition de gauche, elle commence une nouvelle vie. Des
manoeuvres de Louis Philippe, Marie Caroline doit chèrement payer le prix. Rayée
de la Maison de France, elle est tenue à l'écart par tous les Grands d'Europe
et restera longtemps brouillée avec Charles X, qui a été fort choqué par la
naissance "illégitime" de la petite Anne Marie. Le roi déchu en exil
refuse fermement de recevoir sa belle-fille et lui interdit également de voir
ses enfants. Malgré les interventions enflammées de l'écrivain Chateaubriand,
Marie Caroline ne peut plus veiller sur l'éducation de Marie Louise, duchesse
de Parme, âgée de quatorze ans, et d'Henri, pour qui elle s'est tant battue,
âgé de treize ans.
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