LA FRANCE DE LOUIS XVIII APPREND LA MORT DE NAPOLEON

Le 5 mai 1821, Napoléon Bonaparte s'éteint à Sainte Hélène, dans sa cinquante deuxième année. Deux mois plus tard, le 5 juillet, Paris apprend la nouvelle de la mort de l'Empereur en exil : la France de Louis XVIII est profondément émue par cette disparition. Entretenu par les vétérans de la Grande Armée, le culte de l'Aigle impérial va connaître un extraordinaire regain, tandis que les biographes, les historiens et les romantiques vont s'employer à forger le mythe d'un souverain auréolé de gloire.

Le 5 juillet 1821, Paris apprend la nouvelle de la mort de Napoléon Bonaparte. Deux mois plus tôt, le 5 mai, l'Aigle impérial a été terrassé, comme son père, par un cancer de l'estomac. Depuis 1815, et la brève épopée des Cent Jours, l'Empereur vivait, sous la surveillance de ses vainqueurs anglais, un morne exil dans l'île de Sainte Hélène, perdue au milieu de l'Atlantique sud. En France, Louis XVIII, restauré sur le trône des Bourbons, s'est efforcé de tirer un trait sur l'Empire, période à ses yeux aussi méprisable que celle de la Révolution. Lors de la déportation de Napoléon, de très nombreux pamphlets ont été publiés, contribuant à enrichir la propagande anglaise et à répandre la légende de "l'Ogre", du "Tyran cruel et dégénéré".

Mais cette opposition à l'Empereur et à l'Empire a été impuissante à éteindre le culte napoléonien. Oubliant les défaites et les souffrances, les vétérans de la Grande Armée n'ont cessé d'entretenir la flamme du souvenir du vaillant "petit caporal". Alimenté par la nouvelle de la mort de l'Empereur, ce culte va connaître un regain extraordinaire, tandis que le despote laisse la place au héros personnifiant la gloire de la France, au défenseur des conquêtes de 1789. "Peut-être il dort, ce boulet invincible / Qui fracassa vingt trônes à la fois", s'exclame le chansonnier Pierre Jean de Béranger.
Puis, c'est au tour de l'opposition libérale de s'emparer de l'image victorieuse et patriotique de l'Empereur. Dès le mois d'août, certains demandent le retour en France des cendres du héros défunt. Quantité de brochures sur ce thème paraissent, telle la Demande de translation des dépouilles mortelles de l'empereur Napoléon, qui vaut à son auteur, l'écrivain et politicien Pierre Barthélemy, d'être poursuivi devant les tribunaux. En 1822, le Testament de l'Empereur connaît un succès exceptionnel : la demande est si forte qu'il doit être réédité à dix reprises. La publication des souvenirs de Barry O'Meara, médecin de Napoléon, suscite le même engouement; tout comme les Mémoires pour servir l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Saint Hélène par Gaspard Gougaud et Charles Tristan de Montholon. Dès lors, et pendant une quinzaine d'années, on s'arrache les récits des fidèles de l'Empereur, de ses anciens compagnons, de ceux qui l'ont suivi en exil; du comte Philippe Paul de Ségur, général et historien, du cardinal Louis François de Bausset, du politicien Louis Fauvelet de Bourrienne, du maréchal Laurent de Gouvion Saint Cyr, du chirurgien militaire Dominique Jean Larrey, du mémorialiste Marco de Saint Hilaire, du général Armand Augustin de Caulincourt.

En 1823, la vogue des biographies impériales atteint des sommets avec la publication du Mémorial de Sainte Hélène, journal des faits et gestes de l'Empereur consignés au jour le jour par le comte Emmanuel de Las Cases. En 1827, la Vie de Napoléon par sir Walter Scott et Louis Bonaparte, frère cadet de lEmpereur, par une Réponse à sir Walter Scott sur son histoire de Napoléon.
Cette même année 1827, ce sont les romantiques qui s'emparent du mythe. Cinq ans après avoir commis des écrits dénigrant l'Empereur, Victor Hugo se joint au choeur des hagiographes.

"Que de fois, tu le sais, quand la nuit sous ses voiles
Fait fuir la blanche lune et trembler les étoiles,
Je viens, triste, évoquer les fastes devant moi;
Et d'un oeil enflammé dévorant ton histoire,
Prendre, convive obscur, ma part de tant de gloire,
Comme un pâtre au banquet d'un roi",

proclame-t-il dans son Ode à la colonne de la place Vendôme. C'est là, après la chute de Charles X et l'avènement de la Monarchie de Juillet, que, le 28 juillet 1833, sera placée une statue de Napoléon. Quelques années après ce glorieux prélude, François d'Orléans, prince de Joinville et fils du roi Louis Philippe, fera exhumer la dépouille de l'Empereur, dont les cendres seront rapatriées en France et les funérailles solennelles célébrées aux Invalides le 15 décembre 1840.

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