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LA FAYETTE : LA MORT D'UN HEROS
Le 20 mai 1834, La Fayette s'éteint,
victime d'une pneumonie, à l'âge de soixante seize ans. Héros de la guerre d'Indépendance
américaine, représentant de la noblesse auvergnate aux états généraux de 1789,
commandant de la Garde Nationale, député libéral ayant siégé à la Chambre sous
les Cent Jours, sous la Restauration et sous la monarchie de Juillet, le général
marquis a été le témoin privilégié des événements qui ont bouleversé la France
au cours des quarante dernières années. A ce grand homme, figure légendaire,
le pays tout entier va rendre hommage lors de funérailles solennelles.
En février 1834, le général marquis de La Fayette, député
de Seine et Marne, a pris froid, peu après avoir prononcé son dernier discours
à la Chambre. Depuis que son rhume s'est compliqué d'une bronchite, il a cédé
aux injonctions des siens, qui craignent une récidive de la tuberculose, maladie
dont il a déjà souffert quelques quarante ans auparavant. Sagement, le marquis
ne quitte plus guère son domicile du numéro 6 de la rue d'Anjou, un hôtel particulier
du XVIIIème siècle où il vit depuis sept ans. Il essaie de se ménager, consent
à moins sortir, se contentant de recevoir ses amis proches, de lire les nouvelles
du monde et d'entretenir une abondante correspondance.
Le 9 mai, La Fayette, malgré ses soixante seize ans, se
sent en pleine forme. A prendre tant de précautions et à vivre en reclus, il
finit par s'ennuyer : ce qu'il lui faut, c'est une petite sortie en voiture
pour se distraire. Mais, au retour de cette simple promenade, il est épuisé,
au bord du malaise. Le médecin diagnostique une grave pneumonie. En juillet
1832, le marquis a noté dans ses Mémoires : "Jusqu'à
mon dernier soupir, la liberté, la vraie et pure liberté, me trouvera toujours
prêt". Deux ans ont passé, et voilà que l'heure a sonné. Mais il
est en règle avec sa conscience : quelques jours auparavant, il a honoré sa
chère liberté en plaidant pour l'émancipation des Noirs en Amérique et pour
les réfugiés polonais. Le 20 mai, à quatre heures du matin, peu avant l'aube,
le vieux marquis regarde affectueusement ses enfants qui l'entourent. Il serre
contre son coeur le médaillon renfermant le doux portrait d'Adrienne, son épouse
disparue, qu'il s'apprête à rejoindre. Une demi-heure plus tard, tout est fini.
La Fayette s'est éteint, "paisiblement, pacifiquement,
librement". L'acte de décès du "sieur
Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier, marquis de La fayette, lieutenant général,
membre de la Chambre des Députés", est signé par l'adjoint au
maire du 1er arrondissement de paris, en présence de deux témoins amis du défunt,
le député Charles testut de Tracy et le maréchal de camp François Carbonnel.
Avec La Fayette, le "héros
des deux mondes" de la guerre d'Indépendance américaine, l'élu
de la noblesse de la sénéchaussée de Riom aux états généraux de 1789, le commandant
de la Garde Nationale, la France vient de perdre un de ces hommes qui ont pleinement
pris part aux événements qui ont bouleversé le pays dans les quarante dernières
années. A cette figure légendaire, le 22 mai , on fait des funérailles nationales,
grandioses et solennelles. Louis Philippe et son Gouvernement y tiennent, tant
pour honorer la mémoire du grand homme que pour endiguer les débordements populaires
que pourraient susciter les obsèques du député passé dans l'opposition! A l'église
de l'Assomption, le roi et sa famille, les membres du Parlement, les représentants
de l'armée et des grands corps de l'Etat, tout ce que Paris compte de dignitaires
et de notables assistent au service funèbre. L'émotion est unanime : cent mille
personnes défilent devant le cercueil; le clergé prie "pour
le repos du franc-maçon protecteur d'évêques"; amis et ennemis
politiques louent pareillement les qulités du disparu. Après les cérémonies
solennelles, La Fayette est inhumé, comme il l'a souhaité, dans la plus stricte
intimité à côté de sa chère Adrienne au cimetière de Picpus. C'est là que, chaque
année, lors d'une cérémonie du souvenir présidée par l'ambassadeur des Etats
Unis, est aujourd'hui encore célébrée la mémoire de "l'ami
français".
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