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LA MORT DU DUC LOUIS ANTOINE DE BOURBON
Le 3 juin 1844, à Gorizia, Louis Antoine
de Bourbon, duc d'Angoulême, succombe à la maladie à l'âge de 68 ans. C'est
dans cette petite ville, dépendant de l'Empire autrichien et situé à la frontière
de l'Italie et de la Slovénie, qu'il va être inhumé, au côté de son père, le
roi Charles X.
Louis Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême
et fils aîné de Charles X, et son épouse, Marie Thérèse Charlotte de France,
dite Madame Royale et fille de Louis XVI, vivent depuis quelque huit ans à Gorizia,
petite ville dépendant de l'Empire autrichien à la frontière de l'Italie et
de la Slovénie. Leurs exils successifs les ont conduits au château de Graffenberg,
propriété du comte Coronini Cronberg, où Charles X a rendu son âme à Dieu en
novembre 1836. Le 2 août 1830, à la suite de la Révolution de Juillet, le duc
d'Angoulême a renoncé au trône de France en faveur de son neveu, le jeune duc
Henri de Bordeaux, futur comte de Chambord. Cependant, à la mort de son père,
il a pris provisoirement le nom symbolique de "Louis XIX". "Je
prends le titre de roi, bien résolu à ne faire usage du pouvoir qu'il me donne
que pendant la durée des malheurs de la France, et à remettre à mon neveu, le
duc de Bordeaux, la couronne le jour où, par la grâce de Dieu, la monarchie
légitime sera rétablie", a-t-il écrit aux royalistes légitimistes, partisans
de la branchr aînée des Bourbons, d'une France gouvernée par Louis Philippe,
son cousin de la branche cadette des Orléans. Avec affection, le duc d'Angoulême
a veillé à l'éducation du duc de Bordeaux, fils posthume de son frère cadet,
le duc Charles Ferdinand de Berry, qu'il considère at aime comme l'enfant qu'il
n'a pas eu de son mariage avec la duchesse Marie Thérèse.
Depuis, le temps a passé et les derniers
Bourbons sont plus unis que jamais. Entre décembre 1843 et janvier 1844, l'état
de santé du duc Louis Antoine se dégrade et cause une vive inquiétude à ses
proches. Le 7 janvier, son médecin, le docteur Bougon, procède à un examen approfondi
en compagnie du professeur Jocomini, de l'université de Padoue, qui a été appelé
à la rescousse. Les deux praticiens diagnostiquent une "désorganisation
squirreuse", des désordres fonctionnels dus à une tumeur. La duchesse
Marie Thérèse, Henri de Bordeaux et sa soeur cadette, Marie Louise, se relaient
nuit et jour au chevet du malade, qui, le 21 février, est jugé perdu et reçoit
l'extrême onction de l'archevêque de Gorizia. "Nous
étions à tous moments dans la crainte de voir les affreuses douleurs cesser
tout à coup dans l'impossibilité où le malade croyait être de les supporter
plus longtemps, et le désir ardent qu'il exprimait à tous de voir cesser sa
vie avec ses maux. Une potion fortement narcotique devenue indispensable a suspendu
les douleurs et prolongé sa vie", écrit le
baron Bourlet de Saint Aubin aux royalistes de France le 23 février. Soulagé
par l'opium, qui fait cependant de moins en moins d'effet, le duc d'Angoulême
endure encore pendant des moi les souffrances provoquées par des spasmes abdominaux.
Le 3 juin 1844 au matin, le malade semble
aller mieux et demande qu'on lui apporte des journaux. Son épouse et ses neveux
en profitent pour aller se reposer. Mais, soudain, un valet de chambre en larmes
vient prévenir Madame Royale que son époux est à l'agonie. Quelques minutes
plus tard, il expire dans ses bras, à l'âge de 68 ans. Le duc de Bordeaux
fait tout pour ménager la peine de sa tante. "On
voit combien son coeur est profondément blessé par ce dernier coup qui lui enlève
celui qui l'aidait à supporter tous ses malheurs",
écrit-il. Deux jours après sa disparition, le fils de Charles X reçoit les honneurs
de la ville qui a été son dernier refuge. Le cortège funèbre, conduit par le
prince archevêque de Gorizia et par douze velets de pied, l'escorte jusqu'au
couvent franciscain de Castagnavizza. C'est là que Louis Antoine de Bourbon
est inhumé auprès de son père, Charles X, et qu'il repose encore aujourd'hui. Au
lendemain du décès de son oncle, le duc de Bordeaux supplie Madame Royale de
demeurer le "chef de la famille", un titre et une charge qui lui échoient
maintenant que, en plus d'être l'héritier du trône (il aurait pu régner sous
le nom d'Henri V), il est l'aîné des Bourbons. Il refuse par ailleurs de rejoindre
sa mère, l'aventureuse duchesse Marie Caroline de Berry, qui s'est remariée
et réclame ses enfants en Italie : pas plus que sa soeur, il ne veut vivre auprès
d'elle. Cette loyauté apaise un peu le chagrin de la duchesse Marie Thérèse.
"Mon neveu ne prend pas ostensiblement
le titre de roi qui lui appartient. Il me laisse la maîtresse de la maison et
ne veut être que mon fils", écrit-elle, émue,
à son secrétaire, le baron Charlet, le 12 juin 1844.
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