|
L'ATTENTAT DU 28 JUILLET 1835
A Paris, la chaleur se met à monter dès
les premières heures de la matinée. Cela promet une journée torride pour ce 28 juillet
1835. Louis Philippe doit célébrer l'anniversaires des journées révolutionnaires,
connues sous le nom des Trois Glorieuses, qui lui ont permis de monter sur le trône cinq
ans auparavant. Une fête populaire où le roi passera en revue la Garde nationale et
assistera au défilé.
L'ambiance est tendue dans l'entourage
royal. Tout le monde craint un attentat, après les deux tentatives ratées dont Louis
Philippe a été victime en 1832 et vit dans un climat général survolté. Les
républicains, les sociétés secrètes, les légitimistes, la presse, les caricaturistes,
tous se liguent pour comploter et prôner le pire : un régicide. La veille, 27 juillet,
Joseph Suireau, marchand boulevard Montmartre, a informé les autorités d'un bruit qui
court dans le quartier. Une machine infernale serait placée près du Théâtre de
l'Ambigu. Les policiers ont fouillé sans succès le périmètre du boulevard Saint Martin
où se trouve le théâtre. Mais aucun des fins limiers du préfet Gisquet n'a pensé à
l'ancien Ambigu, boulevard du Temple, désaffecté depuis un incendie, en 1827. Le
ministre de l'Intérieur, Adolphe Thiers n'a eu vent de cette menace imprécise qu'au
matin. Il s'est précipité aux Tuileries pour avertir les fils du roi, sur le départ.
Ils hésitent à annuler les cérémonies. Louis Philippe, consulté, refuse de reculer.
Le cortège quitte le palais à 9 heures,
comme prévu. Le roi chevauche devant, avec ses trois fils, le prince de Joinville et les ducs
d'Orléans et de Nemours, l'entourant pour le protéger.Ils sont suivis par Thiers, le
maréchal Mortier, ministre de la Guerre, le duc de Broglie, l'état major et les aides de
camp. Le cortège avance au milieu d'une foule dense mais curieusement froide, en dehors
de vivats sporadiques. A midi, il a dépassé la zone suspecte devant l'Ambigu. Quittant
le boulevard Saint Martin, il s'engage sur celui du Temple. Une légion de la Garde fait
la haie. Soudain, au niveau de l'ex Ambigu, en face du café du Jardin turc, d'une
fenêtre fermée d'une persienne, sort une boule de feu, comme une décharge de
mitraillette. Le lieutenant de la Garde tombe, mort, juste derrière le roi. Celui-ci se
tient le bras gauche. Joinville et ses frères l'entraînent hors du chaos qui a suivi
l'explosion. Louis Philippe n'a que des blessures de balles légères au coude et au
front. Son cheval a été touché à l'encolure. D'abord étourdi, le souverain de 62 ans
récupère avec sa robustesse coutumière et s'écrie : "Allons,
il faut continuer, marchons!"
Autour de lui, c'est la ruée. Louis
Philippe, par son courage, déchaîne l'allégresse populaire. Tandis qu'on emporte les
victimes, qu'on enlève les chevaux morts, le cortège royal repart sous les hourras des
badauds et des gardes nationaux. Il ne reste bientôt qu'une mare de sang devant le
théâtre vide. L'attentat a tué et blessé 42 personnes, des femmes, des enfants, le
maréchal Mortier, un général. De Broglie doit la vie à sa plaque de Légion d'honneur
placée sur son coeur, qui a arrêté une balle. Quant à l'assassin, blessé lui
aussi par son engin destructeur, il a pu être aussitôt appréhendé par les gardes. Le
roi et ses fils s'arrêtent aux Tuileries. La reine Marie Amélie et ses trois filles
défaillent devant leurs uniformes ensanglantés. Elles essaient sans résultat de les
empêcher de se rendre au défilé de la place Vendôme. Louis Philippe tient à suivre le
programme de la journée. Il reste deux heures, stoïque, sous le soleil, savourant sa
victoire. Finalement ce 28 juillet 1835 a du bon : il lui a fait retrouver la faveur du
peuple.
Le plus de la fiche
© 2001-2003 cliannaz@noos.fr
|