|
NAISSANCE DE LA BELGIQUE
Le XIXème siècle est le siècle des nations.
En Europe, les peuples se réveillent et secouent le joug des empires. Ainsi
les Belges, qui après avoir repoussé les Hollandais jusqu'à l'ancienne frontière
des Pays Bas autrichiens, proclament leur indépendance le 4 octobre 1830. Mais
la situation du pays reste fragile et la France n'y est pas indifférente.
Le 4 octobre 1830, la Belgique a proclamé son indépendance.
Un mois plus tard, un congrès national a été chargé de lui donner une Constitution.
Talleyrand, ambassadeur de France à Londres, veille à ce que ces événements,
en apparence d'intérêt "local", ne déclenchent pas une guerre européenne.
La Russie et la Prusse s'apprêtant à apporter leur aide à la Hollande, il obtient
que les préparatifs militaires soient suspendus et qu'une conférence se réunisse
à Londres, le 4 novembre. La conférence admet immédiatement que l'union de la
Belgique et de la Hollande peut être remise en question et notifie au roi Guillaume
1er de Hollande la non-assistance militaire. Pendant ce temps, le 22 novembre,
le Congrès national belge décide de se doter d'une monarchie constitutionnelle
et en exclut d'office tous les membres de la famille d'Orange Nassau, déjà sur
le trône de Hollande, une solution pourtant envisagée par la conférence de Londres.
Celui que les Belges veulent pour roi, c'est le duc de
Nemours, le deuxième fils de Louis Philippe. Le roi des Français, attaché à
une politique extérieure pacifique, craint qu'une acceptation ne passe aux yeux
de l'Europe pour une velléité d'annexion de la Belgique et ne déclenche une
guerre générale. Aussi, le 2 janvier 1831, refuse-t-il la proposition. Mais,
le 3 février, le Congrès belge vote pour le duc de Nemours! Celui-ci est élu
au second tour par 97 voix contre 74 au duc de Lichtenberg, fils d'Eugène de
Beauharnais, un bonapartiste. Le 17 février, Louis Philippe reçoit au Palais
Royal une députation belge, à laquelle il réitère son refus en invoquant les
inrérêts du nouvel Etat. C'est que, entre-temps, l'Angleterre a protesté et
la conférence de Londres a reconnu la séparation de la Belgique et de la Hollande.
Le protocole international du 20 janvier a proclamé la neutralité de la Belgique,
qui doit renoncer à la Flandre zélandaise, au Limbourg hollandais et au Luxembourg. Le
7 février, alors que des troubles commencent à éclater dans le pays, le Congrès
belge vote une Constitution et se cherche un souverain apte à se faire respecter
de l'étranger. Le 4 juin, il désigne Léopold de Saxe Cobourg. En France, ce
prince anglais, qui a depuis toujours la faveur de la conférence de Londres
et celle de Talleyrand, n'est absolument pas du goût de l'opposition à la Chambre.
Dans un virulent discours, le général Lamarque prédit que la venue de cet Anglais
à Bruxelles entraînera trois siècles de guerre. Mais si la France intervient
militairement chez son nouveau voisin dès le mois d'août, c'est pour de tout
autres raisons.
Le 2 août, le commandant de la citadelle d'Anvers, restée
aux mains des Hollandais, dénonce la suspension d'armes conclue en novembre
précédent et fixe la reprise des hostilités deux jours plus tard. Son pays ne
possédant que deux armées un peu improvisées et fortes de seulement 23 000 hommes,
Léopold 1er appelle à son secours la France et l'Angleterre. Sans consulter
les autres puissances, le président du Conseil Casimir Perier prend la responsabilité
de faire entrer le maréchal Gérard en Belgique avec 50 000 hommes. Il faut faire
vite! Car les armées belges sont complètement défaites, celle de la Meuse, le
8 août, celle de l'Escaut, le 12... La "campagne des dix jours"
est un véritable Blitzkrieg! Ce même 12 août, les troupes françaises, accueillies
avec joie par Léopold 1er, atteignent Bruxelles, mettant ainsi la capitale à
l'abri de toute surprise. Sous la pression de la France, les Hollandais se replient
sur l'ancienne ligne d'armistice. Mais cette manoeuvre hardie dont Perier
a pris le risque est loin de plaire à toute l'Europe, et il faut parlementer
de nouveau. Le 14 octobre, la conférence de Londres impose aux Belges le traité
dit des "XXIV Articles" : tout le Limbourg va à la Hollande;
la partie germanique du Luxembourg reste à Guillaume 1er comme grand duché à
titre personnel; la Belgique doit verser à la Hollande une lourde annuité. Si
Léopold 1er accepte cet accord, Guillaume 1er s'y oppose. Le confit ne sera
définitivement résolu que le 19 avril 1839 par le traité de Londres. La France,
qui n'a rien demandé pour prix de ses services, retire de l'affaire un avantage
inestimable : il est convenu que Léopold 1er épousera la princesse Louise d'Orléans,
fille aînée de Louis Philippe. Ce mariage, célébré le 9 août 1832, contribuera
à assurer la sécurité de la frontière du Nord.
Le plus de la fiche
Retour Louis Philippe,
chef d'Etat
© 2003 cliannaz@noos.fr
|