UNE FUITE ROCAMBOLESQUE

Le 25 février 1848, la République a été proclamée. La Monarchie de Juillet a vécu et Louis Philippe s'est résolu à quitter la France. Ce n'est qu'au terme de maintes péripéties que le roi et la reine Marie Amélie vont atteindre la côte normande. Mais, de Honfleur à Trouville et au Havre, il leur faudra encore trouver un capitaine de navire qui accepte de les conduire jusqu'en Angleterre.

Le 24 février 1848, Louis Philippe a abdiqué en faveur de son petit fils, le comte de Paris, que la duchesse d'Orléans, sa mère, n'a pu faire accepter par la Chambre des députés, envahie par le peuple. Le lendemain, la République a été proclamée. C'en est bel et bien fini de la Monarchie de Juillet. Désormais, le souverain déchu ne pense plus qu'à mettre les siens en sécurité et à quitter le pays. Le roi et la reine ont fui Paris, alors que le peuple en colère mettait à sac le Palais Royal, les Tuileries et le château de Neuilly. Après avoir gagné Saint Cloud, ils se sont réfugiés à Dreux. Tout au long de la journée du 25 dévrier, l'angoisse les étreint.

Dans la chapelle Saint Louis, Marie Amélie prie pour le salut de ses enfants et petits enfants. Avec l'aide du général Dumas, commandant de son escorte, Louis Philippe met au point leur départ pour l'Angleterre. Grâce aux faux passeports fournis par le sous-préfet Maréchal, les souverains voyageront sous l'identité de "monsieur et madame Lebrun". Mais il reste à trouver une halte d'où ils pourront se lancer à la recherche d'un embarquement : ce sera, près de Honfleur, la maison de monsieur de Perthuis, gendre du général Dumas. Avant de partir, le roi tente de se rendre moins reconnaissable. Il troque sa dernière coquetterie, son célèbre toupet de faux cheveux, contre un bonnet noir et complète son déguisement en chaussant une paire de lunettes.
La berline du "couple Lebrun" quitte Dreux le 26 février au petit matin par un froid glacial. Un valet, Thuret, et une femme de chambre, Maria, sont également du voyage, ainsi que le sous-préfet Maréchal et le général de Rumigny, fidèle aide de camp du roi. Par des chemins détournés, la voiture gagne Anet, où la population lui réserve un accueil chaleureux. Mais le temps presse, et les souverains n'ont guère le loisir de s'attendrir sur cet hommage inattendu. Après avoir évité Evreux et Pacy sur Eure, ouvertement hostiles à la monarchie, les fugitifs atteignent La Roche Saint André. Au relais de poste, un quidam reconnaît Louis Philippe. Il faut repartir au plus vite!

Au soir, les voyageurs sont reçus par le fermier Renard au château de Melleville, propriété de monsieur d'Orvilliers, ancien agent de la forêt de Breteuil. Lors de cette halte bienvenue, Louis Philippe juge plus prudent de scinder le groupe pour la centaine de kilomètres qui reste à parcourir. La reine, sa femme de chambre et le général de Rumigny prendront la berline. Le roi et son valet auront recours aux bons services du fermier Renard et de son cabriolet. A trois heures du matin, les deux équipages se rejoignent à Pont Audemer. Le 27 février à l'aube, ils atteignent enfin la côte de Grâce et le pavillon de monsieur Perthuis. Il ne reste plus qu'à trouver un capitaine de navire qui accepte de conduire le couple royal en Angleterre...
Ignorant les intentions de son Gouvernement et ne voulant pas se compromettre, le capitaine anglais du paquebot Express refuse d'embarquer les fugitifs. Dans la nuit du 27 au 28 février, un certain Hallot, un ancien soldat resté dévoué au prince de Joinville, le troisième fils de Louis Philippe, affirme avoir trouvé un bateau qui, moyennant le paiement de 3 000 francs, assurera la traversée depuis Trouville. Les souverains se mettent donc en route pour Trouville, où ils apprennent que le marché a été rompu. Le 1er mars, après avoir failli être capturés, sur les huit heures du matin, ils sont de retour sur la côte de Grâce. Le lendemain, grâce à l'intervention du vice consul d'Angleterre au Havre, Louis Philippe et la reine Marie Amélie peuvent, enfin, embarquer à bord de l'Express.

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