LOUIS PHILIPPE, L'EMIGRE ROYAL

Il a 20 ans. Il est général et duc de Chartres. En ce printemps 1793, le futur Louis Philippe est déchiré. Il a vu son père, Philippe Egalité, voter la mort de Louis XVI. La Convention vient de le mettre hors la loi : il a adhéré au complot du général Dumouriez pour restaurer la monarchie. Sa famille est arrêtée. Il fuit, prenant le chemin d'un exil qui, de la Belgique aux Amériques, le verra éloigné de la France pendant 21 ans.

Le périple de Louis Philippe commence à Mons, en Belgique. Suivent, Aix la Chapelle, Cologne, Coblence. Il se rend vite compte que s'il est haï par la Révolution, l'émigration le rejette également pour trahison. Il a quitté son pays, mais il doit aussi éviter ceux de son milieu, qui jalonnent l'Europe. Avec son valet, Baudoin, il erre d'abord dans les Alpes suisses avant de repartir à nouveau, déclaré indésirable par les autorités prorépublicaines. Abris de fortune, granges ou grottes deviennent le lot des deux compagnons. Louis Philippe s'accommode de son sort. Sa résistance naturelle, alliée à cette prudence qui le caractérise, représente un atout.

Un jour, alors que son maigre pécule s'épuise. Le marquis de Montesquiou lui trouve un emploi stable. Il sera le professeur Chabos, à la pension de Mr. Jost à Reichenau. Logé, nourri, payé 1 400 francs par an, Chabos enseigne les langues vivantes, le dessin, l'histoire et les mathématiques. Là, en novembre 1793, il apprend, anéanti, culpabilisé, la triste fin du duc d'Orléans, son père. Ce "Philippe Egalité" qui a osé voter la mort du roi vient de passer à son tour sur l'échafaud, suspecté par ses anciens amis révolutionnaires. Louis Philippe devient le nouveau duc d'Orléans dans la clandestinité. Ayant engrossé la cuisinière du pensionnat, il est obligé de fuir encore dans l'opprobre. On le retrouve ensuite entre Bremgarten et Hambourg en compagnie de madame de Flahaut, une ancienne maîtresse de Talleyrand, dont la trentaine l'inspire. Ensemble, ils visitent la Scandinavie, mais se quittent en chemin. Voilà le duc seul en Laponie, vers le Cap Nord. Il revient en Allemagne, via la Finlande. En France, il y a un nouveau prétendant au trône : après la mort du jeune Louis XVII, c'est le duc de Provence, Louis XVIII. Celui ci décide de neutraliser ce "petit Orléans" menaçant en lui dépêchant un négociateur. Louis Philippe refuse de s'allier aux émigrés pour combattre sa patrie. Cette dernière s'est tempérée, passant de la Terreur au Directoire. On autorise sa famille à s'en aller.

En octobre 1796, Louis Philippe débarque à Philadelphie, suivi un an plus tard par ses frères, les ducs de Beaujolais et Montpensier, très éprouvés par trois ans de détention à Marseille. Grâce à un prêt de 4 000 dollars du gouverneur Morris, ils voyagent à Baltimore, Boston, New York... Leur mère, vivant en Espagne, les trois Orléans gagnent Cuba pour obtenir des passeports afin de la rejoindre. Expulsés, ils repartent vers l'Angleterre. Là, une Cour hospitalière et une pension substantielle les y attendent. Pendant que Bonaparte devient Napoléon, Louis Philippe flirte avec la princesse Elizabeth. Mais son frère Montpensier succombe à la phtisie. Pour sauver Beaujolais, atteint aussi, il l'emmène à Malte où il meurt 2 mois après. Louis Philippe reste seul désormais.

A 34 ans, Louis Philippe ressent le besoin de fonder une famille. Parmi toutes les princesses possibles, Marie Amélie semble parfaite. Fille de Ferdinand 1er, roi des Deux Siciles, et de Marie Caroline, sour de Marie Antoinette, cette Bourbon Habsbourg lavera la tache "Egalité" des Orléans. Il part à Palerme faire sa demande. Malgré les réticences parentales (sa fortune et son honneur royaliste restent à reconquérir) il gagne. Marie Amélie, qui a déjà 26 ans, tombe amoureuse du séducteur itinérant. Pas très belle, mais élancée, calme, cultivée, elle a "un air souverain".
Le mariage a lieu en novembre 1809, en présence de sa mère et d'Adélaïde, sour du marié. Sitôt marié, il repart guerroyer en Espagne contre Napoléon au côté des Anglais, laissant Marie Amélie enceinte (ce sera un fils, Ferdinand, le futur duc de Chartres). Il revient en France en 1814 après vingt et un ans d'exil.

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