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LA TRAHISON DE NEERWINDEN
A
la mort de Louis XVI, le jeune Louis Philippe a perdu ses illusions. En bon
officier, il a cependant rejoint l'armée du Nord, commandée par
le général Dumouriez. En mars 1793, défaite par les Autrichiens
à Neerwinden, la France révolutionnaire va devoir renoncer à
la Belgique. Louis Philippe pris dans la tourmente des événements
est contraint de s'exiler.
En 1789, Louis Philippe, duc de Chartres, entraîné
par la générosité de ses seize ans et par son père,
le duc d'Orléans Philippe Egalité, s'est déclaré
pour les idées nouvelles. Il a prêté le serment patriotique,
suivi les séances du club des Jacobins. Après que la guerre a
été déclarée à l'Autriche, en avril 1792,
il a rejoint l'armée du Nord et combattu au côté du général
Dumouriez. Tout a basculé lorsque la Convention s'est apprêtée
à juger Louis XVI. Louis Philippe a supplié son père de
rester à l'écart. Mais Philippe Egalité a voté la
mort de son cousin. Le 21 janvier 1793, la tête du roi est tombée.
Pour le duc de Chartres, "il est impossible désormais de faire cause
commune avec la Convention". Et c'est sans illusions qu'il a rejoint ses
troupes à Liège et s'est préparé à investir
Maastricht, sous le commandement du général de Miranda.
Le 1er février 1793, les Anglais, inquiets devant l'invasion de la Belgique,
ont déclaré la guerre à la France. De plus, depuis la mort
du roi, l'agitation a gagné l'armée révolutionnaire, mal
nourrie et mal équipée. Le 2 mars, le général Dumouriez
n'a pu s'opposer aux troupes du prince Frédéric de Saxe Cobourg,
a renoncé à conquérir la Hollande et s'est replié
sur Bruxelles tandis que les Anglais faisaient leur jonction avec les Hollandais.
Le 15 mars, pour tenter de garder ses positions en Belgique,
Dumouriez se décide à hasarder une contre-attaque à Neerwinden.
Il y fait des prodiges de valeur, se bat comme un beau diable pendant qu'un
cheval est tué sous lui. Ce qui n'empêche pas la bataille de tourner
au désastre. Chartres, qui, lui aussi, a courageusement combattu, est
obligé de reculer pour regrouper ses divisions à Tirlemont.
Effrayée par les nouvelles du front du Nord, la Convention envoie Danton
inspecter les troupes. Celui-ci les trouve lasses, remontées contre l'Assemblée,
qui n'a pu leur accorder ni renfort ni équipement supplémentaires.
Surtout, il se prend à douter de la fidélité de Dumouriez.
Quant à Chartres, depuis la mort du roi, il est lui aussi suspect.
Les doutes de Danton ne sont pas sans fondement. Le général ne
croit pas à la République. Dans l'espoir de renverser la Convention
et de restaurer la Constitution de 1791, qui établit une monarchie constitutionnelle,
il médite une marche sur Paris, avec l'appui d'une armée qu'il
croit dévouée à sa cause. Pour que ses hommes puissent
faire retraite sans crainte d'être attaqués, il conclut un arrangement
avec le colonel autrichien Mack. Avec le prince de Saxe Cobourg, il passe un
accord et lui expose son projet en précisant que les forces autrichiennes
devront rester en réserve, au-delà des frontières. Lorsqu'il
l'informe de ces dispositions, Chartres écoute, mais ne peut douter de
l'acte, à la limite de la trahison. Peut-être le général
a-t-il envisagé de lui confier la régence!
Le 31 mars, Dumouriez est convoqué à Lille
pour s'expliquer devant les commissaires de la Convention, emmenés par
le maréchal de Beurnonville. Estimant que son arrestation est certaine
et qu'il finira à la guillotine, il fait arrêter Beurnonville et
ses quatre compagnons et les livre aux Autrichiens.
Chartres est épouvanté par cette audace qui aura, dit-il, un effet
désastreux sur l'armée. De fait, une partie des troupes se rallie
à la Convention, et seules quelques centaines d'hommes suivent le général.
Pour Louis Philippe, les choses se compliquent. Dès qu'elle a appris
le défection de Dumouriez, la Convention a donné l'ordre d'arrêter
le duc de Chartres, puis rédigé un décret selon lequel
"tous les individus de la famille Bourbon seront
mis en arrestation". Philippe Egalité, moins de trois mois
après son vote régicide, est appréhendé avec son
plus jeune fils, le comte de Beaujolais. Après l'arrestation des commissaires
de la République, Chartres et Dumouriez ont pris la route de Condé.
Soudain, un officier vient les prévenir : "Sauvez
vous au plus vite ou vous êtes perdus. La garnison de Condé a décidé
de vous livrer à la Convention, morts ou vifs". Déjà,
des soldats leur barrent la route, ils sautent un fossé, s'élancent
à travers champs, franchissent l'Escaut et, le 5 avril, rejoignent enfin
le quartier général du prince de Saxe Cobourg à Mons.
Après avoir refusé d'entrer dans l'armée autrichienne
pour ne pas avoir à combattre contre son pays, le duc de
Chartres va chercher asile en Suisse. Commencent alors vint et une
longues années d'exil.
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Louis Philippe, sa Vie
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