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VISITE DE LOUIS PHILIPPE A LA REINE VICTORIA
Les relations entre la France et l'Angleterre
sont émaillées de différends économiques et pilitiques qui sont autant de menaces
pour l'Entente cordiale. En octobre 1844, soucieux de maintenir de bonnes relations
entre les deux pays, Louis Philippe profite d'une période de relatif apaisement
pour se rendre Outre Manche. Chaleureusement reçu par la reine Victoria, il
reviendra fort satisfait de son séjour.
Contrairement à la majorité des Français,
François Guizot considère qu'il est primordial d'entretenir de bonnes relations
avec l'Angleterre. Depuis que, en 1840, Louis Philippe l'a reppelé de Londres,
où il était ambassadeur de France, pour lui confier le portefeuille des Affaires
Etrangères, il n'a cessé d'oeuvrer pour apaiser les incessantes querelles entre
les deux pays et a été l'artisan de l'Entente Cordiale. Cependant, malgré le
règlement de la question d'Orient et le retour de la France dans le concert
des nations européennes, sa politique de réconciliation avec la Perfide Albion
se heurte à la vive anglophobie de l'opinion publique.
Au cours de l'été 1843, la reine Victoria
a été reçue par le roi des Français au château d'Eu. Si les relations privées
sont au beau fixe, les deux souverains étant unis par de solides liens familiaux
(par l'intermédiaire du roi des Belges Léopold, oncle de la reine et du prince
Albert, et gendre de Louis Philippe), les différends, tant économiques que diplomatiques,
entre les deux Etats ne sont pas aplanis pour autant. Comme son ministre Guizot,
le roi souhaite l'apaisement et entend contribuer à la pérennité et à l'affermissement
de l'Entente Cordiale. En septembre 1844, la querelle à propos de l'affaire
Pritchard et de Tahiti, "cette pincée de grains de tabac au milieu de l'océan",
s'est apaisée. Dans le même temps, la France a conclu la paix avec le Maroc,
où l'Angleterre craignait qu'elle ne s'installe après avoir colonisé l'Algérie.
Les circonstances semblent donc favorables pour que Louis Philippe puisse honorer
l'invitation que Victoria lui a lancée en juillet et traverser la Manche à son
tour. "Je vais aller en Angleterre.
J'y serai très bien reçu. Je parle anglais. Entre nous, je n'ai qu'une chose
à craindre en allant en Angleterre, c'est le trop bon accueil. De la popularité
là-bas me ferait de l'impopularité ici. Cependant, il y a une autre difficulté.
Il ne faut pas non plus que je me fasse mal recevoir. Mal reçu la-bas, raillé
ici. Oh! Ce n'est pas facile de se mouvoir quand on est Louis Philippe!"
confie ironiquement le souverain à Victor Hugo.
Si Victoria est venue à Eu en famille,
Louis Philippe, lui, laisse la reine Marie Amélie et les siens en France. Il
n'est accompagné que du dernier de ses fils, le duc de Montpensier, et du fidèle
et indispensable Guizot. Le 7 octobre, le roi embarque à bord du streamer
Gomer, yacht à voile et à vapeur aquipé d'un puissant moteur de 450 chevaux.
Le lendemain, après une traversée agréable et sans incident, il est accueilli
à Portsmouth par le prince Albert, l'époux de la reine. Il gagne ensuite Londres
en profitant pleinement d'un instructif voyage en chemin de fer. Puis, après
avoir poliment décliné l'invitation du lord maire, il se rend au château de
Windsor, la résidence de Victoria, située à quelques milomètres à l'ouest de
la capitale, où il reçoit un accueil chaleureux. Du 8 au 14 octobre, banquets
et réceptions se succèdent comme l'ont ptévu Guizot, grand ordonnateur des cérémonies,
et son homologue le comte George d'Aberdeen, ministre anglais des Affaires Etrangères..
Chacun fait montre de bonne humeur et de bonne volonté, souligne dans ses discours
son désir de voir la paix et la concorde régner entre les deux pays. Profitant
des derniers beaux jours, les souverains se rendent en excursion à Wimbledon,
à Eton, à Woolwich et à Twickenham, où Louis Philippe a habité lors de son exil
après la Révolution. Cerise sur le gâteau, le roi des Français a le plaisir
d'être fait chevalier de la Jarretière par Victoria. Et c'est enchanté de son
séjour que, le 15 octobre, il reprend le chemin de son pays.
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Louis Philippe, chef d'Etat
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