LE COMTE D'ARTOIS TOMBE EPERDUMENT AMOUREUX DE LOUISE DE POLASTRON

Louise a seize ans, des yeux d'un bleu pâle, des cheveux à la blondeur cendrée. De cette douce et prude femme, qu'il a rencontrée en 1780 dans l'entourage de sa belle-soeur la reine Marie Antoinette, le comte d'Artois est aussitôt tombé éperdument amoureux. Au point qu'il a décidé de mettre un terme à ses frasques et à renoncer à ses si nombreuses "amies" d'un jour.

A vingt trois ans, le comte d'Artois, le futur Charles X, est un noceur impénitent. Même les plus mauvaises langues de la Cour ne parviennent plus à tenir le compte exact de ses aventures légères. Le jeune frère de Sa Majesté Louis XVI est jeune, beau, et princièrement riche; il a, selon le mot de l'écrivain Alphonse de Lamartine, "l'esprit de la race française, superficiel, rapide, spontané, le sourire bienveillant et communicatif, le regard ouvert, la main tendue". Contrairement à ses frères, le roi et le comte de Provence, le futur Louis XVIII, Charles Philippe a hérité du charme de son aïeul, le "bien aimé" Louis XV.
La jeune Louise de Polastron, dans la grâce innocente de ses seize ans, n'a rien de commun avec ce prince réputé fol et débauché. Née Louise d'Esparbès en 1764, elle a été élevée à l'abbaye de Panthémont, où sont éduquées les filles de la bonne société. C'est dans ce lieu dédié à la prière et au recueillement, qu'elle a croisé son destin en la personne d'une de ses condisciples, Yolande de Polastron. Depuis lors, celle-ci est devenue comtesse de Polignac et la chère favorite de Marie Antoinette. En 1780, elle a orchestré le mariage de son amie de couvent avec son demi-frère, le vicomte Adhémar de Polastron. Et, grâce à l'entregent de sa nouvelle belle-soeur, la jeune Louise a été acceptée dans l'entourage de la reine. Il suffit désormais d'une rencontre dans l'atmosphère raffinée et joyeuse de Trianon, dont le comte d'Artois est un familier, pour que l'histoire d'amour puisse commencer.

Louise est sage et douce. Charles Philippe, fougueux et impatient, est irrémédiablement attiré par ce caractère si dissemblable au sien. Marie Antoinette, elle aussi, s'est toquée de la charmante madame de Polastron, dont elle a fait l'une des vedettes de sa troupe de théâtre, où officie également Artois. Louise et Charles Philippe se voient souvent, se sourient, jouent ensemble, se donnent gaiement la réplique. Mais, quand ils ont quitté la scène, si l'ardent jeune prince veut se permettre des privautés avec elle, Louise s'effarouche.
Peu après son mariage, Louise, de frêle constitution, tombe malade. La reine lui rend visite, accompagné de son beau-frère préféré. Peu à peu, le comte d'Artois vient prendre seul des nouvelles de la belle malade. Celle-ci est attirée, mais ne consent à donner que son amitié. A son amie, la marquise Stéphanie de Lage de Volude, elle ouvre son coeur : "Monsieur le comte d'Artois est fort bien à présent, c'est à dire mieux, car il y a des moments où il voudrait reprendre ses anciennes manières, mais il doit savoir que cela ne me plaît nullement. J'avoue que je le trouve fort aimable. Mais je serais au désespoir s'il avait lui-même pour moi autre chose que de l'amitié".

Cette attitude, aussi romanesque que digne et modeste, fait fondre le comte d'Artois. Il s'incline, se prosterne devant Louise : "Vous m'en imposez Madame. Et je ne me sens plus le même lorsque je suis auprès de vous". Quand, un jour, la belle se plaint d'un cadeau de 2 000 louis qu'elle juge trop somptueux de la part d'un prince. Charles Philippe est définitivement conquis. Pour ses amies légères, actrices ou boutiquières, il a fait des folies, dépensé des fortunes sans sourciller. Il sait aujourd'hui que ses amours avec Louise de Polastron seront uniques. Et il ne se trompe pas : leur histoire durera plus de vingt ans!
Si, par sa douceur, la jeune femme a dompté la passion de l'amant, pour l'instant il s'agit tout de même de conclure. Selon certains, Louise de Polastron serait tombée dans les bras du comte d'Artois, dès 1780. Pour d'autres, seulement en 1783. Quoi qu'il en soit, les jeunes gens s'aiment ouvertement, dans le respect toutefois des convenances. Car, même adultère, Louise veut rester respectable et en paix avec sa conscience. Charles Philippe et elle sont tous les deux mariés et, même s'ils entretiennent avec leurs conjoints respectifs des relations distantes, ils ont eu des enfants de leurs unions légitimes. En 1785, Louise donne un fils à Adhémar de Polastron, qui ferme les yeux sur les écarts de sa femme tout en vaquant à sa carrière militaire.

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