UN DRAME ET UN TRIOMPHE

Le 18 juin 1840, Verdi a perdu sa première épouse : son amour de jeunesse, sa chère Margherita, a succombé à une encéphalite. Eperdu de douleur, il n'a plus guère de goût à l'existence, d'autant que le 5 septembre sa dernière création, Un jour de règne, a été un fiasco. Un soir de décembre, il rencontre l'impresario Giovanni Mennelli qui lui confie ses démêlés avec le compositeur Otto Nicolai, à qui il a commandé un opéra : il a désespérément besoin d'une musique, et Verdi doit renflouer d'urgence ses finances; pourquoi ne feraient-ils pas affaire ensemble? Et il force presque le musicie à emporter le livret écrit par Temistocle Solera. Rentré chez lui, Verdi jette le manuscrit sur sa table de travail. L'ouvrage s'ouvre à la page du début du choeur des Hébreux captifs sous le joug de Babylone... Le compositeur a relu récemment ce passage de la Bible et y songe toute la nuit. Plus tard, il racontera que le fameux Choeur des Esclaves a immédiatement résonné dans sa tête comme faisant écho à l'intolérable disparition de Margherita. Le lendemain matin, il griffonne quelques notes sous un vers, ébauche une phrase mélodique, envisage de faire apporter quelques modifications au livret. Un an plus tard, Nabuchodonosor, l'opéra qui fera sa gloire sous le titre abrégé de Nabucco, est terminé.

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