LA III EME REPUBLIQUE :
1870-1914

Pages mises à jour au 26/06/2003

Discrédité par la défaite militaire, le Second Empire s'est écroulé. Bismarck s'attend à l'effondrement du pays : il se trompe. La jeune république proclamée le 4 septembre 1870 refuse de se mettre à genoux ; mais l'héroïsme des combattants, comme celui des Parisiens assiégés, demeure vain : il n'aboutit qu'à la conclusion d'un traité désastreux, imposé par les vainqueurs. Hélas, la guerre civile succède à la guerre étrangère : la Commune s'est installée à Paris et les Français vont s'entre-tuer, sous l'oil des occupants, au cours de l'affreuse "semaine sanglante". La terrible répression des "versaillais" anéantit pour longtemps le socialisme en France.
Les débuts de la III ème République seront difficiles. En 80 ans, de 1791 à 1871, onze régimes se sont succédés dans notre pays. Peut-on enfin espérer toucher au port? Sous la direction de Thiers, la France commence par panser ses plaies, le territoire est libéré, les finances et l'administration s'organisent. Les royalistes comptent bien réussir à rétablir la monarchie, mais l'intransigeance du comte de Chambord empêche une restauration. Il ne leur reste qu'à accepter des lois constitutionnelles qui, pensent-ils, pourront facilement être réformées. Mais, grâce à l'amendement Wallon, la République "entre sur la pointe des pieds" en France. Une nouvelle crise, celle du
"16 mai", contribuera à établir de façon définitive le régime parlementaire.
De la
"république des ducs" la France est passée à la "république des républicains". Radicaux et opportunistes s'entendent, malgré leurs divergences d'idées, pour réaliser certains points d'un programme commun. L'époque est marquée par les premières mesures de laïcité, par la réforme de l'enseignement et par une grande politique d'expansion coloniale.
La plus grande faiblesse de la IIIème République est l'instabilité ministérielle (entre 1871 et 1914, on verra défiler 55 ministères). Les difficultés économiques et sociales augmentant, les crises deviennent plus fréquentes. Le scandale des décorations, en éclaboussant l'Elysée, déconsidère gravement le régime. Quelques mois plus tard, il s'en faut de peu que l'affaire Boulanger ne fasse sombrer la République. L'engouement des foules pour le
"général Revanche" passe heureusement aussi vite qu'il est né. Bientôt le "ralliement" amène au gouvernement républicain l'appui des catholiques jusqu'alors fidèles à la monarchie. A l'extérieur, un accord diplomatique conclu avec la Russie suscite dans le pays un vif enthousiasme.

Malgré le scandale de Panama qui apporte un nouveau discrédit au gouvernement, malgré le vent de violence qui souffle sur la France avec les attentats anarchistes, malgré la multiplication des grèves de caractère politique, le régime semble consolidé. Un point noir demeure, celui des revendications ouvrières de pénibles incidents montrent au pays la gravité des problèmes sociaux. Peu à peu l'action syndicale imposera au parlement des réformes jugées bien trop lentes par les travailleurs
Plus grave aux yeux des Français apparaît alors l'affaire Dreyfus. Mal informé, le public se félicite d'abord de ce que le "traître" soit châtié. Les passions montent lorsque les gens mieux renseignés parlent d'une erreur judiciaire. La personnalité de Dreyfus est vite dépassée et le pays s'entre-déchire, écartelé entre des idéologies contraires. Les répercussions de l' "Affaire" se font sentir même sur notre politique extérieure.
L'humiliation de Fachoda, vivement ressentie par les Français, vient de ce que le gouvernement se juge trop faible pour tenir tête aux prétentions des Anglais. Qui pourrait imaginer alors que l'Entente Cordiale se fera si vite ? D'ici quelques années, la bonne volonté d'Edouard VII conduira en effet la France, après quelques intermèdes, à signer un accord avec l'ancienne " ennemie héréditaire ". A cette date s'est déjà ouverte l'ère dite
"de la Belle Epoque". Elle apparaîtra plus tard comme un temps heureux. La monnaie est stable, les classes moyennes s'enrichissent, les paysans possèdent leur bas de laine. Pourtant la France subit encore le contrecoup de l'Affaire Dreyfus. La droite paie les fautes commises et une vague anticléricale attriste les catholiques : dissolution des congrégations, affaires des fiches et des inventaires, séparation de l'Eglise et de l'Etat creusent encore un fossé entre les partis.
Malgré l'âpreté des guerres religieuses, le pays peut se réjouir de certains succès diplomatiques. Les discours fracassants de l'Empereur Guillaume II à Tanger puis le "coup d'Agadir" ont eu comme résultat de montrer la solidité de l'Entente Cordiale. Lyautey peut pacifier le Maroc, passé sous le protectorat français. Le pays commence à se rendre compte de la gravité de la menace allemande, mais les partis se querellent toujours : la loi de trois ans, la représentation proportionnelle, l'impôt sur le revenu font l'objet d'âpres discussion à la Chambre.
Au printemps 1914, l'affaire Caillaux-Calmette augmente l'effervescence alors que le cliquetis des armes grandit à travers l'Europe. A l'heure où Jaurès est assassiné par un fanatique, aucun espoir de sauvegarder la paix ne peut être conservé. Mais l'union se fera entre les Français à l'heure du danger.

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