LES PRECURSEURS DE CLOVIS
ATTILA, LE FLEAU DE DIEU
On l'a surnommé le "fléau de Dieu". Longtemps, la seule évocation de son nom a suscité la terreur. Au milieu du Vème siècle, Attila va porter un coup fatal à l'Emire romain.Mais, grâce au général Aetius, qui a rallié les Wisigoths, les Burgondes et les Francs de Chiléric 1er, il ne pourra envahir et soumettre la Gaule. Défait à la bataille des Champs Catalauniques le 25 juin 451, le roi des Huns aura cependant le temps de ravager le nord de l'Italie, avant de mourir, dans des circonstances peu glorieuses, le soir de sa nuit de noces.
Ambassadeur romain en mission auprès
du roi des Huns, Priscus a décrit Attila, dont le nom signifie "petit
père", comme un homme de petite taille, aux pommettes hautes et
aux yeux enfoncés qui foudroient ses interlocuteurs. Attila, aussi bon
stratège que fin diplomate, n'exprime jamais ni joie ni haine. Tout chez
ce robuste guerrier, qui, au long de ses huit ans de règne, va terrorisé
l'Empire Romain, traduit la force physique et morale.
Au début du
IVème siècle, Ruga, qui règne sur les Hune d'Asie centrale,
étend son emprise vers l'ouest. Il bouscule les frontières danubiennes
de l'Empire Romain et pénètre en Grèce. Menacée
par cet envahisseur, Constantinople n'a d'autre recours que de s'acquitter d'un
tribut annuel de 350 livres d'or et de 25 200 sous.
En 434, Ruga meurt, et
son neveu Bleda lui succède. Mais Bleda a un frère cadet, Attila.
Celui-ci, fort ambitieux, ne peut se satisfaire d'un rôle de second plan
et aurait, vers 443, assassiné son frère aîné afin
de monter sur le trône.
Vers 445, Attila règne en maître,
seul. L'année suivante, il parvient à réunir sous son autorité
toutes les tribus huniques et se forge un véritable empire des steppes.
En 448, il ravage les Balkans et la Grèce, et n'épargne Constantinople
qu'en échange d'une rançon de 20 000 livres. Trois ans plus tard,
le vandale Genséric l'incite à attaquer le royaume wisigoth de
Toulouse. Après avoir mis la Russie à feu et à sang, le
roi des Huns envahit la Gaule. Ses hordes barbares sont secondées par
des guerriers germains et par des transfuges de l'Empire Romain, tel Oreste,
ancien gouverneur militaire de la province de Noricum, ou Onegesius et Scotta,
deux frères d'origine hellène qui seront respectivement chancelier
et ministre chragé de la collecte de l'or.
En route vers Toulouse,
Attila et ses Huns ravagent Trêves, Metz et Reims. De nombreuses villes n'échappent
au massacre que grâce à l'intervention de leur évêque,
tel Aignan à Orléans, ou d'un saint personnage, comme Geneviève
de Paris
En Aquitaine, le patrice romain Aetius et le wisigoth Théodoric
obligent Attila à rebrousser chemin. Les Huns gagnent la Champagne mais,
près de Troyes, ils doivent de nouveau affronter Artius. Celui-ci, surnommé
"le dernier vrai Romain" s'est allié aux Wisigoths,
aux Burgondes et aux Francs, parmi lesquels se trouve Childéric 1er,
le père de Clovis. A la bataille des Champs Catalauniques, le 25 juin
451, Romains et barbares mettent en pièces les troupes du roi des Huns.
Mais Attila n'a pas dit son dernier mot.
A peine a-t-il reconstitué ses forces que, l'année suivante, il
prend la route du Sud et attaque l'Italie. Il s'empare d'Aquilée, de
Vérone et de Vinence, qui ne sont plus que ruines après son passage.
Après que Pavie et Milan se sont rendues sans même combattre, les
Huns arrivent aux portes de Rome.
Alors que l'empereur Valentinien III et
sa suite, terrorisés, ont pris la fuite, seul reste dans la Ville Eternelle
le pape Léon 1er le Grand. N'écoutant que son courage, le souverain
pontife décide d'affronter l'ennemi. En tête d'une longue procession
chantant des hymnes sacrés, il quitte l'abri des murs de la cité
et se rend au camp d'Attila. Là, faisant appel à tous ses talents
de diplomate, il parvient à convaincre le "fléau de Dieu"
d'épargner Rome et ses habitants, sans doute moyennant une coquette somme!
D'Italie,
Attila regagne ses terres de Pannonie, la Hongrie actuelle. En 453, alors qu'il
s'apprête de nouveau à attaquer l'Empire Romain, il succombe à
cinquante huit ans, dans des circonstances mystérieuses... et fort peu dignes d'un
grand chef de guerre. Au soir de ses noces avec la belle Ildico, sa seconde
épouse, le roi des Huns a bu jusque tard dans la nuit. Le lendemain matin,
ses serviteurs le retrouvent sans vie. Victime pendant son sommeil d'un saignement
de nez ou d'une crise d'apoplexie, le puissant Attila, qui a terrorisé
l'Orient et l'Occident, est enterré secrètement dans un triple
cercueil d'or, d'argent et de fer. Tandis que les esclaves qui ont creusé
la tombe ont la gorge tranchée, ses guerriers, fous de douleur, s'arrachent
les cheveux et se lacèrent le visage, car leur sang de mâles peut
dignement célébrer la disparition de leur chef vénéré.
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