HENRI III, SA VIE
CATHERINE DE MEDICIS
LES FUNERAILLES
Le 4 février 1589, les funérailles de Catherine de Médicis sont célébrées en grande pompe à l'église Saint Sauveur de Blois, un mois à peine après le décès de la reine-mère. Les Guerres de Religion, la mainmise sur Paris et ses environs de la Ligue catholique rebelle au roi vont empêcher que la défunte soit inhumée à la nécropole royale de Saint Denis.
Le 5 janvier 1589, Catherine de Médicis a rendu son âme à Dieu dans ses appartements du château de Blois. Pour couper court aux rumeurs d'empoisonnement, son fils, le roi Henri III, ordonne qu'une autopsie soit pratiquée. Les médecins concluent à une mort naturelle, due à une pneumonie, sans doute d'origine tuberculeuse. Le corps de la souveraine est ensuite embaumé et placé dans un cercueil en plomb. Conformément au rituel en vigueur, une effigie de cire est exposée pendant quatre semaines afin de recevoir les hommages des Grands et du peuple. Elle est revêtue d'une robe noire d'apparat et d'un surcot qui ont servi en 1514 à parer la dépouille de la reine Anne de Bretagne. Tandis que des Franciscains égrènent des psaumes, la Cour et les Blésois défilent dans la chambre des Audiences, où repose la défunte.
Le 4 février, la cérémonie des obsèques
est célébrée en grande pompe à l'église Saint Sauveur de Blois. Dans son oraison
funèbre, Renauld de Beaune, archevêque de Bourges et primat d'Aquitaine, ne
tarit pas d'éloges. "Il est mort la
plus grande reine en toutes sortes de vertus qu'oncques apparut en France (...).
Ornée de toutes les grâces de Dieu et dons de la nature, de belle taille et
d'habitude, le visage doux, modeste, accompagné toutefois d'une gravité digne
d'une reine, mais surtout sainte et accomplie en toutes vertus. Bref, ce sera,
en la postérité, l'exemple de la vertueuse femme recherchée jusqu'aux extrémités
de la terre". Le prélat s'attache aussi à faire le
bilan magistral des trente ans de régence de la reine mère. "Elle
a toujours exposé sa personne, ses moyens et tout son entendement pour composer
et pacifier les affaires, fait plusieurs voyages lointains par ce royaume au
péril de sa vie. Encore ce grand trouble naguère advenu en ce royaume, elle
s'y est employée de sorte qu'il n'a pas tenu à elle que toutes les affaires
n'aient été conduites à bonne fin".
Si à Blois
on se lamente de la mort de Catherine de Médicis, il n'en va pas de même dans
la capitale, aux mains des ultra-catholiques de la Ligue, où l'on accuse la
défunte d'avoir commandité l'exécution du duc Henri de Guise et de son frère,
le cardinal Louis de Lorraine, en décembre 1588. "Les
Parisiens crurent qu'elle avait donné occasion et consentement à la mort des
princes lorrains; et disaient que si on apportait son corps à Paris pour l'enterrer
à Saint Denis dans la sépulture magnifique de la chapelle des Valois, que de
son vivant, elle y avait bâti pour elle et le feu roi son mari, ils le jetteraient
à la voirie ou dans la rivière", rapporte le chroniqueur
Pierre de l'Estoile.
Catherine de Médicis devrait être inhumée
dans la nécropole royale de Saint Denis au côté de son époux Henri II. Las,
le royaume est en proie aux Guerres de Religion, et le roi n'est maître ni de
Paris ni de ses environs. L'enterrement est donc reporté à des jours meilleurs...
Mais le cercueil en plomb, de très mauvaise qualité, est insuffisamment étanche,
l'embaumement a été très mal réalisé, "la
ville de Blois n'étant pas fournie de drogues et épiceries pour cet effet",
souligne le magistrat Etienne Pasquier. Le corps de la défunte exhale une odeur
si pestilentielle que, "quelques jours
après le commencement du mal sentir, on a été contraint de l'enterrer en pleine
nuit, non dans une voûte, pour n'y en avoir aucune, mais en pleine terre tout
ainsi que le moindre de nous tous, et mêmement en un lieu de l'église où il
n'a aucune apparence qu'elle soit". Dépourvue d'inscriptions
et d'ornements, la sépulture de la reine-mère est censée être très provisoire.
Pour
Henri III, le transfert de la dépouille mortelle de sa mère du cimetière de
Saint Sauveur de Blois à Saint Denis n'est qu'une question de temps. Il mise
sur l'apaisement et surtout compte reprendre Paris. Mais, six mois plus tard,
il est assassiné par le moine Jacques Clément. Henri IV, qui lui succède sur
le trône, contraint de reconquérir son royaume par les armes, n'a guère l'occasion
de se préoccuper de la sépulture de sa belle-mère. Si bien que vingt années
durant, Catherine de Médicis reposera dans sa tombe de fortune. "Quant
à Blois, où elle était adorée et révérée comme la Junon de la Cour, elle n'eût
plutôt rendu le dernier soupir qu'on en fit non plus de compte partout que d'une
chèvre morte", constate tragiquement Etienne Pasquier.
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