CHARLES IX, CHEF D'ETAT

 

ECHEC DE LA COLONISATION FRANCAISE AU BRESIL
(18 janvier 1567)

La petite colonie fondée au Brésil par Nicolas Durand de Villegagnon manque cruellement de moyens en hommes et en matériel. Faute de renforts et d'une politique coloniale déterminée, elle ne pourra s'implanter solidement. Le 17 janvier 1567, son destin sera scellé par la défaite d'une poignée de Français devant les Portugais.

En novembre 1555, l'expédition conduite par le chevalier de l'ordre de Malte Nicolas Durand de Villegagnon a abordé au Brésil et fondé, dans une île de la baie de Guanabara, où se trouve aujourd'hui la ville de Rio de Janeiro, la petite colonie de Fort Coligny. Mais les Français manquent cruellement de moyens. Ils espèrent aussi être rejoints par quelques femmes... Ne serait-ce que pour assurer le peuplement et la survie de leur établissement. Enfin, ils attendent des renforts pour résister à une probable attaque des Portugais. En janvier 1556, Villegagnon a envoyé son neveu Bois le Comte en ambassade à Paris : ses doléances ont été exposées à Henri II, qui les a transmises à l'amiral Gaspard de Coligny.
Alors que les dissensions entre protestants et catholiques s'aggravent, l'amiral voit là l'occasion d'offrir une retraite sûre à ses coreligionnaires réformés, contre qui la répression s'exerce avec une sévérité accrue. Dans la seconde moitié du XVIème siècle, pendant que les Guerres de Religion vont embraser le royaume, il sera le seul à soutenir les entreprises maritimes et coloniales.

Pour l'heure, Coligny s'adresse à son vieil ami Philippe du Pont de Corguilleray. Celui-ci recrute à Genève une dizaine de protestants, dont deux pasteurs et, en mars 1557, débarque au Brésil avec trois cents hommes et cinq jeunes filles à marier. Bien que catholique, Villegagnon est soulagé par l'arrivée des ministres du culte. En tant que chef de la colonie, et depuis le départ du moine cordelier André Thevet, il s'est chargé lui-même du soin des âmes, et ce n'est pas une tâche facile! Mais il a beau prôner la tolérance, la discipline qu'il impose à ses hommes est tellement stricte qu'elle suscite mécontentement et révolte. Au point que, menacé par certains colons qui ne supportent plus son autorité, le chevalier est contraint de rester sur ses gardes. Il se heurte même à l'opposition des austères calvinistes, déçus par les conditions de vie fort éprouvantes et qui, faute de maîtriser la langue locale, ont des difficultés à mettre en oeuvre leur volonté d'évangéliser les Indiens Topinambous.
Si la cohabitation entre catholiques et protestants a d'abord été paisible, les différends se multiplient, s'enveniment à propos de la célébration de l'eucharistie. La communauté est divisée par des querelles de dogme, par une guerre de religion presque aussi violente que celle qui déchire le lointain royaume de France. Fin mai, lorsque du Pont de Corguilleray révèle que Coligny l'a envoyé au Brésil pour y fonder une colonie protestante, Villegagnon laisse éclater sa colère contre ceux qu'il considère désormais comme des "hérétiques". Peu après, la rupture est consommée : les réformés abandonnent Fort Coligny et se replient sur le continent. Le 4 janvier 1558, ils quittent le Brésil à bord du Jacques, laissant Villegagnon fort aise d'être débarrassé des trublions qui ont tenté de saper son autorité.

Mais, à leur retour en France, les réformés s'en prennent avec véhémence à cet athée, ce "roi d'Amérique", qu'ils accusent de vouloir fonder une dynastie outre-Atlantique...
Intrigué, Henri II rappelle Villegagnon. Pas fâché de respirer l'air du pays, soucieux surtout de pouvoir se justifier et espérant aussi revenir avec des forces nouvelles, d'autant qu'il a dépensé tout son argent dans cette aventure, le chevalier prend la route du retour. Il ne reverra jamais le Brésil, où il laisse son neveu et une poignée d'hommes sûrs. Rentré en France fin 1559, il sera très affecté par la mort d'Henri II, se défendra par le biais de diverses publications, telle, en 1561, une Réponse aux libelles d'injures publiées contre le chevalier de Villegagnon, et consacrera le reste de sa vie à lutter contre la Réforme et les protestants.
Pendant ce temps, Men de Saa, le nouveau gouverneur des possessions portugaise au Brésil, débarque à Bahia, fermement résolu à chasser les Français. Mettant à profit le départ de Villegagnon, il s'empare de Fort Coligny, dont les défenseurs parviennent pour la plupart à s'échapper et se réfugient sur le Morro Gloria. Il se contente d'une demi-victoire et, au fil des mois, une paix tacite s'installe.
Les Français espèrent toujours recevoir des renforts, mais, en 1566, c'est un navire de guerre portugais qu'ils voient entrer dans la baie de Guanabara. Le 18 jancier 1567, le Morro Gloria est attaqué et tombe magré leur résistance acharnée et le soutien des Indiens Topinambous. Cette défaite scelle l'échec de la colonisation française au Brésil, alors que, peu de temps après, la consécration par les Portugais de l'église de La Gloria va marquer l'acte de naissance da la ville de Rio de Janeiro.

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