DES FETES FASTUEUSES
Du 15 juin au 2 juillet 1565, lors de l'étape
de Bayonne du Grand Tour de France de Charles IX et de sa Cour, la reine mère
Catherine de Médicis orchestre des festivités somptueuses. Ces réjouissances
éblouissantes sont destinées autant à célébrer les retrouvailles avec sa fille
aînée, Elisabeth, épouse du roi Philippe II d'Espagne, qu'à persuader les ambassadeurs
espagnols que la France, au lendemain de la prmière guerre de religion, n'a
rien perdu de son prestige.
Catherine de Médicis est émue : ce n'est
pas la souveraine mais la mère qui laisse parler ses sentiments. A Saint Jean
de Luz, en ce 14 juin 1565, jour radieux, elle peut enfin serrer sur son coeur
Elisabeth, sa fille aînée, épouse du roi Philippe II d'Espagne, qu'elle n'a pas
vue depuis près de six ans et pour qui elle nourrit une préférence secrète.
Le soir, lors du souper familial, la reine d'Espagne est fêtée par ses cadets,
ses frères, le jeune roi Charles IX, le duc Henri d'Orléans, le futur Henri
III et le duc François d'Anjou, et sa soeur Marguerite, la future reine Margot. Le
lendemain, à la lumière des flambeaux, qui font resplendir le superbe harnais
de sa jument blanche, la reine Elisabeth, escortée par les grands seigneurs
d'Espagne, fait son entrée solennelle dans Bayonne. En marge des négociations
qui vont être menées avec l'ambassade de Philippe II, Catherine de Médicis a
prévu des fêtes religieuses et profanes, toutes plus magnifiques les unes que
les autres, afin d'élouir les Espagnols et de montrer à son gendre que, au lendemain
de la première guerre de Religion, la monarchie des Valois n'a rien perdu de
son prestige. Pour l'occasion, la reine mère n'a pas lésiné : elle a dépensé
sept cent mille livres, empruntées aux banquiers lyonnais.
Le dimanche 17 juin, Charles IX touche
les écrouelles. Quatre jours plus tard, après la procession solennelle de la
Fête Dieu, il se voit remettre en grande pompe l'ordre de la Toison d'Or. Les
festivités se succèdent sans interruption, de courses de bagues en tournois,
de bals en mascarades et en représentations théâtrales. Le 20 juin, le solstice
d'été est célébré par un éblouissant feu d'artifice. Le 23 juin, le festin
bucolique donné dans l'île d'Aiguemeau, au milieu de l'Adour, constitue le clou
des réjouissances. Déguisés en bergers et en bergères, les convives embarquent
joyeusement sur des vaisseaux en forme de châteaux et richement décorés. Alors
qu'ils voguent sur la rivière, ils voient surgir une baleine artificielle harponnée
par d'authentiques pêcheurs. Plus loin, une tortue géante est chevauchée par
six musiciens travestis en tritons. Puis Neptune, le dieu romain des eaux, s'avance
sur un char tiré par trois chevaux marins, suivi par Arion, le poète lyrique
grec, montant des dauphins. L'émerveillement est à son comble quand des sirènes
entonnent des hymnes à la gloire de l'Espagne et de la France. Sur l'île,
la noble assistance est accueillie par les chants et les danses de représentants
des provinces françaises, qui les guident jusqu'à la clairière où sont installées
les tables du banquet. A l'issue du festin, des satyres musiciens et des nymphes
donnent un ballet dans l'antre étincelant d'un rocher. Cette journée mémorable
se clôt par un feu d'artifice, qui illumine le ciel juste avant qu'un orage
n'éclate. Le lendemain dimanche, les divertissements se poursuivent avec le
tournoi des Quatre Eléments et un combat naval sur l'Adour.
Le 25 juin est marqué par un autre temps
fort des somptueuses fêtes de Bayonne. Lors d'un grand tournoi allégorique,
Henri d'Orléans représente le champion de l'Amour, face à Charles IX, champion
de la Vertu. A la tête de chevaliers, irlandais pour l'un et bretons pour l'autre,
les deux frères font leur entrée dans le champ clos où se presse l'assistance,
trônant sur de superbes chariots et parés d'attributs de personnages mythologiques.
Leur combat symbolique, orchestré par vingt cinq maîtres de camp, grands seigneurs
vêtus de toile d'or, dure trois heures. Chaque joute est ponctuée par l'intervention
de choeurs, accompagnés de lyres, de luths et de violons. Puis sous des salves
d'artillerie, la Vertu et l'Amour se réconcilient au pied de la tribune royale
ornée de magnifiques tapisseries tissées d'or et d'argent. Les jours suivants,
le programme ne manque ni d'éclat ni de variété : aux bals succèdent les festins,
aux joutes navales les spectacles de comédie. Mais le 1er juillet, l'échange
des cadeaux annonce le départ imminent de la reine Elisabeth pour Madrid. Le
lendemain, à Saint Jean de Luz, en se séparant de sa soeur (il ne sait pas qu'il
ne la reverra jamais), Charles IX ne peut retenir ses larmes. Catherine de Médicis,
elle, retarde le déchirement des adieux en accompagnant sa fille jusqu'à Irun.
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