LES ENTREES SOLENNELLES A PARIS DE CHARLES IX ET
D'ELISABETH D'AUTRICHE (6 et 29 mars 1571)
Quatre mois après leur union, Charles
IX et Elisabeth d'Autriche vont faire leur entrée solennelle dans Paris, le
roi le 6 mars 1571, puis la reine le 29 mars. Avec le concours des plus grands
artistes, la reine mère Catherine de Médicis oeuvre pour que ces cérémonies
revêtent un faste et un luxe extraordinaire, seuls dignes d'affirmer la puissance
des Valois.
C'est dans le faste que les noces de Charles IX et de
la ravissante Elisabeth d'Autriche ont été célébrées fin novembre 1570, à Mézières,
dans les Ardennes. Paris ne peut être omis du programmme des réjouissances.
Mais, avant d'assister à l'entrée solennelle des jeunes souverains, la capitale
doit patienter jusqu'aux premiers beaux jours. Car Catherine de Médicis, comme
toujours grande organisatrice des festivités, veut donner aux cérémonies un
caractère grandiose, digne de la puissance des Valois. Afin de veiller sur
les préparatifs, la reine mère s'installe avec la Cour au château de Madrid,
dans le bois de Boulogne. Elle réunit une équipe d'artistes prestigieux, à commencer
par les poètes Pierre de Ronsard, Jean Dorat et Gui du Faur, seigneur de Pibrac,
chargés de chanter l'union de la France et de la Germanie. Le peintre italien
Nicolo Dell'Abate s'occupe des décors; l'artiste Charles Lecomte érige les estrades
et les arcs de triomphe; le sculpteur Germain Pilon dessine et réalise des figures
en stuc. Toute chose ayant un prix, Catherine de Médicis se charge aussi
de récolter l'argent nécessaire. Elle avance deux cent mille livres sur sa cassette
personnelle, tandis que, sous forme d'emprunt forcé, le clergé lui verse six
cent mille livres et la ville de Paris trois cent mille livres.
Le 6 mars 1571, Charles IX, son armure recouverte d'un
mantelet de drap d'argent, fait sa "joyeuse entrée" dans Paris, entouré
des membres du clergé, des corps constitués et des grands seigneurs. Dans
le plus riche des apparats, l'éblouissant cortège traverse la capitale jusqu'à
la cathédrale Notre Dame. Le parcours est jalonné d'arcs de triomphe et de statues
en stuc. Pas une ruelle, pas un carrefour qui ne soit magnifiquement décoré.
Dieux de l'Olympe, personnages de l'Antiquité, princes de la Maison de Valois
côtoient Francion et Pharamond, héros mythiques fondateurs des nations franque
et germanique. Dans les jours qui suivent, cavalcades, festins, bals et feux
d'artifice se succèdent. L'un des temps forts des festivités est la remise à
Charles IX d'une pièce d'orfèvrerie offerte par la ville de Paris. Portant la
mention Pietate et Justicia, cette oeuvre représente, sous un arc de
triomphe encadré par les armes du roi, la déesse Cybèle figurée sous les traits
de Catherine de Médicis et conduisant un char. Le souverain y apparaît lui aussi
auréolé de gloire et auprès de ses illustres prédécesseurs : Charlemagne, Charles
VII et Charles VIII. Le 11 mars 1571, au Parlement, le roi remercie Dieu et
la reine mère! "Après Dieu, la reine, ma mère est
celle à qui j'ai le plus d'obligations, affirme-t-il.
Sa tendresse pour moi et pour mon peuple, son application, son zèle et sa prudence
ont si bien conduit les affaires de cet Etat (...) que toutes les tempêtes de
la guerre civile n'ont pu entamer mon royaume".
Le 29 mars, quatre jours après avoir été sacrée reine
de France à la basilique de Saint Denis, Elisabeth d'Autriche fait à son tour
son entrée solennelle dans Paris. Les arcs de triomphe et les estrades, les
figures et les ornements employés pour l'entrée du roi sont parés de nouveaux
emblèmes et évoquent de nouvelles scènes. A la fontaine du Ponceau, rue Saint
Denis, on voit ainsi l'effigie en plâtre de Catherine de Médicis posant une
couronne de fleurs de lys sur la tête d'une Elisabeth en stuc et, au pied des
deux reines, les Trois Grâces. Près de Notre Dame est esquissée la naissnce
d'un dauphin. Le cortège de la reine Elisabeth surpasse en luxe et en splendeur
celui de Charles IX. Les dames d'honneur forment une charmante escorte, où les
tons blanc et or dominent. Transportée dans une litière tapissée de voile d'argent,
la souveraine porte le surcot royal d'hermine rehaussé de pierreries. Sur ses
épaules, le grand manteau fleurdelisé et, sur sa tête, une couronne d'or incrusté
de perles. Tout au long du trajet, Elisabeth d'Autriche est encadrée par ses
deux beaux-frères, les ducs Henri d'Anjou, le futur Henri III, et François d'Alençon,
tous deux couverts de pierreries et montant de superbes chevaux d'Espagne. Le
lendemain, le banquet traditionnellement offert par la ville de Paris dans la
grande salle épiscopal et un bal, au cours duquel on danse jusqu'à l'aube, mettent
un point final à ces réjouissances.
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