MARIE STUART : REINE D'ECOSSE (Août 1561)
En août 1561, Marie
Stuart, qui a été reine de France pendant à peine dix sept mois,
quitte à regret le pays où elle a été si heureuse.
La jeune veuve de François II est contrainte de retourner en Ecosse, un
royaume qu'elle ne connaît pratiquement pas. Elle va le trouver agité
par la Réforme et sera confrontée à de nombreux problèmes
politiques et religieux. Son règne effectif ne va durer que sept ans et sera
des plus chaotiques.
A mesure que
se dessinent au loin les contours inconnus de la terre natale, un sentiment
de nostalgie envahit la jeune femme de dix neuf ans. Elle n'a même pas eu le
temps de revoir sa mère! Lorsque la navire touche terre, Marie ne sait
pas encore qu'elle va entamer un bref règne qui la mènera à
l'emprisonnement et à la mort. Nous sommes en août 1561.
Reine d'Ecosse depuis son septième jour à cause du décès
subit de son père, Jacques V, Marie doit émigrer pour la France
dès l'âge de six ans, tandis que sa mère, Marie de Guise,
devient régente du royaume. Par le jeu des alliances entre Etats, la
jeune Marie Stuart est en effet fiancée au futur François II,
fils de Henri II et de Catherine de Médicis. Après une adolescence
heureuse à la Cour de France, elle y devient subitement indésirable
lorsque son mari meurt après à peine dix sept mois de règne.
Sa belle-mère, Catherine de Médicis, l'enjoint de regagner l'Ecosse
pour succéder à Marie de Guise qui vient de s'éteindre.
A peine arrivée
à Edimbourg, Marie, la catholique, trouve un royaume agité par
les révoltes nobiliaires et religieuses menées, entre autres,
par le prédicateur John Knox, chef des extrémistes réformés.
Elle parvient néanmoins à séduire le peuple et à
établir son autorité. Mais en fait, c'est Moray, son demi-frère,
qui gouverne réellement le pays en s'appuyant sur les chefs protestants.
En 1565, Marie épouse l'un de ses cousins, Henry Stuart, Lord Darnley,
qui prend le pouvoir au détriment de Moray. Se montrant maladroit, médiocre
et vaniteux, il ne cache pas son inclination pour le catholicisme au grand dam
des milieux protestants. Un an après, le couple royal a un enfant, le
futur Jacques VI d'Ecosse qui deviendra Jacques 1er d'Angleterre. Mais Darnley
commence à délaisser sa femme, fréquentant tavernes et
prostituées, tout en manifestant une jalousie maladive. Il fait mettre
à mort le favori de la reine, l'italien Rizzo, sous les yeux de celle-ci.
Le comte de Bothwell, nouveau conseiller de Marie Stuart, le vengera un an plus
tard, en février 1567, en assassinant Darnley à Edimbourg. Si
l'on ignore le degré d'implication de Marie dans l'assassinat de son
époux, on sait pertinemment que, dans la meilleure des hypothèses,
elle a laissé faire les choses.
Une fois Bothwell
acquitté mais toujours soupçonné par l'opinion publique,
Marie l'épouse. En Ecosse comme à l'étranger, les bien
pensants poussent les hauts cris. Une telle liaison rappelle les plus sombres
tragédies de l'Antiquité ; une toute jeune reine épouse
l'homme que l'on soupçonne être l'assassin de son propre mari.
Ce fut, par exemple, la destinée de Clytemnestre. Mais le peuple très
pieux et un clergé très puissant ne sont pas sensibles au versant
romantique, avant le lettre, de cette idylle. Ils n'en voient bien évidemment
que le côté outrageant.
Sommée par l'aristocratie, les autorités religieuses et l'opinion
publique de se séparer de Bothwell, la reine inflexible refuse. Elle
est emprisonnée à Lochleven et doit abdiquer en faveur de son
fils, encore bébé, tandis que son demi-frère Moray s'arroge
la régence. Bothwell s'enfuit en Scandinavie avant de mourir incarcéré.
"La passion de Marie Stuart pour Bothwell est une des plus mémorables
de l'histoire" écrira l'écrivain Stefan Zweig dans sa biographie
de la reine maudite.
En 1568, Marie s'évade et trouve asile auprès d'Elisabeth 1ère
d'Angleterre. Elle est une réfugiée très embarrassante
pour la souveraine car, en raison des liens de parenté, elle est, elle
aussi, prétendante au trône d'Angleterre. Marie est placée
en résidence surveillée pendant dix huit ans. Elle y devient, bien malgré
elle, l'instrument de tous les ennemis catholiques d'Elisabeth et se laisse,
fort imprudemment, entraîner dans plusieurs complots. Finalement jugée
et condamnée à mort, elle est décapitée à
quarante cinq ans, le 8 février 1587.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|