LES VALOIS
CHARLES IX, SA VIE
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LE JEUNE HENRI DE NAVARRE FAIT SES PREMIERES ARMES Après la mort du prince Louis de Condé à Jarnac le 13 mars 1569, Henri de Navarre devient le chef du parti réformé. Il a quinze ans et trois mois et brûle de combattre. Adoubé par sa mère, la reine Jeanne de Navarre, le futur Henri IV va s'initier à l'art de la guerre sous la férule et la protection de l'amiral Coligny. A compter du printemps 1568, le confit qui oppose catholiques et protestants est devenu une véritable guerre. L'armée des réformés rassemble des contingents bourguignons, emmenés par Louis de Bourbon, prince de Condé, et l'amiral de Coligny, la noblesse de Poitou et de Saintonge et les régiments levés dans le Béarn et en Gascogne par Jeanne d'Albret. Depuis le réduit rochelais où elle est solidement retranchée, la reine de Navarre organise la lutte. Son fils, le futur Henri IV, est auprès d'elle. A quatorze ans, spectateur encore passif, il rêve cependant d'entrer dans la mêlée et de prouver à tous son courage et sa vaillance. Chaque jour, il fait le siège de sa mère pour être admis parmi les combattants! Et à force d'obstination, obtient l'autorisation de se joindre aux troupes de Coligny. Ainsi, mais toujours en retrait, le futur Henri IV assiste dans le Poitou à la conquête de Parthenay, de Niort, de Fontenay le Comte et participe au siège d'Angoulême. Mais l'hiver approche et, à la grande déception de l'adolescent, qui s'est piqué aux jeux de la guerre, les opérations sont suspendues. Quelques mois plus tard, huguenots et catholiques
se rencontrent à Jarnac. C'est là que, le 13 mars 1569, Louis
de Condé est tué d'un coup de pistolet. Henri de Navarre, âgé
de quinze ans et trois mois, devient dès lors le chef du parti protestant. Sa
mère décide de marquer solennellement l'événement
en faisant frapper douze médaillons d'or à son effigie portant
au revers la mention : Pax certa, Victoria integra, Mors honesta. Puis,
devant la troupe rassemblée à La Rochelle, le jeune prête
serment "sur son âme, sa vie et son honneur de ne jamais abandonner
la cause avant qu'il ait plu au Seigneur d'accorder aux Eglises de France soit
une sainte paix, soit quelque assurance de la liberté de conscience". Coligny et ses troupes rejoignent à Saint Yrieix, près de Limoges, les cinq mille reîtres et les onze mille lansquenets de Wolfgang de Bavière, qui sont entrés en force par la Bourgogne. L'armée huguenote compte à présent vingt cinq mille hommes, un effectif bien supérieur à celui de l'armée royale, qui n'a reçu que peu de renforts du pape Pie V et du roi Philippe II d'Espagne. Après le combat indécis de la Roche l'Abeille, le 25 juin, Coligny met le siège devant Poitiers. Henri de Navarre est là, qui observe, cherche à se rendre utile, remonte le moral des troupes affecté par l'héroïque défense des hommes d'Henri de Guise. Au bout de quelques semaines, de guerre lasse, l'amiral fait lever le siège. Le 3 octobre, son armée est attaquée par le duc d'Anjou à Moncontour. Les Suisses du roi massacrent jusqu'au dernier les fantassins allemands. Henri de Navarre n'assiste pas à l'hécatombe. On l'a éloigné du champ de bataille quelques heures avant le début de l'assaut ainsi qu'Henri de Condé. Le soir, il rejoint l'amiral et l'accompagne dans sa retraite vers le Midi. C'est alors qu'il est vraiment confronté aux malheurs de la guerre. Les mercenaires, que les huguenots n'ont pu payer, se livrent à d'horribles pillages et exactions. Durant l'hiver et le printemps 1570, ils dévastent l'Agenais, le Toulousain, puis le Languedoc. Au mois d'avril, Coligny et Henri de Navarre remontent la vallée du Rhône. Après avoir laissé piller l'abbaye de Cluny, ils tombent sur l'armée royale commandée par le maréchal de Cossé, dont l'effectif est quatre fois supérieur au leur. L'affrontement a lieu le 25 juin à Arnay le Duc. Malgré les objections de Coligny, Henri de Navarre décide de prendre part au combat. Insolent de courage et d'inconscience, il exige de commander la première charge au côté de Ludovic de Nassau. La fougue et la détermination de l'adolescent provoquent-elles le miracle si attendu? Après tant d'échecs, la victoire sourit enfin aux réformés. Mais Coligny ne peut passer outre à la promesse faite à Jeanne de Navarre de veiller à la sauvegarde de son fils. Dans la nuit, l'amiral se dérobe sagement et va s'enfermer dans la ville fortifiée de La Charité sur Loire. Page MAJ ou créée le |