CATHERINE DE MEDICIS, UNE REINE IMPITOYABLE
Catherine de Médicis a quarante
ans lorsqu'elle se retrouve veuve. Son mari, Henri II mortellement blessé lors d'un
tournoi laisse sur le trône son fils aîné François II, âgé de quatorze ans et incapable de
gouverner. Les rênes du pouvoir échoient à sa mère, Catherine de Médicis, une femme
de pouvoir impitoyable.
Malgré sa douleur, la reine Catherine
se dresse fièrement, auréolée de ses voiles de deuil. Jusqu'ici elle s'est tout au plus
montrée bonne administratrice lorsque la régence lui a été temporairement confiée, en
1552 alors qu'Henri II guerroyait contre Charles Quint. Nul n'imagine qu'elle va révéler
d'exceptionnelles capacités politiques.
Catherine a su très tôt tirer profit
des leçons de son beau-père François 1er et de son mari, Henri II. Elle n'a régné
que sur ses enfants, qui l'idolâtrent et la craignent, mais va désormais se battre pour
eux et pour le prestige de la royauté.
Préférant toujours la négociation à l'affrontement, Catherine de Médicis s'efforce de
rester au-dessus des clans et des partis, qu'ils soient Guise ou Condé, c'est-à-dire
catholiques ou protestants. En 1560, à la mort de son fils François II, elle devient
régente du jeune Charles IX (âgé de dix ans). Elle est "Gouvernante de
France", et avec l'appui de son chancelier, le tolérant Michel de l'Hospital, elle
va travailler à réconcilier les Français désunis par les guerres de religion. L'Edit
de janvier 1562, puis le traité de Saint Germain, en 1570, accordent aux protestants une
relative liberté de conscience et de culte.
Infatigable, elle arpente les chemins du royaume et se rend en ambassade de province en
province. Elle écrit des milliers de lettres adressées aux personnages les plus
influents. Travailleuse acharnée, elle s'entoure de nombreux secrétaires, souvent
d'opinion modérée, qui, pour la plupart, serviront ensuite fidèlement son gendre Henri
IV.
Si la reine se méfie des Grands (les
princes, ducs et pairs) et de leur appétit de puissance et de pouvoir, elle redoute
également l'influence des souverains étrangers. Face à eux, elle ne cesse d'affirmer la
souveraineté de la France, s'efforçant de maintenir l'indépendance nationale entre
Etats catholiques et Etats protestants. Philippe II d'Espagne, son gendre champion du
catholicisme le plus zélé, Elisabeth d'Angleterre et le pape Paul IV trouveront en elle
un redoutable adversaire. Envers et contre tous, elle s'acharne, pour le bien de l'Etat, à
marier sa fille Margot au protestant roi de Navarre, le futur Henri IV.
Cette volonté de grandeur s'exprime tout autant au travers des lettres et des arts.
Héritière de la tradition culturelle des Médicis, Catherine subventionne les poètes de
la Pléiade, encourage les musiciens, ordonne de nouveaux travaux d'embellissement et
d'agrandissement du Louvre. Sous le règne de rois faibles, dans un pays en proie aux
dissensions politiques et religieuses, Catherine de Médicis a, par-dessus tout, montré
un grand sens de l'Etat et fait de son mieux pour préserver la monarchie. A ceux qui lui
reprochaient son machiavélisme, sa ligne politique en apparence hésitante, sa
superstition et son goût prononcé pour la divination, Henri IV répliqua qu'elle avait
oeuvré pour "protéger ses fils qui régnèrent successivement, grâce à la
sage conduite de cette femme perspicace".
"Je suis surpris, concluait-il, parlant de sa belle-mère et "oubliant"
son rôle tragique dans le déclenchement du massacre de la Saint Barthélemy, qu'elle
n'ait pas plus mal agi".
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