LES VALOIS
CHARLES IX, SA VIE
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LE DUC DE GUISE ECHOUE A ENLEVER LE FUTUR HENRI III Ayant découvert que son fils cadet, le futur Henri III, doit être enlevé, à l'initiative du duc François de Guise, par le duc Jacques de Nemours, Catherine de Médicis prend des mesures pour protéger l'enfant. Mais, pour ce qui est de punir les coupables, elle est contrainte à la prudence, car elle n'a aucune preuve tangible de l'implication du Lorrain dans cette machination. Portant ses efforts sur l'arrestation de Nemours, elle tente de sauver la face en accomodant les faits à l'avantage de Monsieur. Catherine de Médicis fulmine. Ce que le valet
de chambre vient de lui révéler est absolument incroyable. Monsieur,
le futur Henri III, son fils préféré âgé de
onze ans, est sur le point de quitter la Cour. Si en elle la mère défaille
à l'annonce de cette nouvelle, la reine, elle, se ressaisit très
vite, et veut en savoir plus. Le valet lui raconte alors que, manipulé
par le duc de Savoie, Jacques de Nemours, le prince doit quitter le château
de Saint Germain en Laye en pleine nuit et rejoindre l'escorte du duc François
de Guise qui le conduira en Lorraine. A la vérité, la reine mère ne peut prouver qu'il s'agit d'une tentative d'enlèvement. Le seul récit de son fils est insuffisant. Qui est l'instigateur du rapt? Guise? Nemours? Voire le roi Philippe II d'Espagne, époux d'Elisabeth de France, sa fille aînée? En effet, les propos tenus par l'ambassadeur d'Espagne, Thomas Perrenot de Chantonay, ont éveillé les soupçons de Catherine de Médicis. Le conseiller n'a-t-il pas conseillé par "précaution", comme l'a fait auparavant Anne d'Este, duchesse de Guise, d'installer les jeunes princes en Lorraine ou en Savoie? Bien que convaincue de leur culpabilité à des degrés divers, la souveraine est contrainte à la prudence : s'attaquer à la puissante Maison de Lorraine déclencherait immanquablement une guerre civile. C'est donc la rage au coeur que, le 21 octobre 1561, elle laisse partir en toute quiétude le duc de Guise et sa famille, Nemours et une escorte de sept cents cavaliers. Mais sa riposte ne tarde pas. Ele ordonne l'arrestation de Jacques de Nemours, qui s'est le plus exposé dans cette triste affaire. Celui-ci parvient cependant à rejoindre la Savoie, d'où il envoie une longue lettre pour protester de son innocence. Faute de mieux, Catherine de Médicis jette en prison le messager, Philibert de Lignerolles. Mais sa rancoeur n'est pas apaisée pour autant. Dans une lettre adressée à Philippe II, elle relate les événements et prie femement son gendre de ne pas donner asile à Nemours. Sa loyauté ainsi sondée, le roi d'Espagne répond en excusant le duc de Guise, qui aurait été poussé à cette extrémité par ses seules intentions de bon chrétien. Ulcérée, Catherine de Médicis rétorque vertement que "la religion est une couverture dont souvent on se sert pour cacher une mauvaise volonté". Bien que tout danger semble désormais écarté,
cet enlèvement avorté obsède la reine mère. De nouvelles
tentatives de rapt pourraient être fomentées. Comment protéger
efficacement son fils? Elle se ronge les sangs mais doit pour l'heure penser
au moyen de ne pas perdre la face : car l'incroyable événement
a été éventé, si bien que les rumeurs vont bon train
et que l'on raille la naïveté de Monsieur. Alors, devant le Conseil,
Catherine de Médicis convoque le jeune prince et lui reproche d'avoir
pensé à la quitter pour partir en Lorraine. Sans s'émouvoir,
il répond : "S'il vous plaît,
Madame, je n'y ai jamais songé".
Après quoi il signe un procès verbal qui accomode les faits à
son avantage. Page MAJ ou créée le |