FRANCOIS 1ER ET LE CHATEAU DE SAINT GERMAIN EN
LAYE
Grand chasseur et grand bâtisseur,
François 1er est séduit par le site de Saint Germain en Laye et
décide de faire restaurer le château. Avec l'architecte Pierre
1er Chambiges, qui signe le contrat pour l'exécution des travaux le 22
septembre 1539, il va transformer le vieille forteresse médiévale
en une demeure imprégnée de style Renaissance.
Le vieux château de Saint Germain en Laye, construit
par Louis VI le Gros au début du XIIème siècle, n'a pas
survécu à la guerre de Cent Ans. Incendié par les Anglais
en août 1346, il a été entièrement détruit
: seule la Sainte Chapelle érigée par Saint Louis a miraculeusement
été épargnée par les flammes. Quelques décennies
plus tard, Charles V a fait relever les ruines et édifier une forteresse
sur le même emplacement. Il a fréquemment séjourné
dans cette austère demeure, que ses successeurs ont presque complètement
ignorée. En août 1514, c'est dans la Sainte Chapelle du château
de Saint Germain en Laye qu'est célébré le mariage de Claude
de France, fille aînée de Louis XII, et du comte François
d'Angoulême, le futur François 1er. Celui-ci est séduit
par le lieu et, une fois monté sur le trône, en janvier 1515, décide
d'en faire l'une de ses résidences principales. Le 22 septembre 1539,
l'entrepreneur et architecte Pierre 1er Chambiges, "maître
des oeuvres de maçonnerie de la ville de Paris", se voit
attribuer le marché pour l'exécution des travaux. Lorsqu'il meurt,
en 1544, la direcction du chantier passe à son gendre, Guillaume Guillain,
et à son associé, Jean Langeois.
A la mort de François 1er, en mars 1547, les travaux
sont bien avancés. Ils seront poursuivis sous le règne d'Henri
II, selon les instructions d'origine, par l'architecte Philibert Delorme, qui
reçoit en 1548 le titre d'intendant des bâtiments du roi. Dix ans
plus tard, en juillet 1559, quand Henri II meurt accidentellement dans un tournoi,
sa veuve, Catherine de Médicis, et son fils François II, font
apel à l'artiste italien Le Primatice. Malgré tous ces changements
dans la direction des travaux, le plan primitif a toujours été
respecté. Les véritables "créateurs" du château
de Saint Germain restent bien Pierre 1er Chambiges et François 1er, qui
selon Delorme, "y était si attentif que l'on
ne peut presque dire qu'autre que lui en fut l'architecte". Le gros
oeuvre est achevé en 1549, soit dix ans après l'ouverture du chantier
: il est cependant probable que François 1er a pu avant sa mort admirer
une grande partie des aménagements intérieurs. Le roi et son
architecte ne conservent que la Sainte Chapelle de Saint Louis et le donjon
du château de Charles V. Les bâtiments existants sont rasés,
mais leurs fondations sont reprises et renforcées. C'est ainsi qu'un
mur d'enceinte atteignant déjà deux mètres quinze de largeur
est porté à l'épaisseur énorme de quatre mètres
soixante dix. Ce parti pris de récupération des anciennes fondations
donne à la cour une quadrature assez sévère, tempérée
toutefois par un style architectural d'une originalité remarquable.
Pour la première fois, la pierre est utilisée
pour les parties pleines et la brique pour les parties décoratives, innovation
qui connaîtra un grand succès au XVIIème siècle.
A l'intérieur de la cour se dressent trois tours, avec escaliers à
vis et coupoles en pierre, tandis que de grandes arcades soutiennent un étage
avec balcon. Des contreforts très saillants ornés de gargouilles
séparent les ouvertures et supportent, au sommet de l'édifice,
une balustrade rythmée par une succession de vases. Les façades
extérieures ne sont pas aussi harmonieuses, à cause du caractère
féodal du chemin de ronde des parties basses qui contraste avec le style
Renaissance des parties hautes. A la place des habituels combles couverts
d'ardoise, le toit du château est occupé par une immense terrasse
de près de trois mille mètres carrés. Chambiges s'est engagé
à couvrir tous les bâtiments en dalles de pierre de liais, extraites
des carrières de Notre Dame des Champs, près de Paris. Pour supporter
cette charge exceptionnelle, le dernier étage est voûté
et les murailles sont renforcées par d'énormes barres de pierre.
Cette prouesse fait sensation, et les contemporains s'émerveillent de
pouvoir accéder à la terrasse par un grand escalier partant de
la cour intérieure et de jouir depuis ce vaste promontoire d'une vue
splendide, illimitée dans toutes les directions. A l'intérieur
du château, l'élément le plus marquant des plans de François
1er reste une vaste salle des fêtes de quarante mètres de longueur
et douze mètres de hauteur, qui, malheureusement, masque la rosace de
la chapelle de Saint Louis.
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