FRANCOIS 1ER, CHEF D'ETAT

 

LA MORT DU DAUPHIN FRANCOIS
(16 août 1536)

En 1536, François perd son fils aîné. Le dauphin François meurt brutalement à Lyon le 10 août, à l'âge de dix huit ans, après avoir absorbé une boisson froide. Son frère, le futur Henri II, devient l'héritier de la couronne.

En ce début août 1536, François 1er et ses fils sont à Lyon. Charles Quint est en train d'envahir la Provence à le tête d'une formidable armée et le roi s'apprête à rejoindre le gros de ses troupes au sud-est d'Avignon. Le 2 août, avant de quitter Lyon, le dauphin François veut disputer une dernière partie de paume dans les prairies d'Ainay. Une chaleur orageuse s'est abattue sur la ville. Mais cette étouffante moiteur n'est pas de nature à dissuader le prince, rompu aux exercices de plein air. Son partenaire, l'un des gentilshommes de la Maison des enfants de France, ne le laisse guère souffler. A la fin de cette partie acharnée, le jeune François boit de l'eau glacée, apportée par le comte Sébastien de Montecucculli. Il éprouve alors une grande faiblesse. Est-ce surprenant après les efforts qu'il vient de fournir? Cependant il est brûlant de fièvre et respire avec difficulté. Il trouve cependant la force de suivre son père et ses frères.
Trois jours plus tard, à Vienne, François est au plus mal et poursuit le voyage sur un bateau qui descend le Rhône. Mais il doit être débarqué d'urgence à Tournon, où il meurt dans la nuit du 9 au 10 août, à l'âge de dix huit ans.

La douleur du roi est immense. François 1er retrouvait en son fils aîné son propre tempérament, son goût de plaire, un appétit de vivre que n'avait pas entamé une pénible captivité en Espagne comme otage de Charles Quint. Il comprend moins bien son deuxième fils, Henri, duc d'Orléans, plus jeune d'un an. C'est pourtant ce cadet si réservé et si timide qui va être investi de l'héritage de la Couronne de France. Le 11 août, à Valence où les deux hommes pleurent le défunt, le père déclare à son fils : "Mettez peine de l'imiter, en sorte que vous le surpassiez, et de vous faire tel et si vertueux que ceux qui aujourd'hui languissent du regret qu'ils ont de lui, recouvrent en vous de quoi apaiser ce regret. Je veux qu'à cette fin vous employiez votre coeur, esprit et entendement".
Mais le roi songe aussi à venger la mort de son fils. Car, dans son esprit, comme dans celui de la majorité de ses contemporains, il y a eu crime. Comment expliquer autrement que par l'empoisonnement la mort qui a frappé un jeune homme en pleine santé? A tout hasard, l'écuyer Montecucculi a été immédiatement arrêté après le décès du dauphin. Ce gentilhomme italien, autrefois au service de Charles Quint, est arrivé en France dans la suite de Catherine de Médicis, l'épouse d'Henri. Il est entièrement dévoué aux enfants royaux qui ont pleinement confiance en lui.

Le poète Ronsard, page du défunt dauphin depuis moins d'une semaine, assiste à l'autopsie. L'examen montre des poumons gâtés, mais ne révèle nulle trace de poison. Ce n'est pas suffisant pour conclure à une mort naturelle. On cherche des preuves contre Montecucculi, et on en découvre... On aurait trouvé dans ses affaires des documents à charge tels qu'un traité sur les poisons. Sous la torture, le malheureux avoue avoir empoisonné le dauphin, obéissant aux ordres d'agents de Charles Quint en Italie. Malgré ses rétractations, il est condamné, lors d'un procès qui se déroule à Lyon en octobre, à "être démembré tout vif à quatre chevaux". Le supplice a lieu place de la Grenette. La population lyonnaise "coupe ses restes en petits morceaux, lui taillade le nez, lui arrache les yeux, lui brise les mâchoires, traîne la tête dans la boue et le fait mourir mille fois après sa mort".
Charles Quint, informé des aveux arrachés à Montecucculi, proteste de son innocence et contre-attaque. Des libelles répandent le bruit que les véritables coupables sont ceux à qui le crime profite, à savoir Henri et son épouse Catherine de Médicis. François 1er ne prête pas attention à ces allégations. Henri est désormais dauphin tandis que son troisième fils, Charles, reprend le titre de duc d'Orléans.
La dépouille mortelle du jeune François restera à Tournon jusqu'à la mort de son père, en 1547. Selon la volonté d'Henri II, elle sera inhumée à Saint Denis, en même que celles de son frère Charles, décédé en 1545, et de François 1er.

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