A LA BATAILLE DE BICOQUE, LA FRANCE PERD LE MILANAIS (27
avril 1522)
En 1522, François 1er espère reprendre
le duché de Milan, perdu un an plus tôt. Son armée est puissante et ses chefs
valeureux. Mais à la Bicoque, les Suisses, qui ont engagé la bataille contre les
Impériaux, font défection en plein combat.
Depuis mars 1521, les armées de
François 1er et de Charles Quint s'affrontent en Navarre, en Flandre et en Italie. Dans
le Milanais, occupé par les Français depuis 1515, les évènements tournent au drame.
Odet de Foix, seigneur de Lautrec qui gouverne le duché, est empêché d'agir par une
révolte populaire et recule devant les Impériaux. Le 24 novembre, les Milanais
exaspérés par les exigences fiscales et par l'arrogance des Français, livrent leur
ville à François Marie Sforza, frère de l'ancien duc en titre, exilé en France. Seule
la citadelle tient encore. La plus grande partie du duché est perdue.
François 1er, pourtant, garde l'espoir de reconquérir le Milanais. Il traite avec les
Suisses pour envoyer des renforts à Lautrec. Au printemps 1522, il peut compter sur 16
000 solides Helvètes, 5 000 Florentins, 4 000 Vénitiens, 3 000 Français, commandés par
La Palisse, Montmorency et le condottiere Jean de Médicis. Le vicomte de Lautrec a une
belle armée sous ses ordres! Mais est-il à la hauteur de la situation? Sa bravoure n'est
pas en cause. Ses talents de stratège, en revanche, laissent dubitatifs certains
observateurs qui s'étonnent de le voir confirmé dans ses fonctions après la perte de
Milan. On murmure qu'il doit sa position en sa qualité de frère de la maîtresse du roi,
la belle Françoise de Chateaubriand.
Le début de la campagne est prometteur. Montmorency chasse les Impériaux de Novare où
les Espagnols poussent la cruauté, dit-on, jusqu'à faire manger leurs chevaux dans
le ventre des prisonniers morts. Lautrec espère prendre Pavie qui résiste. Il marche
alors sur Milan, puis décide de revenir sur Pavie. Quelqu'un surveille avec intérêt ces
mouvements qui trahissent une certaine indécision. C'est Prospero Colonna, commandant des
Impériaux. Celui-ci décide de bloquer les troupes royales entre Milan et Pavie au
lieu-dit la Biccoca.
"C'était, raconte Martin du Bellay dans ses Mémoires, la
maison d'un gentilhomme, circuite de grands fossés, et le circuit était si grand qu'il
était suffisant pour mettre 20 000 hommes en bataille". Colonna s'y établi,
dispose son artillerie et transforme l'immense propriété en véritable camp retranché.
Son objectif est d'attirer les Français et de les immobiliser.
De fait, Lautrec estime plus prudent de
mettre le siège devant la Bicoque. Mais les Suisses s'impatientent. Ils sont fatigués de
ces marches et n'ont pas reçu leur solde. Ils menacent de partir s'ils ne touchent pas
leur dû. S'il y a combat, au moins peuvent-ils espérer se payer sur le butin. "Argent, congé ou bataille", donnent-ils à choisir au
généralissime français.
Lautrec affirme que le roi lui a envoyé de l'argent et que les coffres sont sur le point
d'arriver. C'est une question de quelques jours, jure-t-il. Il tente enfin de convaincre
les Suisses que ce serait une folie d'attaquer la Bicoque dans les conditions actuelles.
Rien n'y fait. Ils sont, à la vérité, vrais gens de guerre et servent comme de remparts
à une armée. Mais il faut que l'argent ne manque pas, ni les vivres aussi. Plutôt que
de voir les mercenaires suisses rentrer chez eux, Lautrec préfère donner l'ordre
d'attaquer, le 27 avril.
Les Suisses attaquent, mais se heurtent
au dispositif de défense de Colonna. Ils ne peuvent ni franchir les fossés, ni escalader
les remparts. Leurs pertes sont effroyables. Alors que Lautrec croit qu'ils vont enfin
arriver à leurs fins, ils se replient et quittent le champ de bataille. Deux mille morts
gisent sur le terrain. Il ne reste plus qu'à faire retraite. Le Milanais est perdu.
Lautrec franchit les Alpes et rejoint François 1er qui s'est installé à Lyon, attendant
les nouvelles d'Italie. Les Mémoires de Bellay racontent que le souverain accable son
général de reproches pour avoir perdu le Milanais. Celui-ci se défend, répond
hardiment que c'est le roi qui l'a perdu, en n'envoyant pas l'argent des Suisses qui
n'avaient pas été payés depuis 18 mois! François 1er est stupéfait : où sont
passées les 400 000 écus qu'il a donné ordre d'expédier en Italie? Jacques de Beaune,
seigneur de Semblançay et maître des Finances, affirme avoir remis la somme à la
reine-mère, Louise de Savoie.
Le roi, "le visage courroucé", demande des explications à sa mère. Louise se
défend. Elle avait avancé de l'argent au Trésor Royal et Semblançay lui aurait
proposé de rentrer dans ses fonds. Par respect filial, François 1er
n'approfondit pas
la question...
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