LES VALOIS
FRANCOIS 1ER, CHEF DE GUERRE |
CAMBRAI : LA "PAIX DES DAMES" Ce 5 août 1529 est un grand jour pour deux femmes. Aujourd'hui, Louise de Savoie et Marguerite d'Autriche fêtent la paix. Une aspiration très féminine. Et leur coeur se réjouit de la réconciliation d'un fils et d'un neveu turbulents. En effet, François 1er et Charles Quint ont décidé de ne plus se faire la guerre. La paix de Cambrai qu'on appellera la Paix des Dames, met fin à la seconde guerre entre la France et la maison d'Autriche. Après la grand-messe d'action de grâces à la cathédrale de Cambrai, François 1er célèbre l'événement en donnant un banquet. Pour l'occasion sa mère, Louise de Savoie, et Marguerite d'Autriche, la tante de Charles Quint, sont parées de leurs plus beaux bijoux et ont revêtu des robes du même velours noir. Comme pour marquer leur complicité, leur cohésion, leur commune et totale adhésion à une conspiration pacifique. Et aussi leurs liens. Car elles sont proches, malgré le destin et les alliances qui les ont éloignées. Même si elles ne se sont pas rencontrées depuis vingt cinq ans, elles ont grandi ensemble à Amboise et n'oublient ni leur enfance ni leurs racines. Louise, qui a épousé Charles d'Angoulême, a veillé avec soin à l'éducation du futur François 1er. De son côté, Marguerite, devenue gouvernante des Pays Bas et dévouée aux Habsbourg, a élevé son neveu, le futur Charles Quint, comme son fils. Chacune a eu l'ambition de faire du jeune homme confié à ses soins, le meilleur, le plus grand, le plus souverain. Il est vrai qu'elles ont contribué, naguère, à échauffer les ardeurs conquérantes de ces deux guerriers. Mais elle le regrettent à présent qu'elles vont signer la paix, l'une au nom de son fils, l'autre au nom de son neveu. Louise a cinquante trois ans et Marguerite en a quarante neuf. Un temps de la vie propice à la réflexion, au recul, à la sérénité. Veuves toutes les deux, Louise et Marguerite vivent au rythme de leur royale progéniture, attentives, affolées. François et Charles se font la guerre depuis 1521. L'Europe, de l'Italie à la Hongrie, est devenu un vaste champ de bataille. Les armées sont exsangues. Vaincu à Pavie, le 24 février 1524, François 1er a été fait prisonnier par Charles Quint. Il n'a été libéré qu'au bout d'un an. Mais ses fils, le dauphin François, onze ans, et Henri, dix ans, sont toujours retenus comme otages en Espagne. C'est d'ailleurs pour négocier le sort de ses petits-enfants que Louise a décidé de s'adresser directement à Marguerite. Elles se sont beaucoup écrit pendant les derniers mois. A propos des enfants, et aussi de la paix qu'ils méritent. "Nous devrons nécessairement discuter et argumenter, mais j'espère que ce sera sans colère", dit Louise. "Nous labourons la paix", répond Marguerite. Elles discutent par messagers interposés et dans le plus grand secret. François 1er et Charles Quint attendent, faisant mine de rien. Ils ont aussi envie d'arrêter les combats, et espèrent beaucoup de cette intervention, mais entendent ménager leur fierté et leur honneur. Tous deux, afin de sauver la face en cas d'échec, ont prévu de jouer l'ignorance totale. Mais Louise et Marguerite gagnent. En
juin 1529, les deux parties parviennent à un accord global. François 1er y perd, mais il
n'a pas le choix à cause de sa faiblesse stratégique et de ses récentes défaites. Le
roi de France renonce à ses droits de suzeraineté sur la Flandre et l'Artois. Il
abandonne également ses prétentions sur l'Italie. Il accepte enfin de payer une rançon
de deux
millions d'écus d'or pour faire libérer ses fils. De son côté, Charles Quint cède la
Bourgogne, les comtés d'Auxerre et de Mâcon ainsi que la principauté d'Orange. Page MAJ ou créée le |