CHANCELIER DE FRANCOIS 1ER
Le 7 janvier 1515, peu après son
accession au trône, François 1er nomme son ancien précepteur,
Antoine Duprat, à la charge de Chancelier de France. Ce juriste habile,
qui a fait ses preuves au service des Valois, va oeuvrer inlassablement pour
asseoir le pouvoir absolu du souverain.
Grave et bedonnant, l'homme a le sourire rare. Ses lèvres
pincées, son visage blafard, sa rudesse et son manque d'affabilité
désarçonnent souvent, à commencer par François 1er.
Mais Antoine Duprat est un juriste habile, très exigeant en affaires,
"scientifique et subtil". Le 7 janvier 1515, il est imposé
à la charge de chancelier de France par Louise de Savoie. La mère
du roi connaît depuis longtemps cet homme de cinquante deux ans qui a
été le précepteur de son fils et dont elle apprécie
la solidité et la souplesse d'esprit, l'énergie et les vues pénétrantes. A
dater de ce jour, le nouveau chancelier va diriger l'action juridique et politique
de François 1er. Jamais il ne faillira à cette tâche. Jamais
il ne refusera une décision du roi, pas même les plus discutables.
Désormais, sa vie va être consacrée au service du monarque
et à l'affirmation de sa souveraineté.
Né le 17 janvier 1463 à Issoire, Antoine
Duprat est issu d'une famille de marchands auvergnats qui, fortune faite, sont
devenus gens de robe au service des ducs de Berry. Après ses études
de droit, il a été nommé lieutenant de bailliage et, en
1495, avocat général au Parlement de Toulouse. A quarante ans,
il a obtenu la charge de maître des requêtes auprès de Louis
XII. Puis, poursuivant sa brillante ascension, il a accédé en
1508 à la charge de premier président du Parlement de Paris. En
prenant ses fonctions, Duprat connaît l'absolutisme du souverain, sa volonté
de renforcer le pouvoir royal. Ce qui exige un ferme contrôle sur le Parlement.
En tant qu'ancien premier président, le chancelier en connaît le
fonctionnement autant que les hommes, qu'il ne semble pas tenir en haute estime.
Sans états d'âme, il emploie toutes ses forces à affaiblir
les compétences de cette assemblée et à les réduire
au seul domaine juridique. Dès 1516, un bras de fer l'oppose au Parlement,
qui refuse de ratifier le concordat de Bologne, signé entre le roi et
le pape Léon X. Et, pour arriver à ses fins et faire plier les
magistrats, il n'hésite pas à user de la force et de la menace. En
février 1525, après le désastre de Pavie, Duprat doit s'engager
dans une nouvelle épreuve de force. Profitant de la captivité
de François 1er, emprisonné à Madrid dans les geôles
de l'Empereur Charles Quint, le Parlement accuse le chancelier d'être
la cause de la défaite et tente de le déposer. En vain, Louise
de Savoie, régente du royaume, le défend bec et ongles. Mieux,
se présentant devant le Parlement, il défend et impose le traité
d'alliance avec l'Angleterre malgré la réticence des magistrats,
soucieux des concessions faites au roi Henry VIII.
La diplomatie n'est pas l'activité de prédilection
du chancelier Duprat. Elle l'oblige à s'éloigner de la Cour, où
sont centralisés tous les pouvoirs, mais où s'ourdissent aussi
toutes les intrigues. Aussi répugne-t-il à s'écarter très
longtemps de l'entourage de François 1er et préfère-t-il
laisser à d'autres le soin de finaliser les accords dont il se
contente de jeter les bases. Par ailleurs, il n'est pas à son aise comme
négociateur de terrain : certes, il est tenace, mais il montre trop d'intransigeance
et s'impatiente vite. Fin juin 1519, l'échec de François 1er
à l'élection au trône impérial constitue la première
déconvenue du chancelier. L'année suivante, à l'occasion
de l'entrevue du Valois et d'Henry VIII au camp du Drap d'Or, il est désemparé
par le sang-froid et la vigueur retorse du cardinal Thomas Wolsey, Premier Ministre
du roi d'Angleterre. Il ne peut empêcher le traité de neutralité
passé secrètement entre l'Anglais et Charles Quint, ennemi juré
du roi de France. Dès lors, il renonce au rôle de négociateur.
Cependant, en matière de diplomatie, sa force réside dans des
dossiers précis, bien préparés. Là, sa patience
est sans limites, sa volonté d'aboutir inlassable. Et lorsque les pourparlers
semblent bloqués, il est un moyen qu'il affectionne : l'argent. En 1525,
il règle avec finesse la querelle juridique préalable à
la négociation du traité de Madrid qui oppose l'Empereur et François
1er sur leurs possessions, la Bourgogne pour le premier, le Milanais pour le
second. Le 5 août 1529, c'est encore lui qui préside la conférence
de Cambrai, où la paix des Dames est signée entre Louise de Savoie
et Marguerite d'Autriche, la tante de Charles Quint.
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