HENRI II, LES PERSONNALITES

 

LE DUC FRANCOIS DE GUISE, LIEUTENANT GENERAL DU ROYAUME

Auprès d'Henri II, roi faible mais imbu de son autorité, la guerre fait rage pour savoir qui, du connétable Anne de Montmorency ou des frères François et Charles de Guise, aura la haute main sur les affaires de l'Etat. Les guerres plus sanglantes, contre le roi Philippe II d'Espagne vont décider de la fortune des Guise, et en particulier du duc François qui va être nommé lieutenant général du royaume le 20 octobre 1557.

Peinture anonyme de François de Lorraine, duc de Guise, conservée au musée du Louvre à ParisIls sont deux au Gouvernement du roi Henri II. L'aîné, le duc François, né en 1519, est un remarquable homme de guerre doublé d'un politique avisé. Ses manières courtoises, sa grâce, à l'opposé de la rudesse du connétable Anne de Montmorency, lui attirent la sympathie de tous. Charles, son cadet de cinq ans, est le brillant cardinal de Lorraine, intransigeant par profession, mais foncièrement incroyant et sans scrupules.
A eux deux, ils tiennent la noblesse et le clergé. Leurs liens avec le royaume d'Ecosse (leur soeur Marie est la veuve du roi Jacques V et la mère de la jeune Marie Stuart) placent leur Maison au premier plan. Si, jusqu'en 1556, le connétable de Montmorency a de l'ascendant sur le roi, à partir de cette année là, les rivalités s'exaspèrent.

Anne de Montmorency croit asseoir définitivement son pouvoir en mariant son fils François à Diane, la fille légitimée d'Henri II et de Filippa Duci. Les Guise, quant à eux, préparent leur triomphe en arrangeant les prochaines noces de leur nièce Marie Stuart avec le dauphin François, le futur François II. Espérant assurer ainsi le présent et l'avenir de leur lignage, ils gonflent leurs prétentions. Si le duc de Guise échoue à enlever au connétable la charge de Grand Maître de la Maison du roi, le cardinal fait destituer de la charge de colonel général de l'infanterie François d'Andelot, parent de Montmorency, dont il dénonce au souverain l'adhésion à la Réforme.
Toutes ces luttes ne sont pas sans influer sur la politique extérieure de la France, et pas toujours pour le meilleur, car, plus encore que leur rival, les Guise ne craignent pas de subordonner les affaires du royaume à leurs visées personnelles. La trêve de Vaucelles, conclue avec Philippe II d'Espagne, s'étant négociée sans lui, le duc de Guise pousse à la guerre. D'ailleurs, le roi de France n'a toujours pas renoncé aux conquêtes italiennes et se heurte à la puissance espagnole qui, par ses possessions des Pays Bas, de Franche Comté et du Milanais et par son alliance avec l'Angleterre (la reine Marie 1ère Tudor est l'épouse de Philippe II), encercle la France.
François de Guise franchit les Alpes avec treize mille hommes dans le dessein de s'emparer de Naples, peut être pour son propre compte. En janvier 1557, tandis qu'il échoue en Italie, la guerre est officiellement déclarée dans le nord-est de la France.

Au mois d'août, soixante mille hommes commandés par le duc Emmanuel Philibert de Savoie, allié du roi d'Espagne, marchent sur Saint Quentin. L'amiral Gaspard de Coligny, frère d'Andelot, organise la défense, mais ne peut tenir longtemps sans le secours de l'armée royale, dont Montmorency a pris le commandement. Le connétable agit avec maladresse : au lieu d'attaquer par surprise, il perd un temps fou à déplacer ses troupes, au demeurant peu nombreuses. Le duc de Savoie en profite pour se lancer à l'assaut, faisant trois mille morts, encore plus de blessés et des prisonniers prestigieux, tels Montmorency lui même, le duc de Longueville, le duc de Montpensier et le comte de La Rochefoucauld : de ce désastre le connétable est entièrement responsable. Coligny résiste tant qu'il peut, mais Saint Quentin finit par être prise et est ruinée en quelques heures.
Philippe II semble hésiter à marcher sur Paris, désormais ville ouverte, et préfère prendre d'abord Ham, Noyon et Chauny. Tandis que la capitale est gagnée par la panique, Henri II rassemble ses troupes et des renforts suisses, convoque le ban et l'arrière ban de sa noblesse. Le 6 octobre, le duc de Guise, revenu d'Italie en hâte, est à Saint Germain en Laye. Il a le champ libre : le connétable et les grands sont prisonniers, le parti de Montmorency est abattu par l'effroyable incapacité militaire de son chef, et même le rôle de Coligny est discuté. Le désastre de Saint Quentin fait oublier l'échec de sa campagne de Naples, et il fait à présent figure de seul sauveur possible pour la France. Le 20 octobre, par lettres patentes, Henri II s'empresse de le nommer lieutenant général du royaume, ce qui met l'armée, chefs et soldats, à sa discrétion. Bientôt, Philippe II se trouve face aux cinquante mille hommes commandés par Guise, alors que le duc de Savoie, ne pouvant solder ses troupes, doit les licencier. La bataille de Paris n'aura pas lieu. Mais François de Guise est désormais l'homme fort du royaume et va bientôt reprendre Calais aux Anglais.

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