HENRI II, CHEF DE GUERRE
LA COOPERATION FRANCO-OTTOMANE (1547 - 1558)

 

LA COLLABORATION FRANCO-OTTOMANE
(1547 - 1552)

Aussitôt monté sur le trône, Henri II envoie un ambassadeur à Soliman le Magnifique pour lui signifier son intention de maintenir l'alliance conclue par François 1er contre Charles Quint. Comme son père, il ne se laisse pas impressionner par ceux qui l'accusent de trahir la Chrétienté. Quant en 1551, il reprend la guerre contre l'Empire sur le front italien, le roi fait appel au sultan.

Dès qu'il prend la succession de François 1er, mort le 31 mars 1547, Henri II envoie le baron de Fumel et le sieur de Lucson annoncer son avènement à Soliman le Magnifique. Les deux gentilshommes ont pour mission d'expliquer au sultan combien le roi de France est désireux de développer l'amitié entre son royaume et la Sublime Porte. Il n'y a toutefois pas d'urgence à réactiver l'alliance militaire contre Charles Quint. La priorité pour Henri II, en matière de politique étrangère, est de régler le contentieux avec l'Angleterre. De son côté, Soliman se consacre aux affaires de Perse.
Tout change à partir de 1550. Le roi, débarrassé de la guerre avec l'Angleterre, intrigue pour que le sultan rompe sa trêve avec les Habsbourg. Soliman qui n'en a pas fini avec le sofi de Perse, n'est pas pressé de faire la guerre à l'Empereur. Néanmoins, pour bien signifier que son amitié avec la France reste intacte, il emmène dans son expédition contre l'Iran l'envoyé d'Henri II, Gabriel d'Aramon. Ce dernier, plus très jeune, se serait bien passé de cette aventure épuisante. Mais on ne refuse pas un tel honneur! "Quelle gloire pour cet ambassadeur et pour sa nation française!", s'extasiera le mémorialiste Brantôme.

Au cours de l'été 1551, Henri II reprend la guerre en Italie, contre le pape Jules III et Charles Quint. Comme avant lui son père, il fait appel à la puissante flotte ottomane. La France a fait un effort considérable pour développer sa marine de guerre : entre 1547 et 1550, elle a investi un million de livres tournois et fait mettre en chantier vingt six galères à Marseille et à Toulon. Elle peut aligner cinquante bâtiments en Méditerranée, autant qu'en Manche et dans l'Atlantique, et le système d'inscription maritime permet de disposer à tout moment d'équipages compétents. La flotte royale n'en demeure pas moins modeste en regard de l'armada ottomane. Celle-ci n'a nullement été affaiblie par la mort, en mai 1546, du célèbre Barberousse, à qui ont succédé des capitaines de la même trempe.
Gabriel d'Aramon n'obtient pas de Soliman les galères espérées. Mais le sultan promet d'envoyer, l'année suivante, cinquante navires à la France. En attendant, l'ambassadeur est invité à accompagner le célèbre corsaire Turgut Reis, qui, en août, s'en va mettre le siège devant Tripoli et s'emparer de la ville, tenue par les Chevaliers de Malte.
La campagne de 1552 a pour but de conquérir le royaume de Naples, sur la proposition du prince de Salerne, l'un des principaux bannis napolitains. Le plan repose sur la réunion des flottes ottomane et française dans le golfe de Naples. C'est le capitaine Polin, baron de La Garde, bien connu de la Sublime Porte, qui commande la marine royale. On l'a sorti de la prison où il avait été jeté après le massacre des Vaudois pour remplacer Leone Strozzi, cousin de la reine Catherine de Médicis, qui a organisé les nouvelles forces navales mais a dû s'exiler à la suite d'une rixe d'ordre privé, en septembre 1551.

Dès le 4 juillet 1552, Sinan Pacha, le successeur de Barberousse, croise en Méditerranée occidentale. Son escadre est accompagnée des deux galères françaises commandées par Gabriel d'Aramon. Le Grand Amiral incendie Reggio de Calabre, puis Policastro et atteint la baie de Naples où il manque sa jonction avec la flotte du baron de La Garde. Ce dernier l'attend depuis juillet, avec vingt quatre galères et deux frégates, au large de la Corse, où il croit que le rendez vous est fixé. Ce n'est pas le Français, mais le Génois Andréa Doria, à la tête des forces ennemies, que Sinan Pacha va rencontrer le 5 août 1552.
Malgré une victoire aisée, le capitan-pacha fait demi-tour. Si le baron de La Garde avait rejoint les Ottomans à ce moment-là, la flotte impériale aurait pu être détruite et Naples conquise. Sinan refuse de prêter plus longtemps l'oreille aux supplications de l'ambassadeur de France et fait route vers Constantinople. Pendant ce temps, La Garde, inquiet, quitte la Corse le 25 août. Il part à la recherche de son allié ottoman le long des côtes de Calabre, mais ne le rejoint que dans les îles ioniennes. Sinan-Pacha refuse de faire demi-tour, tout comme de prêter trente galères à la flotte royale. Il lui offre, en revanche, d'hiverner au Levant et de repartir l'année suivante avec le renfort de deux cents voiles ottomanes. La saison est déjà bien avancée, aussi le baron de La Garde accepte cette proposition et s'en va prendre ses quartiers d'hiver à Chio.

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