LES VALOIS
HENRI II, CHEF D'ETAT |
CLAUDE DE VALOIS ET CHARLES DE LORRAINE : L'ALLIANCE
DU ROYAUME ET DU DUCHE Après s'être maître rendu de la Lorraine, Henri II entend, face à son ennemi l'Empereur Charles Quint, consolider son emprise sur le duché. Cette alliance doit être scellée par le mariage de sa deuxième fille, Claude de Valois, avec le duc Charles III. Les jeunes gens, qui ont grandi ensemble et sont très attachés l'un à l'autre, vont échanger leurs consentements le 22 janvier 1559. Le 12 février 1552, Henri II a déclaré la guerre à l'Empereur Charles Quint. Un peu moins de deux mois plus tard, il s'est emparé des Trois Evêchés, Metz, Toul et Verdun, et s'est rendu maître de la Lorraine. Le duché étant terre d'Empire, le duc Charles de Lorraine doit donc allégeance à l'Empereur. Mais le jeune prince est aussi duc de Bar et, à ce titre, vassal du roi de France. C'est pour cette raison qu'Henri II entend se rendre à Nancy, la capitale de la Lorraine, et y être reçu avec les égards dus à un suzerain. Peu lui chaut que la duchesse régente Christine de Danemark, nièce de Charles Quint et mère de Charles III encore mineur, n'apprécie pas sa résolution; cependant, il se fait précéder par Charles de Guise, cardinal de Lorraine et cousin du défunt duc François 1er, qui est chargé d'aplanir les difficultés. Dès son arrivée à Nancy, le 14 avril, le
roi s'empare du petit duc et l'envoie à la Cour de France, où il sera élevé
avec ses enfants. Les places fortes de Lorraine, où le connétable Anne de Montmorency
est chargé d'établir des garnisons, seront pour les armées françaises de solides
bases arrière d'où seront lancées les opérations militaires contre l'Empire.
"L'enlèvement" de Charles III répond au même dessein : pour avoir
barre sur Charles Quint et s'attacher étroitement le duché, Henri II prévoit
d'en marier l'héritier à sa deuxième fille, Claude de Valois. En attendant la
majorité du prince, un de ses oncles, monsieur de Vaudémont, est nommé régent
à la place de Christine de Danemark et chargé du gouvernement de ses domaines,
après avoir, comme toute la noblesse du cru, prêté serment au roi, "protecteur
et conservateur des personnes et biens du duc". Signant ainsi son retour en grâce auprès
du roi, le connétable de Montmorency est le grand organisateur des cérémonies.
Le clou des festivités est un carrousel, jeu équestre au cours duquel les cavaliers
exécutent des exercices de quadrille. Dans la nuit du 20 au 21 janvier, la rue
Saint Antoine, éclairée par quarante huit flambeaux, est le théâtre d'un carrousel aussi
splendide que singulier. Une partie des cavaliers, montés sur de petits chevaux,
est armée à la turque, l'autre à la mauresque. A l'instar de son père François
1er, Henri II n'a pas hésité à faire alliance contre Charles Quint avec le sultan
Soliman le Magnifique, et les "turqueries" sont alors très en vogue,
apportant aux costumes, aux danses et aux musiques une note d'exotisme oriental.
Le roi, le dauphin François et les princes de leur suite sont vêtus d'habits
turcs en soie blanche. Un carquois à l'épaule gauche, une boule de terre cuite
dans une main et un bouclier dans l'autre, ils quittent la résidence royale
de l'hôtel des Tournelles, précédés de trompettes, de tambours et de timbales,
ainsi que d'une douzaine d'hommes montés sur des ânes et vêtus de blanc à la
façon des janissaires, les gardes d'élite du sultan. Leurs "adversaires",
les Maures sortent de l'hôtel de Montmorency pour venir leur faire face. Les
boules éclatent telles des grenades : c'est le signal du début des "combats",
duels puis affrontements collectifs. Ces joutes s'achèvent par une danse des
cavaliers au rythme d'une fantaisie orientale. Page MAJ ou créée le |