L'INHUMATION D'HENRI II
Le 13 août 1559, Henri II est inhumé à
la nécropole royale de Saint Denis. Célébrées un mois après sa mort, ses funérailles
marquent la fin officielle et symbolique de son règne, et préludent à la longue
période troublée des guerres de Religion.
Henri II est mort le 10 juillet 1559. Dix
neuf jours plus tard, son cercueil a été descendu de sa chambre du palais des
Tournelles pour être exposé dans la grande salle du rez de chaussée. Là, la
Cour et le peuple sont venus lui rendre un dernier hommage et ont assisté à
un curieux simulacre, rituel funéraire par lequel le souverain, ayant déjà quitté
les vivants mais pas encore rejoint les morts, a été représenté par une effigie
à ses traits, honoré et nourri symboliquement avec faste et solennité. Au
palais du Louvre, le jeune roi François II et la reine Marie Stuart s'apprêtent
à inaugurer leur règne. Catherine de Médicis, pressentant peut-être la lutte
pour le pouvoir qui s'annonce, refuse de vivre en recluse pendant quarante jours comme
le veut la coutume. Elle s'installe près de son fils et reste vigilante à l'évolution
du climat politique. Son seul soulagement est de voir sa rivale, Diane de Poitiers,
évincée. Epouse du feu roi et mère de l'héritier du trône, la Florentine n'entend
pas partager son statut de veuve.
Un mois après la mort du roi, le vendredi
11 août, une procession de représentants d'ordres mendiants et de cinq
cents pauvres
portant des flambeaux de cire escorte l'effigie et le cercueil du défunt jusqu'à
Notre Dame de Paris. Pendant deux jours, services funèbres et messes de requiem
sont célébrées dans la cathédrale. Le dimanche 13 août commence une lente
et longue traversée de la capitale jusqu'à la nécropole royale de Saint Denis,
où Henri II va rejoindre ses prestigieux ancêtres. Le convoi funéraire s'étire
dans une pompe solennelle, salué par la foule des Parisiens en larmes. A l'abbatiale
de Saint Denis, l'effigie représentant le roi est détruite. Puis, le cercueil
est descendu dans le caveau pendant qu'on procède à l'appel des dignitaires
de la Maison royale. Chacun s'avance à son tour et dépose près de la bière l'insigne
de sa fonction en attendant d'être reconduit ou de voir son successeur désigné
par le nouveau roi. A l'appel de son nom, Jacques de Montgomery, seigneur de
Lorges, portant l'enseigne des cent archers de la garde écossaise, sursaute.
Tous les regards se tournent vers ce noble vieillard, qui ne peut dissimuler
son inquiétude et sa confusion : car c'est la lance de son fils Gabriel, désormais
banni de la Cour, qui a causé la mort du roi lors du tragique tournoi du 30
juin.
A la fin du service funèbre, le duc Anne
de Montmorency prononce par trois fois la formule consacrée : "Le
roi est mort! Vive le roi François, deuxième de ce nom, par la grâce de Dieu
roi de France très chrétien!" Pendant que Montmorency
brise son bâton de connétable et de grand maître des cérémonies, le duc François
de Guise, grand chambellan, relève la bannière de France. Ces gestes symboliques
marquent le changement de règne et la passation solennelle des pouvoirs. Une
ère nouvelle s'ouvre. Nul ne sait encore si elle sera favorable au royaume.
François II, jeune roi de quinze ans, songe à peine à l'avenir. Son épouse, Marie
Stuart, rayonne, ignorant à quelle fin tragique elle est destinée. Les Guise,
oncles de la nouvelle reine, prennent tout juste la peine de cacher leur détermination
à s'arroger le gouvernement. Les huguenots se réjouissent de la disparition
d'un souverain hostile à leur religion et considèrent la mort d'Henri II comme
un "jugement de Dieu". Quant à Catherine de Médicis, dont le chagrin
est sincère et la peine profonde, elle a changé d'emblème : elle a choisi la
lance, en souvenir du drame qui lui a enlevé son époux, accompagné de la devise
Lacrimae hinc, hinc dolor ("voici la source de mes larmes et de
ma douleur"), et une montagne de chaux vive, symbolisant la persistance
de son amour. Et surtout, elle enrage de ne plus être désormais "que"
la mère du roi et de devoir céder la préséance à sa ravissante belle-fille.
La lutte pour le pouvoir ne fait que commencer...
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