PHILIPPE II D'ESPAGNE EPOUSE ELISABETH DE VALOIS Conformément au traité du Cateau Cambrésis,
le mariage de Philippe II d'Espagne et d'Elisabeth, la fille d'Henri II, scelle
la réconciliation entre Valois et Habsbourg après quarante ans de rivalité.
Il est célébré par procuration le 22 juin 1559 à Paris, juste avant la mort
du roi de France. Sept mois plus tard, à Guadalajara, la jeune reine, que ses
sujets appelleront bientôt "Isabelle de la paix", rencontre son époux
pour la première fois.
Deux alliances matrimoniales doivent sceller
la paix conclue le 3 avril 1559 au Cateau Cambrésis : Henri II donne sa soeur
Marguerite à Emmanuel Philibert de Savoie et sa fille aînée, Elisabeth, à Philippe
II d'Espagne. Le fils de Charles Quint vient de perdre sa deuxième femme, la
reine Marie Tudor, et a accepté l'offre du Valois après que la nouvelle souveraine
d'Angleterre, Elizabeth 1ère, a refusé de l'épouser. Les quatre
cent mille écus d'or de
la dot d'Elisabeth lui permettront de régler l'arriéré de solde des troupes
espagnoles aux Pays Bas. Le roi de France, qui fait désormais une priorité de
la lutte contre l'extension du protestantisme en son royaume, pouvait-il rêver
meilleur gendre que ce très puissant et très catholique voisin. L'usage veut
que le roi d'Espagne n'aille pas chercher son épouse, mais qu'on la lui amène.
Aussi Philippe II, resté à Bruxelles, a-t-il délégué en France le duc d'Albe,
le prince d'Orange et le comte d'Egmont. Le 22 juin 1559, le mariage par procuration
est célébré à la cathédrale Notre Dame de Paris. Puis, afin de "consommer
le mariage", on procède devant témoins à une autre cérémonie : Elisabeth,
couchée sur un lit, a la jambe droite dénudée; le duc d'Albe s'allonge à côté
d'elle, sa jambe nue contre celle de le jeune femme. Au premier contact, le
mariage est déclaré consommé.
Lors des fêtes données à l'occasion des
noces, Henri II est mortellement blessé au cours d'un tournoi. Avant de mourir,
le 10 juillet, il recommande le dauphin, le futur François II, au roi d'Espagne.
Philippe II semble bien décidé à protéger son jeune beau-frère, puisqu'il lui
remet, par l'entremise du comte de Savoie, le collier de la Toison d'Or. Catherine
de Médicis cherche à retarder le départ de sa fille, âgée de quatorze ans, tout juste
nubile et de santé fragile. Mais Philippe II, rentré en août en Espagne, la
réclame. En novembre, l'adolescente prend donc congé des siens et se met en
route sous la conduite d'Antoine de Bourbon Vendôme. Le 31 janvier 1560, elle
rencontre pour la première fois son mari, dans la grande salle du palais de
Gualajara, non loin de Madrid. Agé de trente deux ans, déjà deux fois veuf, Philippe
II est un petit homme blond aux yeux gris, au regard fixe et froid. Il est tout
de suite séduit par Elisabeth. Brune, le teint coloré, "ni
grosse, ni grande et pas trop belle de figure", la
fille d'Henri II et de Catherine de Médicis est vive et gracieuse. Elle est,
et restera toute sa vie, d'un tempérament enjoué. Rougissante, elle s'avance
vers son époux, et tous deux se rendent à la chapelle. Là, le cardinal Mendoza
procède à l'échange des consentements et à la bénédiction nuptiale. La cérémonie
religieuse est suivie d'un repas, pris en silence selon le protocole bourguignon.
La reine, intimidée, déjeune avec son époux, tandis que dans la salle voisine
leurs suites se divertissent lors d'un banquet agrémenté de musique. Puis le
couple royal regarde du balcon les fêtes données pour ses noces, danses populaires,
joutes et courses de taureaux.
La glace n'est pas immédiatement rompue
entre les deux époux, si bien que Philippe II, embarrassé d'être dévisagé par
la jeune Française, demande soudain : "Voudriez
vous voir, par hasard, si j'ai des cheveux blancs?"
Selon le mémorialiste Brantôme, qui rapporte l'anecdote, la gêne provoquée par
la différence d'âge mettra un certain temps à se dissiper. Comme l'adolescente
n'est pas encore apte à être mère, le mariage n'est pas consommé. Il ne le sera
qu'au mois de mai de l'année suivante. Après deux jours de festivités, le
couple se met en route pour Tolède, où l'attendent de nouvelles réjouissances.
Partout, la petite reine fait la conquête des coeurs. Les Espagnols lui donnent
un nouveau prénom, Isabelle, et la surnomment bientôt "Isabelle
de la paix". Son beau-fils, don Carlos, né du premier
mariage de Philippe II avec sa cousine Marie de Portugal, lui voue un tendre
attachement. Pour autant, il n'y a pas eu de roman d'amour entre les deux jeunes
gens, contrairement à la légende reprise dans la tragédie Don Carlos
de Schiller et dans l'opéra de Verdi. Philippe II, monarque bureaucrate et
laborieux, considéré comme "une nature
comprimée d'idées noires", se montrera toujours un
époux prévenant pour la fragile Elisabeth. Un an après son arrivée en Espagne,
celle-ci confie à sa mère qu'elle est "la
plus heureuse femme du monde". Tout au long de leur
union, les bonnes relations familiales entre les Couronnes de France et d'Espagne
ont facilité le règlement d'innombrables conflits.
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