LES VALOIS
HENRI III, CHEF D'ETAT |
FONDATION DE L'ORDRE DU SAINT ESPRIT Le 31 décembre 1578, à Paris, Henri III fonde l'ordre du Saint Esprit, l'ordre de chevalerie le plus élevé de l'Ancien Régime. Alors que les guerres de Religion font rage et que l'ordre de Saint Michel, créé par Louis XI, a perdu tout crédit, le roi espère, grâce à cette nouvelle et prestigieuse distinction, s'assurer la fidélité de la noblesse catholique restée dévouée à sa cause. En 1429, le duc de Bourgogne Philippe le Bon
a créé l'ordre de chevalerie de la Toison d'Or. Quarante ans plus tard, Louis
XI a fondé celui de Saint Michel pour renforcer les liens qui l'unissent à ses
fidèles. Mais cet ordre est peu à peu tombé en discrédit tant les intrigues
pour l'obtenir sont nombreuses et parfois scandaleuses. Au point que, au début
du règne d'Henri III, le collier de l'ordre de Saint Michel est désigné par
le sobriquet de "collier à toutes bêtes". L'insigne du nouvel ordre est une croix en
or à huit pointes, émaillée de blanc et cantonnée de fleurs de lys, ornée en
son centre du Saint Esprit symbolisé par une colombe. Le collier de l'ordre
est en or émaillé décoré de langues de feu rappelant la Pentecôte et des initiales
des prénoms du roi et de la reine Louise. Avec le costume ordinaire, la croix
est suspendue à un large cordon bleu : en référence à l'ordre, l'expression
"être un cordon bleu" passera dans le langage populaire en signe d'excellence,
avant d'être réservée aux cuisiniers. Sous les règnes d'Henri IV et de Louis
XIII, les chevaliers, pour ne pas être gênés par la croix portée en sautoir,
prendront l'habitude de passer le cordon sous le bras droit; cet usage sera
repris par tous les ordres important à travers le monde. Henri III pourvoit l'Ordre d'un magnifique trésor. Il prélève dans les collections de la Couronne des pièces remontant au Moyen Age et à la première moitié du XVIème siècle. Il fait don d'un reliquaire en or émaillé et de deux anges en argent doré ayant appartenu à la reine Anne de Bretagne. Le roi y adjoint un très beau ciboire, remontant à l'époque de François 1er : fait d'une coupe en cristal de roche taillé et d'une monture en argent ciselé et doré partiellement émaillé, il est orné de grenats, de perles et de camées, et son couvercle est surmonté d'une figure de Sainte Hélène. S'y ajoutent une paire de flambeaux en argent doré enrichis de perles et de grenats, et une croix, probablement d'origine italienne, en cristal de roche rehaussé d'argent doré, de grenats, d'émeraudes et de perles. Par ailleurs, Henri III passe spécialement commande de plusieurs oeuvres. Créées en des temps peu favorables aux dépenses somptuaires, ces pièces sont très austères dans leur décor, ce qui leur donne un charme particulier. Une dizaine de pièces en argent doré martelé, dont un encensoir, une navette à encens, deux aiguières, deux bassins et deux coupes couvertes, aux formes simples et robustes sortent des mains de l'orfèvre parisien Pierre Hotman. Un très beau flacon est également exécuté par l'orfèvre Noël Delacroix. Tous ces chefs d'oeuvre, frappés d'un écu aux armes d'Henri III, sont aujourd'hui pour la plupart conservés au musée du Louvre. Page MAJ ou créée le |