LES VALOIS
HENRI III, lES PERSONNALITES |
LES CHRONIQUES DE PIERRE DE L'ESTOILE DU REGNE D'HENRI III A la mort de Charles IX, le 30 mai 1574, le magistrat Pierre de L'Estoile commence la rédaction de ses "Registres journaux", chronique précise et savoureuse des événements, petits et grands, du règne d'Henri III. Jour après jour, jusqu'en septembre 1611, il va forger l'un des témoignages les plus authentiques et les plus précieux de son temps. Fils et petit-fils de magistrats, Pierre de L'Estoile est né le 30 juillet 1546 à Paris. Son père, peu avant de mourir, le recommande à Mathieu Béroalde, son précepteur, qui a également été celui de l'écrivain protestant Agrippa d'Aubigné : "Je vous prie de l'instruire en la piété et la crainte de Dieu; et pour le regard de la Religion, je ne veux pas que vous me l'ôtiez de cette Eglise catholique; je vous le défends. Mais, aussi, ne veux-je pas que vous me le nourrissiez aux abus et superstitions d'icelle". Ces dernières volontés seront écoutées et, tout au long
de son existence, Pierre de L'Estoile gardera le respect de la religion catholique,
mais débarrassée des "chandelles, barbotages, chapelets, pélerinages,
pardons, heures de femmes en latin", dont il se moque volontiers. Il
manifeste par ailleurs une ouverture d'esprit et une liberté de pensée surprenantes
en ces temps de violente intolérance, qui d'ailleurs ne l'épargne guère. Père
de famille et bourgeois parisien, il est visé en tant qu'audiencier de la Chancellerie
lorsque, en 1588, il est dénoncé comme hérétique. Le témoignage de Pierre de L'Estoile est d'autant plus instructif que l'auteur est proche des milieux de la Cour et appartient à la Chancellerie royale. L'Estoile ne fait cependant pas oeuvre d'historien, mais de chroniqueur : à partir de la mort de Charles IX, le 30 mai 1574, il relate au jour le jour, dans un ordre purement chronologique, les événements tels qu'il en prend connaissance, mêlant les faits, les anecdotes, les rumeurs, les démentis et les propos officiels. Avec une multitude de détails, il décrit sans hiérarchiser tout ce qui laisse la Cour et le peuple de Paris "merveilleusement ébahis et scandalisés", les duels, les fêtes, les querelles de palais, les conflits internationaux, les graves maladies et les petits maux. Il rapporte les propos qui ont été tenus, dépeint longuement les tenues vestimentaires, les aventures conjugales et extraconjugales. Il note les fantaisies d'Henri III, s'attarde sur les lubies du roi et de son entourage, comme la mode des bilboquets et des perroquets. Il relate avec précision les escapades du souverain et de ses compagnons dans les rues de Paris, décrit, en des sortes de reportages, soupers et bals masqués, tente d'estimer la valeur d'un collier de perles offert à la fiancée du duc d'Epernon, le jour de son mariage, le 23 août 1587. Cette mosaïque compose une chronique extrêmement vivante et savoureuse, sans aucune contrainte, l'auteur étant, selon ses propres termes, "extrêmement libre et par nature et par art". Page MAJ ou créée le |