LES VALOIS
HENRI III, LES PERSONNALITES
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LA "FURIE FRANCAISE" D'ANVERS Ulcéré de voir ses sujets lui dicter sa conduite, Monsieur, Le duc François d'Anjou, "prince et seigneur" des Pays Bas, décide de se rendre maître d'Anvers. Le 17 janvier 1583, par surprise et traîtrise, il permet à son armée de pénétrer en force dans la cité. Mais l'alarme est donnée et les Anversois se défendent, faisant ce qu'on appellera la "furie française". Alors que nombre de ses hommes sont massacrés ou faits prisonniers, Monsieur sera contraint de signer un accord entérinant sa défaite et marquant la fin de son "règne" aux Pays Bas. Entre Monsieur et ses "sujets" des provinces
protestantes du Nord des Pays Bas, la lune de miel est terminée. Trois ans ont
passé depuis que, au traité de Plessis lez Tours en septembre 1580, les états
généraux de l'Union d'Utrecht lui ont offert d'être leur "prince
et seigneur". Au fil des mois, les déceptions se sont accumulées.
Monsieur, qui se voit reprocher d'être "Français,
catholique, incapable", ne supporte pas de devoir rendre des comptes
aux états généraux. Ulcéré de se laisser "contraindre
et diriger par des bourgeois", il décide en secret de s'emparer
des villes principales des Pays Bas et se prépare à soumettre la riche cité
commerciale d'Anvers, où il réside et dont la maîtrise lui est indispensable
tant politiquement que financièrement. Si l'affaire reste confidentielle, elle
est mûrement réfléchie puis mise sur pied. Le 17 janvier 1583, au prétexte de passer en revue ses
troupes cantonnées aux pieds des remparts, Monsieur sort de la ville. A peine
a-t-il franchi le pont-levis que ses hommes investissent la place par surprise.
L'alerte est aussitôt donnée : tandis qu'on sonne le tocsin, la milice urbaine
érige des barricades, tend des chaînes en travers des rues. Bientôt la bataille
fait rage. Les Anversois se défendent avec énergie, coupant les jarrets des
chevaux, lançant toutes sortes de projectiles sur leurs adversaires... La "furie"
qu'on désignera comme "française" est tout au contraire anversoise! Non seulement l'image du duc d'Anjou vole en éclats, mais
sa puissante armée est laminée. Près de vingt mille de ses hommes ont péri dans cette
aventure, dont un millier de gentilshommes, rien qu'à Anvers. Une nouvelle fois,
la noblesse française a payé un lourd tribut, tel le valeureux maréchal Armand
de Gontaut, baron de Biron, qui a perdu son fils au combat. Enfin, comble de
l'humiliation, Monsieur est publiquement désavoué par Henri III et Catherine
de Médicis. Même le prince Guillaume d'Orange, qui a tant oeuvré pour qu'il
soit désigné à la tête des sept provinces protestantes des Pays Bas, se détourne
de lui et, compromis par cet allié félon, juge prudent de se replier en Hollande.
Dans ces conditions, il ne reste plus qu'à conclure un arrangement avec les
états généraux. Le roi et la reine-mère chargent Pomponne de Bellièvre, subtil
conseiller d'Etat rompu à l'art des négociations, de cette délicate mission.
Le 18 mars 1583, un accord est signé à Termonde. Monsieur garde Dunkerque, mais
doit rendre Termonde et Dixmude, et dissoudre ce qui lui reste d'armée. En contrepartie,
les hommes faits prisonniers à Anvers lui seront rendus. Page MAJ ou créée le |