LOUIS XII S'ENFLAMME POUR MARY D'ANGLETERRE
Neuf mois après la mort de sa seconde
épouse, Anne de Bretagne, Louis XII, toujours sans héritier mâle, se remarie avec la
jeune et voluptueuse Mary, sour d'Henry VIII d'Angleterre. A cinquante deux ans, le roi de
France, qui est malade et paraît être un vieillard, va vivre une seconde et éphémère
jeunesse.
Aucun des fils d'Anne de Bretagne et de
Louis XII n'a survécu. Morte le 9 janvier 1514, à trente sept ans, la reine laisse deux filles,
Claude de France et Renée, et un veuf inconsolable.
Le roi a cinquante deux ans, mais paraît beaucoup plus vieux et sa santé inspire les pires
inquiétudes. S'il vient à mourir, la couronne passera à son gendre, François
d'Angoulême. Mais il se résigne mal à cette perspective. Pourquoi ne se remarierait-il
pas ?
S'il hésite encore, on y songe sérieusement pour lui. Le pape Léon X, le premier, que
la puissance de l'Espagne inquiète. Une réconciliation entre la France et l'Angleterre
servirait admirablement ses desseins. Sceller ce rapprochement par un mariage semble la
solution rêvée. Henry VIII d'Angleterre a justement une jeune soeur de seize ans,
prénommée Mary. Certes, celle-ci a été promise au petit-fils de l'empereur Maximilien
et de Ferdinand d'Espagne, le futur Charles Quint. Mais on peut toujours trouver de bonnes
raisons pour justifier une rupture. Ferdinand ne s'est-il pas permis de traiter
directement avec Louis XII la cession de la partie espagnole de la Navarre, sans même en
informer le roi d'Angleterre, époux de Catherine d'Aragon ?
Le pape dispose à Londres d'un appui précieux en la personne de Thomas Wolsey. Aumônier
d'Henry VIII, cardinal archevêque d'York, très en cour, il a de multiples talents, outre
ceux de mime, de danseur, de prestidigitateur et d'écuyer! Sa tâche facilitée par les
activités d'un Français, très apprécié du souverain anglais. Le marquis de Rothelin,
duc de Longueville, fait prisonnier à la suite du désastre de Guinegatte, en 1513, a
payé sa rançon en battant son vainqueur au jeu de paume ! Il oeuvre aujourd'hui pour
le rapprochement franco-anglais.
Mary jouit d'une flatteuse réputation.
Blonde, belle comme le jour, appétissante et distinguée, elle ressemble, dit-on, à "une
nymphe descendue du ciel". louis XII ne peut être que conquis par sa beauté "pétrie
de roses". Aux charmes de la princesse s'ajoute l'espoir qu'Henry VIII l'aidera
à reconquérir le duché de Milan.
Le 7 août, les envoyés français concluent un traité de paix et d'alliance avec
l'Angleterre. Dans la foulée, on célèbre le mariage par procuration. L'opinion
française, d'abord méfiante, s'est réjouie d'apprendre que les attraits de l'Anglaise
feront honneur à la couronne.
Le 3 octobre, le nouvelle reine de France débarque en grand équipage au port de
Boulogne. Un cortège magnifique l'accompagne : 200 archers à cheval, un régiment de
trompettes et de tambours, des hérauts d'armes. Louis a quitté Paris dix jours plus
tôt et s'est installé à Abbeville où Mary doit faire son entrée solennelle le 8
octobre. D'habitude parcimonieux, le roi s'est mis en frais pour la circonstance. Il est
venu avec treize caisses de bagages, cinq chevaux caparaçonnés d'or et a équipé de neuf sa "maison",
casaque écarlate et toque jaune. Pour faire honneur à Mary, il a convié toute sa
noblesse en Picardie.
Les époux se rencontrent à une lieue d'Abbeville. Sans manteau, "comme un jeune
homme", vêtu et coiffé de velours rouge, le roi monte un grand genêt
d'Espagne. Il est ébloui par la rayonnante Mary qui chevauche une haquenée blanche
harnachée d'or. Elle porte une robe rayée d'or et de pourpre et a gracieusement enlevé
son chapeau. Sans démonter, Louis s'approche de sa belle. Il l'embrasse galamment et lui
dit seulement : "Ma fille, soyez la bienvenue".
Puis il fait cabrer sa monture plusieurs fois à coups d'éperons et embrasse tous les
seigneurs anglais !
Sans doute essoufflé par ces exercices de haute école qui ne sont plus de son âge,
Louis XII tourne bride et rentre chez lui. Il abandonne ses visiteurs aux soins de sa
propre escorte et les laisse procéder au rite d'une entrée majestueuse dans la ville.
Le lendemain, 9 octobre, l'union est scellée religieusement par le cardinal de Prie. A
l'issue de la nuit de noces, le roi affiche sa satisfaction . Durant le voyage qui les
conduit d'Abbeville à Saint Denis, où la reine sera couronnée le 5 novembre, il se
vante d'avoir "fait merveilles" et plusieurs fois jusqu'au matin.
Espérant toujours donner un héritier à la couronne, il accomplit son devoir conjugal
avec autant d'assiduité que d'enthousiasme !
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