LE PREMIER MANIFESTE FEMININ

Pour le volume regroupant ses oeuvres, Louise Labé rédige une préface dédiée à une autre femme de lettres, Clémence de Bourges. Ce texte constitue le premier manifeste féminin en littérature. Les "Dames Lyonnaises", comme les appellent leurs contemporains, forment une petite société d'artistes dont Louise Labé est le porte-parole. En des termes d'une grande justesse et d'un grand raffinement, elle met en avant les droits de son sexe et s'oppose fermement à la légende de son infériorité. Les femmes ont les mêmes possibilités créatrices que les hommes et dorénavant, affirme-t-elle, "les sévères lois des hommes n'empêchent plus les femmes de s'appliquer aux sciences et disciplines". Elle invite ses semblables à ne pas négliger d'en tirer parti dans le domaine littéraire, "si quelqu'une parvient en tel degré que de pouvoir mettre ses conceptions par écrit" et demande aux "vertueuses dames d'élever un peu leurs esprit par-dessus leurs quenouilles et fuseaux".

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