CHARLES IX, LES PERSONNALITES
MARGUERITE DE VALOIS
LA REINE MARGOT ET LES COMPLOTS
Sollicitée par son jeune frère le duc François d'Alençon, la reine Marguerite de Valois, adhère au complot du Mardi Gras, fomenté également par son époux, le roi Henri de Navarre, en février 1574. Ce ralliement se fait après mûre réflexion : si sa première motivation est de jouer un rôle politique, l'espoir de trouver en son frère puîné un ami sincère est tout aussi déterminant. Tenace et fidèle à son engagement, après l'échec du complot de Vincennes, en avril, elle tentera encore de faire évader les deux princes de la Cour.
Intrigues et conciliabules agitent la Cour de France;
en particulier depuis que l'état de santé de Charles IX s'est aggravé et que
le frère cadet du roi, le duc Henri d'Anjou, le futur Henri III, est parti pour
rejoindre son lointain royaume de Pologne. De cette effervescence émergent plusieurs
complots. Tous n'ont qu'un but : aider le jeune duc François d'Alençon, le benjamin
des Valois, et le roi Henri de Navarre, le futur Henri IV, à fuir la Cour et
à prendre la tête du parti modéré des Malcontents. L'objectif final étant d'imposer
Alençon comme successeur de Charles IX, lequel a pourtant, par lettres patentes,
désigné Henri d'Anjou comme son héritier.
Ces desseins finissent par arriver
aux oreilles de Marguerite de Valois, soeur de Charles IX, d'Anjou et d'Alençon
et épouse de Navarre. Pour la reine Margot, le dilemne est cornélien : d'un
côté, le roi et Catherine de Médicis, sa mère, laquelle veille sur les intérêts
d'Henri d'Anjou, son fils préféré; de l'autre, son plus jeune frère et son mari.
Cependant il lui faut prendre parti : car, dans cette conjoncture, taire une
conspiration est déjà un engagement.
A la mi-janvier 1574, Alençon se rapproche de sa soeur
et sollicite son appui dans le complot du Mardi Gras, prévu pour la nuit du
22 au 23 février. Certes, la reine Margot est flattée de se voir demander aide
et soutien; toutefois, son ralliement ne se fait pas à la légère, il est le
fruit d'une mûre réflexion. Sa première motivation est de jouer un rôle politique
: si Alençon monte sur le trône de France, elle deviendra l'intermédiaire incontournable
entre son frère et son époux. Par ailleurs, elle préservera son pouvoir de reine
de Navarre et verra son influence s'accroître.
Elle est motivée par une autre
raison, qui touche cette fois à l'affectif. Jusqu'à présent, Margot et François,
élevés séparément, se connaissent mal. Cependant, ils partagent un même sentiment
d'exclusion : ils se sentent pareillement spoliés de l'amour maternel et écartés
du pouvoir. C'est avec une joie non dissimulée que la reine Margot découvre
en son frère, de deux ans son cadet, l'allié indéfectible et l'ami dont elle
a tant besoin. Avec toute la passion et l'enthousiasme qui la caractérisent,
elle s'engage donc. A une condition toutefois : qu'il ne soit porté aucun préjudice
à Charles IX, son "bon frère".
Reste enfin une cause plus romanesque,
qui peut aussi avoir influé sur son choix. Jusqu'à quel point? Nul ne peut le
dire. Depuis le mois de janvier, la jeune femme a en effet succombé au charme
de Joseph Boniface de La Mole, conseiller et favori du duc d'Alençon, qui figure
en bonne place parmi les conjurés.
Mais le complot du Mardi Gras est découvert : Alençon
et Navarre sont enfermés au château de Vincennes. Fin avril, une nouvelle tentative
d'évasion des deux princes échoue : les coupables sont arrêtés et une enquête
est diligentée. La reine Margot est épargnée par le cyclone. D'une part, elle
n'est que l'épouse du roi de Navarre; d'autre part, l'affection que lui porte
son frère Charles IX la préserve de toutes représailles. Elle en est quitte
pour une convocation chez le roi, qui la réprimande pour avoir adhéré au parti
du duc d'Alençon et du roi de Navarre.
Mais, désormais, la reine Margot s'est
engagée sans retour dans l'opposition. A cela plusieurs raisons : l'exécution
inique de La Mole, le traitement humiliant infligé au duc d'Alençon et à son
époux, enfin l'agonie qui empêche le roi de gouverner. Tout au long du mois
de mai 1574, elle s'attache à faire évader les deux princes du château de Vincennes,
où ils sont assignés à résidence. Un épisode qu'elle relate dans ses Mémoires
: "Comme je sortais et entrais librement en coche
sans que les gardes regardassent dedans, ni que l'on fit ôter le masque à mes
femmes, je décidai de déguiser l'un d'eux en femme, et de le sortir dans ma
voiture". Mais Alençon et Navarre sont étroitement surveillés, si
bien qu'elle ne peut en convoyer qu'un à la fois. "Jamais,
ils ne se purent accorder lequel c'est qui sortirait, chacun voulant être celui-là
et nul ne voulant demeurer". Méfiance réciproque? Prudence mutuelle?
La reine Margot ne peut que déplorer l'attitude mesquine de son frère et de
son époux. Quoi qu'il en soit, la mort de Charles IX, le 30 mai 1574, mettra
un point final à ce projet aussi rocambolesque que mal engagé.
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