HENRI III, SA VIE
MARIE DE CLEVES

 

MARIE DE CLEVES EPOUSE LE PRINCE DE CONDE

Au printemps 1572, le duc Henri d'Anjou tombe amoureux de la douce Marie de Clèves. Il est si épris qu'il décide de l'épouser. Mais la reine-mère Catherine de Médicis refuse de céder aux prières de son fils préféré et de faire annuler les fiançailles de la jeune fille avec le prince Henri de Condé. Au contraire, elle juge prudent d'éviter une mésalliance et fait presser le mariage, qui sera célébré le 10 août 1572.

Avec ses joues fraîches, son sourire spontané, sa candeur juvénile, Marie de Clèves se distingue des autres dames de la Cour, adeptes des fards et des minauderies. Ses traits irréguliers lui donnent une beauté singulière; toute sa personne réflète la pureté, la sensibilité et la douceur. Les envieuses disent qu'elle est provinciale, ses amies qu'elle a le coeur limpide. Le duc Henri d'Anjou, frère cadet de Charles IX et futur Henri III, ne résiste pas au charme de la jeune fille et, au printemps 1572, tombe éperdument amoureux. Lui qui passait pour un débauché cynique semble métamorphosé. Délaissant sa maîtresse, la très charnelle Renée de Rieux, demoiselle de Châteauneuf, il se comporte comme un collégien, soupire à la lune et compose des vers dédiés à Marie.

Troisième fille de François 1er de Clèves, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon, Marie de Clèves est née en 1553. Elle a été recueillie et élevée dans la religion protestante par sa tante par alliance, Jeanne d'Albret, reine de Navarre et mère du futur Henri IV. Celle-ci, le temps venu, a cherché un époux digne de sa pupille, à qui elle est très attachée. Son choix s'est porté sur Henri de Bourbon, prince de Condé et cousin germain de Marie. Bien que déçue par un fiancé si peu aimable, petit, laid et d'humeur bileuse, la jeune fille a accepté son sort. Mais à Paris, où elle a rejoint ses soeurs aînées, les duchesses Henriette de Nevers et Catherine de Guise, elle a été charmée par les compliments et les attentions du plus beau gentilhomme de la Cour et à, quelque dix neuf ans, s'est éprise du duc Henri d'Anjou.
Quant à Henri, il aime sincèrement Marie. Ce sentiment nouveau lui laisse entrevoir un univers jusque là insoupçonné. Mais, dévoré par la jalousie, il refuse que son aîmée soit livrée aux embrassements légitimes du prince de Condé : si bien qu'il se jure d'empêcher son mariage avec ce nabot, huguenot de surcroît, et décide de l'épouser.
Désemparé, il se tourne vers sa mère, Catherine de Médicis. Clamant son amour et sa souffrance en termes pathétiques, il la supplie d'annuler cette union sous un prétexte quelconque. Abasourdie par tant de véhémence, la reine-mère est profondément irritée par l'attitude de son fils préféré, qui s'est permis de refuser la reine Elizabeth 1ère d'Angleterre et voudrait aujourd'hui se mésallier avec cette petite Marie de Clèves. Elle tente de le raisonner, de le consoler, puis juge plus sage de mettre fin à ce qu'elle croit n'être qu'un caprice d'enfant gâté en faisant presser la noce.

Le 10 août 1572, au château de Blandy en Brie, Henri de Bourbon, prince de Condé, épouse Marie de Clèves, marquise d'Isle et comtesse de Beaufort. Henri d'Anjou ne cache ni son désespoir ni son désir de vengeance. D'autant que Condé est au courant de l'idylle entre le frère du roi et sa jeune épouse, qu'il s'est empressé de cloîtrer au prétexte de la soustraire à l'influence des catholiques.
Quelque quinze jours plus tard, Henri de Navarre, le futur Henri IV, est épargné par les massacres de la Saint Barthélemy, en même temps que son cousin Condé, au grand regret d'Anjou qui voit là une occasion manquée de se débarrasser d'un encombrant rival. Comme son époux, Marie, dont les convictions religieuses sont fort tièdes, abjure le protestantisme, ce qui lui vaut de recouvrer sa liberté et de pouvoir retourner à la Cour.
De nouveau les amoureux peuvent furtivement échanger des billets, se donner des rendez-vous secrets, connaître un bonheur sans mesure, mais de courte durée. En février 1573, Henri d'Anjou doit prendre la tête des troupes royales et partir pour La Rochelle combattre les huguenots. Seule consolation : Condé est aussi du voyage. Avec Marie de Clèves, le Valois échange lettres et sonnets, qu'il signe de l'initiale de son nom entre deux S barrés, symbole appelé "fermeté", gage de sa fidélité indéfectible.
De retour à Paris début juillet, Henri étreint passionnément Marie lors de déchirantes retrouvailles. Il a été élu roi de Pologne au mois de mai et doit désormais rejoindre son lointain royaume sans savoir s'il pourra revenir jamais auprès de sa bien aîmée. De Cracovie, il écrit de longues lettres enflammées, qu'il signe de son sang. "Je l'aime tant, vous le savez, vous devez m'avertir de sa fortune, pour la pleurer, comme je fais. Je n'en dirai plus rien, car les amours sont ivres", affirme-t-il à Gaspard de Nancay, capitaine des gardes du roi.

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