HENRI III, "UN TRES BON PRINCE, S'IL EUT RENCONTRE UN BON SIECLE"
Pierre de L'Estoile fait souvent preuve de sévérité envers Henri III, et ses commentaires sans indulgence donnent parfois une image peu avantageuse du souverain. On ne peut donc le taxer ni de bienveillance incongrue ni de flatterie lorsqu'il écrit, avant de transcrire un sonnet où les favoris du souverain sont accusés de "bougrerie" : "Vers semés incontinent (...), peu honnêtes, sales et vilains à la mode de la Cour, même en ce qu'ils touchent l'honneur du roi, duquel il n'y a que les fous et les méchants qui en médisent". De même, si en 1587 il fait des remarques acrbes, au début de l'année suivante, alors que les prédicateurs, dans leurs sermons, s'en prennent vivement au roi, il s'insurge contre ces foudres violentes en affirmant : "Encore qu'il n'y eût rien plus à reprendre pour lors en ce prince, que ce qui nuisit à César, à savoir la bonté et patience trop grandes". A la mort d'Henri III, en août 1589, il porte sur le règne du dernier des Valois un regard en demi-teinte qui est une manière d'hommage : "Ce roi mourant laissa le royaume de France et tous les sujets d'icelui si pauvres, atténués et débilités, qu'on ne pouvait plus attendre la ruine qu'en espérant aucune rescousse. Et ce autant ou plus par leurs fautes ou rébellions, que par défaut de leur roi, qui était un très bon prince, s'il eût rencontré un bon siècle".
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