LES VALOIS DIRECTS
CHARLES V LE SAGE, SA VIE |
CHARLES V EN COMPAGNIE DU DUC JEAN DE LORRAINE L'ordinaire de Charles V est d'une grande frugalité. Mais le souverain ne dédaigne pas, de temps à autre, faire honneur à un bon festin. En 1367, l'occasion lui en est donnée. Venu en Lorraine rencontrer le duc Jean afin d'éliminer les bandes de coupe jarrets qui écument la province, Charles V est l'hôte de marque d'un grand banquet donné au château de Vaucouleurs. Qui voyage sur les routes de France doit se méfier des brigands. Et quand l'appétit des bandits de grand chemin se fait trop dévorant, il convient d'y mettre un frein. C'est bien ce que compte faire Charles V en se rendant en Lorraine où il va signer un traité d'alliance avec le duc Jean afin de mater les dangereux marauds qui écument la province, volent, trucident sans vergogne le laboureur et le bourgeois. Reçu au château de Vaucouleurs, près de Commercy, le roi est l'hôte du sire Guérard de Gombervaux. En l'honneur du souverain, celui-ci fait donner un plantureux banquet. Avant de prendre place, la centaine de
gentes dames et de gentils seigneurs réunis à l'occasion de la venue du roi
de France récite le traditionnel bénédicité. Puis, pendant que les valets mettent
le couvert, on annonce, au son du cor, le menu des agapes. Celui ci se compose
de cinq "services", formé chacun d'une vingtaine de mets. Le premier
service, simple mise en appétit, propose une venaison de sanglier, du bouillon
de viande garnie de "soupes", de larges tranches de pain, du "sabourot
de poussins", sorte de fricassée de volaille épicée, un ragoût de lièvre
au vin et à la cannelle. Puis vient enfin, avec le "paon cracheur
de flammes", le moment tant attendu de cette exceptionnelle soirée. L'animal,
cuisiné comme il se doit, puis dressé sur un plat d'argent, a été rhabillé de
son chatoyant plumage et ses pattes ont été délicatement dorées. Le bec bourré
d'étoupe camphrée de l'oiseau s'enflamme, sous les cris d'admiration de l'assistance,
dans un bref feu d'artifice. Avant de découper le paon en autant de morceaux
que d'invités, mission délicate s'il en est, le duc Jean de Lorraine, suivant
la tradition de la chevalerie, prononce le "voeu du paon". Ce soir,
c'est à Charles V qu'il fait serment "de
tout mettre en oeuvre tant par les armes que par les actes, les paroles et les
sentences afin que, selon les désirs du roi de France, paix et tranquillité
soient ramenées sur nos régions". Cela dit, tous
se lèvent et s'écrient en choeur : "Nous
le jurons aussi". Page MAJ ou créée le |