LES VALOIS DIRECTS
CHARLES V LE SAGE, SA VIE |
CHARLES V ET L'ASTROLOGIE Très jeune, Charles V manifeste un vif intérêt pour l'astrologie et les sciences voisines que sont l'astronomie et la divination. A partir de son avènement, en avril 1364, il s'entoure des plus grands savants de son temp, bien que ses conseillers et les lettrés de son propre entourage s'élèvent contre ces "astronomiens" et leurs pratiques qu'ils jugent superstitieuses. Au Moyen Age, on considère que la Terre, immobile au centre de l'univers, subit l'influence des astres. Selon ce principe issu de l'Antiquité et de la cosmologie arabe, les corps célestes exercent une influence sur la nature et les êtres vivants. Ainsi, la position des astres au moment de la naissance permet de déterminer certains événements qui se produiront au cours de la vie d'un homme; la situation des astres les uns par rapport aux autres, en conjonction ou en opposition, est censée définir des périodes fastes ou néfastes, et expliquer les guerres, les famines, les épidémies. Lorsque la Grande Peste ravage le royaume en 1348, les astrologues la prétendent causée par la mauvaise conjonction des astres en 1345. Cette terrible épidémie sera à l'origine d'un regain d'intérêt pour l'astrologie, en même temps que pour l'astronomie et la divination. Charles V n'est encore qu'un enfant, mais il développera très jeune une vive curiosité pour cette discipline, au pont que la chroniqueuse Christine de Pisan le décrira comm un "roi astrologien, très expert en icelle science". Charles V s'intéresse à l'astrologie dès
1358, date à laquelle il commence à constituer sa bibliothèque
: les ouvrages qu'il réunit et les commandes qu'il passe l'attestent.
A Guillaume d'Oresme, membre du collège de Navarre, il commande une traduction
du Quadripartitum de l'astronome grec de l'Antiquité Ptolémée.
Robert Godefroy, qui se dit "maître es arts
et astronomien du très noble et très puissant seigneur Charles
âiné fils du roi de France", lui réécrit
en français des traductions latines de traités arabes des IXème
et Xème siècles. Pélerin de Prusse compose un Traité
de l'Astrolabe et en 1361 un Traité des élections universelles
des douze maisons. Il rédige également des traités
dont l'intitulé révèle les préoccupations de Charles
V : Interrogation de royaume si aucun en sera seigneur ou non et Autre
interrogation d'un homme s'il aurait un royaume. Ces textes laissent entendre
que le roi n'a pas pour l'astrologie un intérêt purement intellectuel,
mais qu'il voit en cette discipline un moyen, une aide, pour exercer le pouvoir
et prendre son destin en main. Mais de nombreux lettrés et proches conseillers
du roi s'élèvent contre cette prétendue science et les
pratiques superstitieuses qui l'entourent. Le plus véhément est
sans aucun doute Nicole Oresme. Que ce soit en 1360 dans son Livre des divinations
ou en 1377 avec sa traduction du traité d'aristote Du ciel et du monde,
il dénonce l'astrologie judiciaire, la divination et la magie. Il s'insurge
au nom de la raison, à l'instar du conseiller Philippe de Mézières,
qui dépeint l'astrologie comme une "vieille
horrible déguisée", vêtue d'une robe constellée
de lettres greques, hébraïques et chaldéennes, qui a pour
nom "Superstition"; et si on cherche trop son contact, on invoque
les esprits malins. Page MAJ ou créée le |