LES VALOIS DIRECTS
CHARLES V LE SAGE, SA VIE |
CHARLES ET LA MALADIE Tout au long de sa vie, Charles V souffre de nombreux maux chroniques qui, peu à peu, l'affaiblissent mais sans l'empêcher de mener une vie normale. Pour se soigner, il recourt à des remèdes souvent empiriques. Si, le 13septembre 1364, il ne succombe pas à une grave crise cardiaque, c'est moins grâce à ses médecins que parce que son heure n'a pas sonné. En comparaison de ses frères et beaux-frères, tous de solides gaillards qui deviendront pour la plupart sexagénaires, Charles V donne l'image d'un homme souffreteux. "Charles était né vieux, il était faible et malade", souligne l'historien Jules Michelet. Cette description est un peu exagérée : le roi n'est pas chétif; il monte à cheval, chasse et combat avec courage. Pourtant il souffre de nombreux maladies, comme l'atteste le dossier médical établi au début du XXème siècle par le docteur Auguste Brachet, qui s'est évertué à réunir de nombreux documents, témoignages, extraits de chroniques, sources administratives le concernant dans une Pathologie mentale des rois de France. L'étude des portraits peints ou sculptés du souverain montre également l'évolution de sa condition physique entre vingt cinq et quarante ans : d'une représentation à l'autre, il apparaît plus amaigri et sa taille se voûte. Au printemps 1362, Charles V aurait été
victime d'une grave crise : la docteur Brachet pense à une fièvre
thyphoïde accompagnée de complications, une infection qui aurait
provoqué un abcès au bras gauche dont font état les chroniques.
Il aurait par ailleurs souffert d'une infirmité à la main droite,
qui présentait un oedème ou une déformation articulaire.
Ces affections pourraient être les séquelles des abcès dentaires
décrits par le chroniqueur Jean Froissart, abcès qui aurait dégénéré
en ostéite, sorte de tuberculose osseuse. Selon un autre diagnostic,
le roi aurait été accablé sa vie durant par la goutte.
Cette "maladie des riches gens",
comme on la surnommait alors, est provoquée en particulier par les excès
de viande, que seules les personnes fortunées pouvaient s'offrir, alors
que les légumes, appelés péjorativement racines ou herbes,
étaient réservées aux pauvres. Mais, selon la chroniqueuse
Christine de Pisan, le roi ne traînait pas à table et évitait
les plats trop riches : "il ne se chargeait moult
de diverses viandes car il disait que les qualités de viandes diverses
troublent l'estomac et empêchent la mémoire" En ce temps-là, les remèdes, entre science
et croyance, sont peu efficaces pour soulager les petits et les grands maux,
telle la grave crise cardiaque dont le roi aurait été victime
le 13 septembre 1364. Pour se soigner, Charles V a recours à l'hagiothérapie
: il invoque les saints du Paradis, tels Côme et Damien, des médecins
du IIIème siècle. Il conserve des reliques de Saint Etienne, censées
le guérir de la maladie de la pierre, et de Saint Laurent, qui protège
des maux de reins comme le lumbago et les coliques néphrétiques.
Enfin, il invoque Saint Christophe pour lutter contre les maux de dents. Par
ailleurs, il absorbe diverses potions prescrites par ses "physiciens"
et élaborées par ses "herbiers". Il prend de la "thératique",
un médicament où, parmi les soixante composants, on trouve de
l'opium et qui est prescrit comme calmant lors des crises de goutte. Il utilise
aussi la mandragore, "l'herbe qui fait dormir",
une plante qui contient une substance analogue à la belladone et qui
a des vertus antispasmodiques et anésthésiques. Parmi les physiciens
de Sa Majesté figure Thomas de Bologne, le père de Christine de
Pisan. A côté de ses services de médecin, celui-ci aurait,
selon sa fille, délivré au roi des conseils grâce à
sa "science d'astrologie". Page MAJ ou créée le |