CHARLES VI LE FOL, SA VIE

 

LE ROI DEVIENT FOU

Charles VI n'a que douze ans lorsqu'il succède à son père, Charles V, en 1380. A vingt ans, le jeune roi rejette la tutelle de ses oncles et prend en main le gouvernement de son royaume. Hélas, quatre ans plus tard, il sombre dans la folie. Rongé par la maladie, le souverain assume sa tâche entre deux crises pendant que la France est ruinée par les querelles entre les princes du sang et par la guerre contre les Anglais. 

Le 5 août 1392, sous un soleil de plomb, Charles VI traverse la forêt du Mans. Il s'en va châtier le Duc de Bretagne qui a refusé de lui livrer Pierre de Carron, coupable d'une tentative de meurtre sur son ami, Olivier de Clisson.
Tout à coup, au grand saisissement de sa suite, Charles VI lance son cheval au galop, charge son entourage, son épée levée, et manque de tuer son propre frère, Louis d'Orléans. Après cette première bouffée délirante, le roi sombre dans la prostration. Il ne sait plus qui il est, ne reconnaît plus la reine, Isabeau de Bavière. Les crises alternent avec des périodes de rémission au cours desquelles le souverain prend conscience de son état.
Au prétexte de le sortir de sa mélancolie, on entraîne le roi dans un tourbillon de fêtes. En janvier 1393, un bal aux flambeaux manque de tourner au drame. Le soir fatal, Charles VI mène la danse de cinq satyres, déguisés et enchaînés. La mascarade vire à la tragédie lorsque, soudain, les costumes confectionnés en toile enduite de poix et couverte d'étoupe, prennent feu. Le roi est sauvé in extremis par sa jeune tante, la Duchesse de Berry, qui lui permet d'échapper aux flammes en le couvrant de ses jupes. Pareille mésaventure n'est pas pour améliorer l'état de Charles VI qui a perdu lors de cette fatale soirée quelques uns de ses meilleurs amis.

Profitant du piètre état de Charles VI, les membres de son entourage multiplient les intrigues. Ses oncles paternels (les Ducs d'Anjou, de Berry et de Bourgogne) et maternel (Le Duc de Bourbon) maintiennent la tutelle fixée par l'ordonnance de Charles V (déterminant la majorité à quatorze ans) plus longtemps que prévu. Les  princes des "fleurs de lys" dépensent sans compter. Jean de Berry veut faire fortune grâce à l'intendance du Languedoc. Philippe de Bourgogne songe à la Flandre. Louis d'Anjou brigue le royaume de Naples. Les réserves financières sont épuisées et les nouveaux impôts levés pour favoriser les entreprises princières provoquent des troubles populaires.

En novembre 1388, Charles VI écarte les princes et les remplace par les anciens conseillers de son père. Chaque fois que la maladie lui laisse quelque répit, le roi s'efforce de travailler. Sa volonté et son caractère ne semblent altérés que superficiellement par ces douloureux épisodes. Mais, peu à peu, son état s'aggrave et il vit reclus. Les maisons d'Orléans et de Bourgogne se disputent le pouvoir. Après l'assassinat de son frère, Louis d'Orléans, en 1407, par les hommes du nouveau Duc de Bourgogne, Jean sans Peur, leurs querelles dégénèrent en lutte armée. Charles VI n'est plus en mesure d'imposer sa volonté. Le Duc de Bourgogne fait passer les dernières décisions raisonnables du roi pour des manifestations de démence. Lors de ses accès de folie, il lui fait signer tout ce qu'il veut.

Les trêves qui se sont succédées depuis 1388 ont donné un peu de répit aux combattants de la guerre de Cent ans. Mais les hostilités reprennent à partir de 1411. Henry V, roi d'Angleterre, met à profit les querelles des princes français et la folie du souverain. Vainqueur à Azincourt, le 25 octobre 1415, il entreprend la conquête systématique du pays et s'empare de la Normandie. En 1419, le souverain anglais comprend que la couronne de France est à sa portée. Pour peu qu'il gagne à sa cause la reine de France, Isabeau et Philippe le Bon, duc de Bourgogne.

Lorsque Charles VI s'éteint, le 21 octobre 1422, son fils, le dauphin, cantonné dans son "royaume de Bourges", exerce son autorité sur les seules régions des pays de la Loire et du Dauphiné. Le futur Charles VII saura pourtant tirer partie de ce maigre héritage, reprendre le pays en main et opérer un spectaculaire redressement.

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