LES ANGLAIS DEBARQUENT A HARFLEUR (22 septembre 1415)
Le 22 septembre 1415, les Anglais
s'emparent de la cité normande d'Harfleur, après un audacieux débarquement et
un siège de plus d'un mois. L'armée de Charles VI, divisée et incapable de
riposter, n'interviendra qu'un mois plus tard. Ce sera alors la grande
confrontation d'Azincourt.
A vingt sept ans, Henry V d'Angleterre n'a
qu'une idée en tête : faire valoir ses droits à l'héritage capétien et
coiffer la Couronne de France. A ce rêve, il ajoute des objectifs plus terre à
terre : récupérer les possessions des Plantagenêt, qu'en son temps Philippe
Auguste a conquises : l'Anjou, la Touraine, la Bretagne, la Flandre et la
Normandie, ainsi qu'une partie de la Guyenne reprise par Charles V. Cette
politique belliqueuse avouée n'a comme objectif que de ranimer les hostilités
avec des Français qui ne sont en rien disposés à céder.
Le royaume de Charles VI est-il en état de négocier, voire de résister? Dans
l'entourage du roi fou, dominé par un clan Armagnac qui n'a pour ambition que
de se maintenir au pouvoir et d'en écarter le duc de Bourgogne, les factions se
déchirent. Pour gagner du temps, on ménage une entrevue avec les Anglais, en
février 1415. Les ambassadeurs d'Henry V exposent les exigences exorbitantes de
leur souverain. Les négociateurs de Charles VI tentent bien de tergiverser en
évoquant la création d'un duché d'Aquitaine en pleine souveraineté, en
offrant à Henry V la main de Catherine, fille de Charles VI, et en promettant
même de solder, enfin, la rançon de Jean le Bon, payable depuis 1360. Mais les
Français ne cèdent pas sur le point capital de la Normandie. Alors que les
négociateurs sont devant une impasse, les parlementaires de Charles VI
hasardent tout de même une ultime mission de bons offices, sans plus de
résultat. Le 20 juillet, Henry V leur remet une missive qui est un véritable
ultimatum, autant dire une déclaration de guerre.
Henry V a déjà rassemblé une armée de 12 000 hommes, dont 6 000 archers, qui
se concentrent à Portsmouth pour embarquer sur des navires venus de toutes les
côtes anglaises. L'objectif est Harfleur, à une dizaine de kilomètres de l'actuel
port du Havre, poumon économique du commerce fluvial de la vallée de la Seine
et donc clef du ravitaillement de Paris. La citée est dotée d'un port, situé
au coeur d'une remarquable rade, mais peu défendue. Après Calais, les Anglais
ont jeté leur dévolu sur une autre place maîtresse du littoral français. Les
Anglais appareillent finalement le 11 août et cinglent vers les côtes
normandes, qu'ils atteignent au petit matin du 12, pour débarquer au lieu-dit
du "Chef de Caux". L'opération se déroule avec une étonnante
facilité, car les Français s'attendent plutôt à un débarquement dans le
Cotentin ou à Calais. C'est en toute liberté que l'armée d'Henry V atteint
Harfleur, qui, dès le 17 août, est assiégée et pilonnée par l'artillerie.
Dans la place, les Français, commandés par Gaucourt, sont près de sept fois
moins nombreux que l'ennemi. Leur situation est si critique que Gaucourt
multiplie les appels à l'aide auprès de Charles VI, en vain. On lui répond
invariablement que l'armée royale n'est pas en état de porter secours si
hâtivement. Alors, inlassablement, les habitants d'Harfleur reconstruisent la
nuit ce que le canon a détruit le jour. Au bout d'un mois de siège, la
population est à bout de forces. Seul l'audacieux projet d'une sortie maintient
quelque espoir au sein de la garnison qui se considère comme abandonnée.
Le 20 septembre, les hommes de
Gaucourt tentent une sortie en force. L'échec est cuisant. Deux jours plus
tard, Gaucourt sonde les intentions des Anglais, car tous craignent de sévères
représailles. Curieusement, Henry V se montre magnanime. Les Français n'ont
plus le choix et ouvrent les portes d'Harfleur à l'ennemi. La population est
aussitôt expulsée et ses biens confisqués. Mais le sac de la cité et
l'exécution de ses défenseurs n'ont pas lieu. Harfleur est anglaise, c'est là
l'essentiel pour Henry V. Mais que faire de cette victoire?
La question se pose aux Anglais car, l'hiver approchant, ils ne peuvent espérer
mener campagne bien longtemps. Par ailleurs, les provisions s'épuisent, les
troupes sont éreintées et victimes de l'épidémie. La grande offensive doit
être remise au printemps suivant.
Début octobre, l'armée d'Henry V quitte la Normandie pour gagner Calais,
évitant ainsi les troupes de Charles VI qui semblent enfin décidées à livrer
combat. Le 24 octobre, les Anglais sont à Maisoncelle, près d'Azincourt. Là,
les Français les attendent. Et la confrontation sera inévitable...
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