LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VI LE FOL, LES PERSONNALITES
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LES NOCES D'AMIENS Le jeune Charles VI ne se mariera pas sans avoir vu au préalable celle qu'on lui destine. Elisabeth de Bavière, qu'on appelle en France Isabeau, lui est présentée à Amiens. Le roi a le coup de foudre et veut l'épouser sans attendre. Le 17 juillet 1385, trois jours après leur rencontre, les deux jeunes gens convolent en justes noces. Au palais épiscopal d'Amiens, en ce
vendredi 14 juillet 1385 au matin, Charles VI ne tient plus en place. Il va
rencontrer aujourd'hui Elisabeth de Bavière, fille du duc Etienne de Bavière
et de la Milanaise Tadea Visconti. Le roi en a perdu l'appétit et le sommeil
et, au grand amusement de son entourage, ne peut cacher son impatience. La jeune
Allemande est arrivée la veille, escortée par son oncle Frédéric et la
duchesse de Hainaut. Plaira-t-elle à Charles? Les mariages royaux sont, bien
entendu, des alliances diplomatiques, mais le jeune monarque de seize ans et demi
ne se mariera que si la dame est à son goût. S'il n'est pas séduit, la
malheureuse princesse devra regagner ses montagnes bavaroises. Le grand jour, la princesse est
introduite dans la haute salle lambrissée du palais épiscopal. Elle
s'agenouille devant Charles VI. Celui-ci lui prend la main, la relève et la
regarde "de grande manière". "En ce
regard, raconte le chroniqueur Froissart, plaisir
et amour lui entrèrent au coeur, car il la vit belle et jeune et il avait grand
désir de la voir et de l'avoir". Elisabeth a quinze ans. Ce n'est pas
à proprement parler une beauté (elle a des jambes un peu courtes, une face
large aux traits forts, un nez épais aux narines larges), mais ses
contemporains s'accordent à lui reconnaître une "grande joliveté",
c'est à dire un charme indéniable. Elle a de beaux yeux rieurs, une bouche
prometteuse, un menton potelé. Charles VI, qui aime les femmes, croit déceler
en elle une grande sensualité. Le roi est pressé. Quand, le
lendemain, il apprend que les noces auront lieu à Arras, il refuse de partir. "Bel
oncle, dit-il à Philippe le Hardi, nous voulons
nous marier dans cette belle église d'Amiens. Nous n'avons que faire
d'attendre". Le duc s'empresse de prévenir la duchesse de Hainaut
du changement de programme décidé par le roi. "Il m'a dit qu'il ne peut
dormir la nuit à la pensée de sa future femme. Si bien que vous reposerez
aujourd'hui et demain en cette ville et lundi nous guérirons ces deux
malades", s'exclame-t-il. Page MAJ ou créée le |