LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VI LE FOL, LES PERSONNALITES
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LA REINE ISABEAU DE BAVIERE EXILEE A TOURS Epouse d'un roi fou dominé par l'ambitieux Bernard d'Armagnac, Isabeau de Bavière devient le jouet des factions qui font sombrer le royaume dans la guerre civile. Impopulaire auprès des Parisiens, choqués par ses frasques, elle est considérée par le connétable d'Armagnac comme une adversaire qu'il lui faut écarter du pouvoir et de la capitale. Aussi il va s'employer à convaincre Charles VI d'exiler la reine à Tours Après la défaite
d'Azincourt, le 25 octobre 1415, le duc de Bourgogne Jean Sans Peur, premier
prince des fleurs de lys, tente de retrouver auprès de Charles VI une place que
lui refuse le connétable Bernard d'Armagnac. A présent, bien installé à
Paris, ce dernier domine un roi que le destin n'a guère épargné. Des crises
de folie épisodiques, mais de plus en plus longues, laissent le souverain
"absent" et prostré, dans l'incapacité de gouverner et d'avoir prise
sur les affaires du royaume. A cette pénible solitude s'ajoute la douleur née
de l'absence de ses proches, disparus ou éloignés. Son fils, le dauphin Louis
de Guyenne, est mort à dix huit ans en décembre 1415. Son oncle, le duc Jean de
Berry, est décédé le 15 juin 1416. Charles et Jean, ses neveux, sont, depuis
la défaite d'Azincourt, prisonniers en Angleterre en compagnie de son cousin
Jean de Bourbon. Voilà quelque trente ans, en 1385, qu'Elisabeth de Bavière, que les Français ont rebaptisée Isabeau, a épousé Charles VI. A partir de 1392, les accès de folie du roi devenant de plus en plus fréquents, elle a dirigé le Conseil de Régence sans vraiment s'imposer aux coteries qui se disputent le pouvoir. A l'Hôtel Barbette, où elle réside , séparée du roi, elle n'a eu de cesse d'organiser des fêtes plus somptueuses les unes que les autres. Jeune, elle n'a que vingt et un ans quand la folie s'empare de Charles VI, et ignorante des affaires du gouvernement, elle s'est déconsidérée par ses frasques extraconjugales et son goût ostentatoire pour le luxe aux yeux de sujets que les malheurs de la guerre accablent un peu plus chaque jour. Elle a été un moment proche de son beau-frère, Louis d'Orléans. Mais l'assassinat de ce dernier par les hommes de Jean Sans Peur, en 1407, a renforcé son isolement... La reine a fini par s'allier au meurtrier de son beau-frère, aggravant ainsi la querelle qui oppose Armagnacs et Bourguignons. En 1416, la
situation d'Isabeau n'est guère enviable. Le connétable Bernard d'Armagnac,
véritable maître du royaume, est bien décidé à faire place nette autour du
roi. La reine sentant le vent changer décide de se réfugier au château de
Vincennes, cité suffisamment éloignée de la capitale mais dont les rues
bruissent déjà d'un prochain règlement de comptes. Incorrigible, entourée de
ses dames et de quelques courtois chevaliers, elle y renoue avec ses habitudes
de libertinage et d'extravagances, ce qui "déplaisait fort à gens de
bien". Malgré ses inconvenances, Isabeau de Bavière ne peut faire oublier au connétable d'Armagnac qu'elle dispose toujours, depuis 1403, de la présidence du Conseil lors des "absences" du roi. Enfin que, mère du dauphin et reine de France, elle peut prétendre à la régence du royaume en toute légitimité. Bernard d'Armagnac voit en elle une adversaire qu'il lui faut écarter du pouvoir. Sans trop de difficultés, il convainc le roi d'éloigner son épouse de la capitale et de l'exiler à Tours. Contrairement à toute attente, cette décision n'est pas pour déplaire à la reine, dont le seul souci est de protéger sa fortune (de l'or et des bijoux) que le connétable convoite pour asseoir son pouvoir et payer des mercenaires de plus en plus exigeants. Mais, dans l'ombre, Jean Sans Peur attend son heure. Page MAJ ou créée le |