LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VI LE FOL, SA VIE |
LE DAUPHIN CHARLES S'ECHAPPE DE PARIS ET SE REFUGIE A BOURGES Jusqu'alors tenue par les Armagnacs, Paris est investie par le duc de Bourgogne et ses hommes dans la nuit du 28 au 29 mai 1418. Menacé de mort, le dauphin Charles a tout juste le temps de fuir la capitale. Il se réfugie à Bourges, où il restera en "exil" pendant dix huit longues années, avant de bouter définitivement l'Anglais hors de France et de reconquérir son trône. Sous couvert de la folie du roi Charles VI, le parti bourguignon de Jean sans Peur et les partisans du comte Bernard d'Armagnac, au pouvoir à Paris depuis septembre 1413, s'affrontent sans merci. Le désastre d'Azincourt, le 25 octobre 1415, et la mort du dauphin Louis de Guyenne, deux mois plus tard, ont convaincu les Français, et plus particulièrement les Parisiens, que Dieu les a décidément abandonnés. La capitale est soumise à un véritable état de siège tant la crainte d'une insurrection est grande. Attroupements, cortèges ou processions deviennent suspects. On interdit même la baignade dans la Seine pour éviter l'entrée d'espions bourguignons! Enfin, les impôts et les emprunts forcés imposés par les Armagnacs aux abois, finissent de noircir le tableau. A Troyes, le duc de Bourgogne Jean sans Peur attend son heure avec quelques maîtres atouts en main. A l'automne 1417, il s'est allié à l'épouse de Charles VI, Isabeau de Bavière. Celle-ci, écartée de Paris par des Armagnacs soupçonneux, l'a fait gouverneur général du royaume. Le duc a pu ainsi préparer méthodiquement la reconquête de Paris et, dès la fin octobre 1417, ses troupes ont achevé d'encercler la capitale. Remplis d'espoir, les Parisiens voient flotter les bannières du duc de Bourgogne sur les hauteurs de Montrouge. Mais ils devront cependant patienter encore sept mois. Ce n'est que dans la nuit du 28 au 29 mai 1418 que les Bourguignons pénètrent dans Paris grâce à quelques complicités dans la place. Ils y rejoignent une troupe de 500 Parisiens en armes et se mettent aussitôt en chasse des principales têtes armagnacs. L'objectif est clair : éliminer toute résistance en s'emparant du connétable Bernard d'Armagnac, du Prévôt de Paris, Tanguy du Châtel, et du dauphin Charles, duc de Touraine. Pris par la panique et le temps, le connétable trouve refuge dans une cave d'où il est finalement délogé deux jours plus tard. Le Prévôt, installé au Châtelet, sur la rive gauche de la Seine, ne dispose que de quelques minutes pour courir chercher le dauphin à l'hôtel de Saint Pol. Les deux fugitifs se dirigent ensuite vers la Bastille, encore tenue par les Armagnacs. C'est là qu'est décidée l'échappée vers Melun. Revenues de leur surprise, et sachant le
dauphin hors d'atteinte, les troupes du Connétable tentent de réagir et se rassemblent
sur les bords de la Marne. Le 1er juin, 1 500 hommes passent la porte Saint Antoine sous
la protection des canons de la Bastille. Les Bourguignons réagissent aussitôt et
refoulent les assaillants qui décampent dans le plus grand désordre. Ceux qui ne gisent
pas sur le pavé sont capturés et jetés en prison. Dix jours plus tard, ils sont
massacrés dans leurs geôles par une foule déchaînée et ivre de violence. Douze heures
durant, on égorge les prisonniers, à commencer par le comte Bernard d'Armagnac. L'échec
est cuisant pour le dauphin Charles qui doit se rendre à la raison : Paris lui est
désormais interdit. La situation du royaume de France est alors inédite. Accompagné de
la reine Isabeau de Bavière, Jean sans Peur entre dans Paris le 14 juillet sous de folles
acclamations. Il tient en otage le roi Charles VI et profite des rares moments de
lucidité du souverain pour lui faire révoquer la lieutenance générale du royaume,
accordée à son fils Charles, et la concéder à la reine. En quelques semaines, le duc
de Bourgogne est le maître de fait du royaume. Page MAJ ou créée le |